Soyons honnêtes, il nous est tous déjà arrivés de trouver la Bible ennuyeuse, au moins certaines de ses parties. Il nous est déjà arrivés de nous demander à quoi certains passages riment vraiment et pourquoi ont-ils été insérés dans un livre saint dont la lecture est sensée nous apporter tant d’excitation et de passion ! Ces parties incluent sans doute : les généalogies, les listes des noms, des détails du tabernacle, tant de lois qui semblent avoir perdu sa pertinence pour nous et des instructions sacerdotales d’un système devenu obsolète…

Mais nous oublions de nous poser d’autres questions beaucoup plus importantes : si toute Ecriture est profitable (2 Timothée 3 :16), ne devrais-je pas continuer à croire en sa pertinence même quand cela me parait le moins évident ? Si la parole de Dieu est active, (Hébreux 4 : 12) ne devrais-je pas prier pour que ces parties invraisemblables puissent avoir un effet spirituel sur moi ?

Le diamant est un minéral si exotique et on ne le rencontre pas en train de trimbaler dans la rue comme ça sur la surface. Mais on doit creuser jusqu’à plusieurs kilomètres sous terre. Cet article vise à encourager et accompagner ceux qui refusent d’abandonner quand la lecture de la Bible devient une dure corvée. Je le dédie à la promotion de Green Pastures 2022,[1] une bande de lecteurs incroyables!

Les trois phases d’un moment dévotionnel

Depuis six ans, j’ai eu le privilège d’accompagner ,à travers toute la Bible, des âmes avides de connaitre Dieu. Ils sont à la recherche des délices spirituels, ils veulent brouter des verts pâturages et s’attendent à ce que leur coupe de communion avec Dieu déborde, et cela dès les premiers instants de leur voyage à travers toute la Bible. Ils veulent que la lecture et l’étude de la Parole soit une fête continuelle, l’occasion d’une communion constante avec l’Esprit de Dieu.

Mais ils sont déçus de réaliser qu’il n’en est pas ainsi tous les jours et certains rendez-vous sont tellement secs qu’ils ont l’impression de n’avoir rien gagné de leur moment dévotionnel. C’est comme partir tout excité et avec impatience à un rendez-vous en amoureux, et tristement découvrir que votre amoureux ne veut pas vous parler. Il/elle refuse de vous adresser un mot et en rentrant, vous êtes déçu d’avoir passé une soirée très accablante. Mais avec le temps, vous regagnez un peu de sobriété et vous réalisez peu à peu que votre ami/amie n’a pas changé, c’est plutôt votre relation qui change de phase, une phase que vous devez gérer avec patience et sagesse.

Phase médicinale

Dans les premières années de notre relation avec Dieu, tout est facile et excitant. Nos moments dévotionnels ont un élan festif. Mais la lune de miel ne dure pas. Avec le temps, on dirait que cela devient mécanique. Vous essayez de ranimer les émotions mais encore une fois c’est tellement fugitif. Vous vous découragez et vous avez envie de tout abandonner. C’est le moment d’être guidé par un chrétien plus mature qui nous exhorte à venir dans la présence de Dieu, même quand nos émotions sont au plus bas.

Pendant ces moments, nous prions et lisons la Bible comme si on prenait des médicaments. Ça n’a pas de goût, mais c’est utile et c’est ce qu’il faut. Certaines parties de la Bible doivent être lues dans cette optique. On dirait que la lecture ne nous a rien apporté mais on sait qu’on a fait le bon choix, qu’on poursuit une cause juste : continuer à croire en la fidélité de Dieu et espérer qu’Il récompense ceux qui s’approchent de lui avec foi (Hébreux 11 :2).

Phase céréalière

L’an dernier j’ai eu un problème de surpoids et un problème de santé qui rendait ce surpoids plus inquiétant.  Ma femme m’a alors imposé un régime, parfois céréalier. Je ne peux pas dire que c’était très amusant.  Mais quand même cela reconstruisait mon corps abîmé par le surpoids et parfois le goût n’était pas si mauvais.

Pareillement, dans nos moments dévotionnels, spécialement celui de la lecture et de l’étude biblique, c’est un peu sec et fade mais cela nous fournit un peu plus de nourriture. On n’a pas percé profondément le sens du texte mais on y a trouvé quelque chose qui a édifié nos âmes.

Phase festive

Cela prend du temps pour que nos réflexes intellectuels, émotionnels et spirituels se construisent mais cela arrive et c’est possible. Nous retrouvons nos moments dévotionnels festifs même devant un texte qui semble être vide de pertinence et qui a l’air ennuyant. Mais il faut avoir persévéré dans les phases précédentes pour y arriver.

 Les parties difficiles de la Bible

David a fait une prière que j’aime beaucoup « ouvre mes yeux pour que je voie les merveilles de Ta parole » (Psaumes 119 : 18).  Dieu est capable de nous faire voir des merveilles là où on s’y attendait le moins. Ces parties ennuyantes peuvent revêtir un sens tout nouveau pour nous que nous regretterons de les avoir négligées si longtemps. Et le désir de Satan est que nous puissions ne jamais découvrir les trésors cachés dans ces parties difficiles de la Bible.

Les Généalogies

La Bible contient plusieurs registres généalogiques. On les rencontre surtout dans Genèse, Nombres, 1 et 2 Chroniques, Esdras, et dans les Évangiles de Matthieu et de Luc. Quelle est leur importance ?

J’y vois personnellement un indice important de la fiabilité historique de la Bible. Elle est un livre terre à terre qui parle des personnes réelles qui ont existé. Ces généalogies attestent une autre chose si importante : Christ est le messie provenant d’une lignée de Juda, et descendant de David et d’Abraham. Elles prouvent l’historicité de Jésus et l’accomplissement des prophéties messianiques.

Grâce à ces listes généalogiques, nous découvrons aussi que Dieu a toujours accompli ses desseins rédempteurs à travers les familles. Les généalogies nous révèlent également un Dieu de détails qui nous connait individuellement.

Enfin, dans les généalogies des Evangiles, on est surpris d’y retrouver des noms de femmes, comme Ruth la moabite et Rahab la prostituée. Leurs inclusions suggèrent probablement l’intérêt de Dieu pour les nations au-delà de la famille hébraïque et aussi sa préoccupation pour les pécheurs. Le Fils de Dieu sans péché a tiré son existence physique d’une ascendance pécheresse mêlée à la génétique des Gentils. Christ est ainsi devenu une lumière pour les Gentils et un Sauveur pour l’humanité pécheresse.

La répétition massive des détails du Tabernacle

Que devrions-nous faire de la répétition massive des détails du tabernacle dans l’Exode 25-31, puis répétées en Exode 35-39.

Ces détails servent à insister sur une idée très précieuse : celle de la présence de Dieu au milieu de son peuple, Dieu désire habiter au milieu de son peuple : Son plan depuis la Genèse 1-2 à l’Apocalypse 20-22. Entre les deux blocs qui parlent du tabernacle, quelque chose de louche s’est interposée : la rébellion au chapitre 32-33. Israël adore le veau d’or. Si Dieu réitère sa volonté d’habiter au milieu d’Israël après un tel incident c’est grâce à l’intercession de Moise. Cela commence à avoir du sens. Entre Genèse 1-2 et Apocalypse 20-22, il y a Genèse 3 : la rébellion de l’humanité. Si Dieu nous veut encore près de Lui éternellement, c’est grâce à l’œuvre médiatrice de Jésus, Emmanuel, Dieu parmi son peuple.

Mais en regardant de près, une autre chose se dégage. Dans la première partie d’Exode 25-31, Yahweh dit « tu bâtiras » tel et tel. Puis dans la deuxième partie (35-39), le narrateur dit « Bezalel a construit » tel ou tel. Ce passage de l’instruction à la construction ne doit pas passer inaperçu. Cela nous montre une obéissance d’un reste d’Israël et cela contraste avec la rébellion qui sépare les deux parties. Dieu se préserve toujours un reste prêt à lui obéir complètement.

Les Lois

Bien que les lois soient dispersées ici et là dans le pentateuque, Lévitique reste un parfait prototype de la Loi mosaïque. Ce livre qui ennuie plus que tout autre livre, était le premier livre qu’un enfant juif devait apprendre à la synagogue. Il doit y avoir une raison ou plus pour cela. Quand vous connectez ces détails au large thème de la sainteté et si vous faites de même en reliant Lévitique au livre précédent d’Exode, cela devient riche de sens.

Toutes instructions de Lévitique sont données au pied du Mont Sinaï, (Lévitique 1 :1) où une Alliance vient d’être contractée entre Yahweh et son peuple. Mais comment un homme pécheur, qui n’est donc pas saint, puisse s’approcher du Dieu Saint ? Il était primordial qu’il y ait un sacrifice. En outre, l’alliance avec Dieu doit être gardée dans l’obéissance. Dieu voulait que son peuple soit une nation sacerdotale et Lévitique nous montre à quoi cela devrait ressembler et plus concrètement cet appel à la sainteté.

Les lois concernant ce qui est pur et impur nous montre que Dieu exige la sanctification de l’homme complètement, corps et esprit. Lévitique nous montre que Dieu prend sa sainteté très au sérieux, et nous le devrions aussi. Enfin, ces détails servent de modèles théologiques pour le croyant du Nouveau Testament dans le domaine de la rédemption/propitiation, communion et consécration en Jésus Christ.

Richard Baxter a bien résumé la pertinence du livre de Lévitique en termes si limpides :  Premièrement, le Lévitique est une révélation du caractère divin pour nous-mêmes aujourd’hui autant qu’il l’était pour Israël d’autrefois. Dieu n’a pas changé. Deuxièmement, c’est une exposition symbolique des principes de base qui sous-tendent toute relation entre Dieu et les hommes, tout aussi prouvé aujourd’hui que par le passé ; car bien que le sacerdoce et les sacrifices lévitiques soient maintenant abolis en Jésus Christ, les réalités spirituelles qu’elles déclarent en images subsistent pour toujours … Troisièmement, Lévitique fournit un ensemble de lois civiles pour la théocratie ; Quatrièmement, Lévitique est un trésor d’enseignements symboliques et typiques. Il contient les plus grandes vérités spirituelles inscrites dans des symboles vivants. Nous y trouvons les grands faits de la Nouvelle Alliance illustrés par de grands types dans l’Ancienne Alliance. Nous y découvrons un dévoilement avancé du Christ. [2]

Une dernière note de mise en garde

Quand nous sommes tentés de déposer notre Bible puisque ses histoires ,ne nous « passionnent plus » demandons-nous si notre culture ambiante n’y est pas pour quelque chose. Nous sommes conditionnés par les médias en décidant que tel programme mérite notre attention si seulement il est divertissant et passionnant.  Mais notre objectif en lisant la Bible n’est pas d’être diverti, mais d’être édifié, croître dans notre communion avec Dieu, croître pour devenir une personne qui connait Dieu, l’honore, le glorifie, l’aime et le sert fidèlement. Ne perdons jamais de vue cet objectif qui nous a amenés à mettre à part ce moment de rencontrer Dieu dans Sa Parole.

[1] Pour une introduction au mouvement biblique de Green Pastures, lisez: https://sabanniere.com/plus-que-green-card-green-pastures-genese-dun-mouvement-biblique/

[2] Baxter, Of the Abiding Value of the book, pp. 113-114.