Vous n’êtes pas de type liturgique? Moi non plus. Rien ne nous oblige à mettre à part 8 jours de l’année et les sanctifier au-dessus des autres. Aucune injonction apostolique ne nous impose d’observer la sainte semaine. Mais comme le dit David Mathis « Marquer la Sainte semaine n’est pas une obligation mais une opportunité. C’est une chance de marcher avec l’Eglise, à travers le temps et le monde, alors qu’elle marche avec Son Epoux à travers la plus importante semaine de l’histoire du monde. C’est une chance de concentrer nos esprits et de chercher à intensifier nos affections pour, les réalités les plus importantes et intemporelles.

Autres auteurs plus aptes que moi ont offert un accompagnement théologique et dévotionnel à travers leurs livres et les lecteurs Anglophones bénéficieront énormément de leurs lectures.[i]

Il s’agit notamment du professeur du Nouveau testament et théologie biblique, Andreas professeur avec Justin Taylor,  un  PhD de  Southern Baptist Seminary et éditeur chez Crossway nous donnent un joyau exceptionnel qui combine l’aspect historique, théologique et dévotionnel de la dernière semaine de Jésus.

Sur un ton plus modeste, j’offrirai chaque jour une méditation pendant les 8 jours de la semaine de la Passion. Nos méditations seront librement tirées des 4 Évangiles avec une présupposition que la chronologie de cette semaine de Jésus dans les  4 Évangiles est la même bien que certains érudits aient avancé que la chronologie de Jean semble contredire les autres. Néanmoins notre objectif n’est pas d’argumenter sur ces difficultés bien que nous croyons avec le professeur D.A Carson que les séquences de Jean, lucidement observées s’harmonisent avec les autres Évangiles.[ii]

Nous espérons alors que ces méditations approfondiront vos moments de méditation et adoration et que vous les partagerez avec les autres.Bonne semaine de  Pâques.

Jour 1 : Dimanche des rameaux

Luc 19:28-48

Deux textes de l’Ancien testament forment l’arrière-plan de cette entrée triomphante de Jésus. Un prophète postexilique avait eu, quelques cinq siècles auparavant, une vision ambiguë. Son  peuple était revenu de l’exil  mais ne vivait pas son rêve. Leur quotidien manquait l’éclat de gloire, de puissance et de prospérité que les anciens prophètes avaient prédit. Le temple restait un chantier inachevé, le descendant de David, Zorobabel n’était qu’un gouverneur qui donnait des comptes au gouvernement Perse, et les ennemis de la région faisant tout pour empêcher la reconstruction nationale et politique de Juda.

Dans cette impasse, un jeune prêtre, descendant du fameux Iddo reçut une vision. Dans Zacharie 9 :1-17, il entrevit prophétiquement une autre période eschatologique où tant d’ennemis se rassembleront contre Israël. Mais il vit aussi un Roi conquérant qui exercera le jugement de Yahvé sur les nations rassemblées contre Israël. Tout comme dans Isaïe, trois siècles avant lui, l’image de ce Roi conquérant est complexe. Les images d’Un Roi Serviteur, humble et d’un Roi glorieusement exalté et triomphant s’entrelacent  inextricablement dans Isaïe. Et encore ici, le Roi victorieux qui délivre Juda de ses ennemis est aussi un Roi humble qui monte sur un âne.

Quand Jésus y monte dessus, le peuple y voit l’accomplissement de la prophétie de Zacharie, espérant probablement que le Messie va aussi incarner immédiatement l’autre côté militaire. Mais il ne fit rien. Telle une brebis silencieuse devant ceux qui la tondent. Il n’a pas ouvert la bouche. Il ira tout droit jusqu’à la mort et le même peuple, attentes déçues criera : crucifie-Le.

Mais regarde-Le, n’est-Il le plus merveilleux des conquérants même dans son humilité ? Par Sa mort et Sa résurrection il triomphe sur le péché, Satan et la mort. Les auteurs juifs du Nouveau Testament reconnaîtront en Lui le Puissant Rédempteur qui délivre ceux qui sont asservis spirituellement (Colossiens 2 :15). Malheureusement, les contemporains de Jésus ne réalisent pas leurs besoins spirituels. Et Jésus pleure amèrement sur leur aveuglement (Verset 41). Par les autres passages de la Bible, nous apprenons que Jésus reviendra non sur un âne, mais sur un cheval militaire pour instaurer un royaume millénaire (Apocalypse 19). Même Zacharie reviendra sur cette image militaire au chapitre 14. Les juifs ne parviennent pas à comprendre qu’avant ce rendez-vous eschatologique, il est le roi humble qui va droit à la mort mais qui par sa mort ne demeure pas moins un conquérant spirituel de nos âmes.

Un autre texte de l’ancien testament formant l’arrière-plan de cette scène est le Psaume 118. Je me demande bien si le peuple en discernait vraiment le sens. Ils font bien de l’appliquer sur Jésus, mais comprennent-ils réellement ce qu’ils disent ? Le psaume est avant tout personnel et décrit comment David fut d’abord rejeté par son peuple, allant jusqu’à vouloir le faire mourir. Mais Dieu le protégea miraculeusement et finit par régner sur Israël, à la honte des religieux puissants qui l’avaient méprisé. On sait qu’il régnera au moins pendant 7 ans à Hébron sur deux tribus seulement avant que dix tribus du Nord reconnaissent son autorité (2 Samuel 5 :1-5). Mais plus tard, le royaume sera unifié et toutes les tribus le reconnaîtront et régnera sur eux pendant 33 ans.

Le psaume est fréquemment cité par les auteurs du Nouveau Testament dans un sens christologique (Actes 4 :11 ; 1Pierre 2 :7). Ils le font parce qu’ils savent que David typifie Christ qui sera d’abord rejeté par son peuple, qui ira jusqu’à le faire mourir, mais qu’Il sera miraculeusement délivré par Dieu le Père en Le ressuscitant d’entre les morts. Néanmoins, son règne sera accueilli d’abord par ceux qui croient aux vertus de Sa mort qui sauve spirituellement et plus tard à la fin des temps par  tout Israël qui Le reconnaîtra nationalement. Mais déjà par sa mort et sa résurrection, et l’œuvre de l’Esprit Il se trouvera un peuple qui reconnait sa seigneurie et qui chante dans leurs cœurs « béni celui qui est venu au nom du Seigneur. » Déjà les juifs qui l’entourent peuvent faire partis des prémices du peuple qui, joyeusement se soumet à son autorité et délivré de leurs péchés. Jésus allait chanter le même psaume pendant son dernier repas pascal. Il était le dernier parmi les psaumes qui étaient chantés pendant le repas de la Pâques allant du Psaume 113-118. Car c’est en mettant notre confiance en l’œuvre parfaitement accomplie de son sacrifice à la croix, que nous accueillons réellement le règne de Dieu dans nos vies.

J’aimerais vraiment que nos pensées en ce jour du dimanche des rameaux  puissent être captivées par la gloire de ce Roi caché dans son humilité. C’est un homme de paix avant tout. Il est venu apporter la paix entre nous et Dieu, notre plus grand besoin étant le pardon, la réconciliation et le retour à la communion avec Dieu, notre source. Mais il est aussi un puissant Rédempteur.

Que nos yeux voient ce qui était caché aux yeux des leaders de son temps. Il est un grand conquérant. Il a vaincu le péché, Satan, la mort et il est ressuscité pour nous sauver de toute emprise du péché, jugement et mort. En observant tout cela et réalisant comment l’œuvre de l’Esprit nous soutient pour appréhender ce prodige de Son sacrifice, nous voulons nous écrier : BENI CELUI QUI EST VENU AU NOM DU SEIGNEUR. Nous aimons son règne, nous nous réjouissons de Sa seigneurie et nous sommes les sujets royaux qui attendons son second retour. Un retour qui nous fera entrer dans la gloire finale où nous chanterons encore « Béni celui qui vient au nom du Seigneur ». Il reviendra aussi pour juger ceux qui par les lèvres ont confessé sa seigneurie comme cette foule, mais ne se sont jamais inclinés dans leurs cœurs devant sa gloire et sa majesté.

[i] 1. Your sorrow will turn to Joy, dont l’éditeur est David Mathis avec plusieurs contributeurs qui sont théologiens et pasteurs de renommée.)

[ii] (https://www.toughquestionsanswered.org/2017/03/10/does-the-chronology-of-the-passion-week-in-john-contradict-the-synoptic-gospels-part-1/)