Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Peter Ndaruhutse et je suis le premier né de Ruth et David Ndaruhutse. Mes frères et sœurs de sang sont Esther, Sarah, Joshua et Peace. Mais nous en avons beaucoup d’autres d’adoption que nos parents ont élevé dans le Seigneur.

Je vis actuellement à Los-Angeles, aux Etats-Unis et je voyage dans différentes villes en priant et en exhortant les croyants à couler dans la puissance du Saint-Esprit. Présentement, Dieu m’a accordé sa grâce en permettant que l’Evangile touche plusieurs personnes en Asie et que de nombreuses familles musulmanes fassent partie de son Royaume. Beaucoup ont donné leur vie à Jésus, ils font face à la persécution mais font avancer le Royaume de Dieu sous la direction et la puissance du Saint-Esprit. C’est incroyable de voir ce que notre « Oui »  à Jésus  peut accomplir dans  nos vies et dans celles de ceux qui nous entourent.

Votre père était fils de pasteur, et originaire de Gahini à l’Est du Rwanda. GAHINI est connu comme le berceau historique de l’East Africa Revival qui s’est répandu dans la région depuis les années 1930 avec des retombées dans le monde entier où les missionnaires portaient le feu du Saint-Esprit à travers leurs voyages. Y a-t-il un lien avec cet environnement revivaliste dans lequel votre père est né et le mouvement de réveil qu’il a mené ?

Une chose à propos du feu du réveil est qu’il peut être transmis d’un canal à l’autre. Je sais que papa a attrapé ce feu de son père qui était pasteur et plus tard de quelques anciens de ce réveil. Ce feu s’est exprimé par différentes onctions. Lorsque les flammes de ce réveil ont atteint l’Ouest des montagnes du Congo, c’était davantage de l’onction prophétique qui s’est manifestée où grands et petits prophétisaient du matin au soir. Quand ce feu a frappé l’Ouganda, l’évangélisation en était la marque dominante. Au Ruanda-Urundi, il s’agissait plus de l’onction pastorale et quand l’onction a atteint l’Est, l’enseignement biblique en était l’emphase principale. Ce réveil était vraiment unique. Ceux qui en étaient affectés étaient appelés « ABAKA » qu’on peut traduire par « ceux qui brillent », car ils brillaient littéralement de la présence de Dieu. Mon père David Ndaruhutse nous a toujours raconté comment son père brillait la plupart du temps surtout quand il revenait de la prière. Ce qui a marqué ce réveil était une culture de prière, de repentance et d’abandon continu, bref une vie sur l’autel de Dieu.

Votre père menait une vie modeste bien qu’il fut diplômé en Economie et Statistique. Il a choisi de vivre dans l’humilité pour Christ en partageant ce qu’il possédait, plutôt que le luxe qu’ il aurait pu facilement s’offrir. Comment avez-vous vécu ce détachement des choses du monde et ce cœur généreux envers les gens? Estimez-vous que les leaders spirituels actuels mènent pareille vie ? Quel serait son message pour eux s’il était encore vivant?

Une vie de don de soi et de ses biens a marqué mon père. Un jour quelqu’un a rendu visite à nos parents dans un endroit reculé du Burundi appelé Nyakarago où ils formaient des étudiants dans le  Seigneur. Il leur a demandé s’ils étaient devenus fous. Papa était diplômé en économie et statistique, maman en Génie électrique. Il connaissait leurs potentiels intellectuels mais ne comprenait pas pourquoi ils avaient choisi une vie aussi modeste. Mais leur compréhension allait au-delà de l’entendement humain : Investir dans le royaume de Dieu pour une récompense éternelle.

S’il était encore vivant, il supplierait aux faux ouvriers d’arrêter de déshonorer le nom de Jésus, d’arrêter de mettre la honte sur l’Eglise pour laquelle Christ est mort pour sauver le monde. Il leur demanderait de ne pas perdre du temps pour des choses périssables. Son message serait d’encourager les vrais ouvriers à gagner encore plus d’âmes pour Jésus en donnant ce qu’ils possèdent dans le ministère, de faire des disciples et les équiper pour qu’ils fassent avancer le Royaume de Dieu.

En 1987, votre père fonde Africa Revival Ministries, ARM, et en 1992 l’Eglise Vivante. Qui l’a influencé spirituellement dans sa passion pour le réveil ?

Mon père avait la passion du réveil plus tôt, mais il y a eu un changement lorsqu’un anglais du nom de Bob Gordon l’a invité à son école à Roffey Place. Il lui a présenté les enseignements du Royaume qui l’ont ouvert. Cela a préparé le terrain pour le feu qu’il portait déjà afin d’en répandre davantage.  En plus de l’éducation qu’il reçut à Roffey, l’influence spirituelle la plus déterminante sur mon père était son partenaire et épouse, notre mère qui lui a donné des conseils et l’a soutenu avec des intercessions et des prières constantes.

Votre père était un homme d’action d’une rare énergie. Certains disent qu’il pouvait implanter plus de cinquante églises en une seule année. L’exemple est celui du Sénégal en 1995 où en l’espace de deux ans, il avait établi ARM en Casamance. Avez-vous quelques souvenirs de ce à quoi cela ressemblait d’avoir un père aussi occupé? Pouvait-il trouver du temps pour la famille?

Je me souviens très bien que Papa nous racontait des histoires le soir à table, des choses extraordinaires que Dieu a accomplies à travers lui sur le terrain. Il aimait parler de l’unité du Corps de Christ et de la réconciliation de tous les hommes. Cela pesait vraiment sur son cœur.

Au début, son rythme dans le ministère n’était pas aussi rapide parce qu’il implantait les bases et développait des leaders. En quelques mois à peine, il avait déjà discernait le vent du réveil et commença à naviguer avec le Saint-Esprit selon qu’Il le dirigeait. C’est l’Esprit qui augmentait sa capacité à accomplir les œuvres. Il est allé dans différentes régions et a organisé des croisades de guérisons et de délivrances, puis a implanté des églises et les a laissées aux mains de dirigeants qu’il avait formés pour servir en tant que pasteurs. La vision que Dieu avait mise en lui était que le continent africain soit en feu du Saint-Esprit et avec ce feu du réveil aller au-delà.

Le 12 septembre 1997 fut une date tragique pour votre famille et l’Eglise au Burundi. Une date qui correspond à la mort de votre père âgé seulement de 44 ans dans un crash d’avion. Il avait œuvré moins de 10 ans, cependant les résultats étaient fort légendaires. Malheureusement, par des motivations peu nobles des divisions s’en sont suivies sans se soucier de la famille qu’il avait laissée derrière lui. Comment vous êtes-vous remis de tout cela et qu’est-ce qui vous a le plus aidé?

Il nous a fallu des années pour guérir en famille. Tout ce que je peux dire, c’est que Dieu a été gracieux et fidèle envers nous. Nous avons appris à pardonner progressivement à ceux qui nous ont fait du mal et nous savons que Dieu a une grande part dans cela ; afin de révéler ceux qui sont totalement abandonnés à lui et ceux qui y sont pour d’autres motifs. Dieu sait comment transformer le mal planifié par Satan en bien.

Il y a quelques années, un fameux prophète venu de la RDC, Francis Tatu a fait cette déclaration controversée : « L’onction de David Ndaruhutse est dans la rue parce que ses fils n’ont pas su comment reprendre son manteau » (www.facebook.com/ZTCCBdi/posts/565508476915873) Que pensez-vous de cette déclaration?

Francis Tatu n’a pas tort. Au lieu que les fils reprennent le manteau et l’onction dans le royaume de l’Esprit, quelques-uns sont devenus charnels et cela inclut mon cousin Edmond Kivuye qui s’est octroyé par force le droit de succéder à mon père. Il s’est associé avec quelques européens pour blesser ceux qui étaient déjà dans le ministère. Quelques autres ont fait des déclarations différentes, j’étais adolescent à cette époque et cela nous a tellement blessé que j’ai presque perdu la foi en voyant comment l’ennemi essayait de s’infiltrer.

Je me souviens des paroles que notre mère nous a dites, c’est que le même Jésus qui a commencé l’œuvre apportera la guérison et même nous donnera plus. Puis elle a ajouté: « Je choisirai Jésus au lieu des disputes. » Ses prières incessantes nous ont permis de continuer et je suis tellement reconnaissante pour son exemple en nous dirigeant avec intégrité et en nous encourageant à garder les yeux fixés sur Jésus.

Le Saint-Esprit a utilisé cette situation et même plus tard d’autres situations, pour catapulter ce mouvement de réveil à travers le monde comme il l’avait promis dans les premières années du Burundi 1987-1997 – Réveil des Grands Lacs. C’est à ce moment-là que le manteau fut récupéré.

David Ndaruhutse avait foi en la guérison divine et priait pour les malades. Mais il restait réaliste et avait construit un hôpital dans les enceintes de l’Eglise Vivante de Jabe pour ceux qui n’étaient pas guéris durant la prière. Il avait à cœur de voir  les conditions socio-politiques des Grands-Lacs s’améliorer en organisant des fameuses marches pour la paix pendant la période la plus dangereuse de la guerre civile burundaise, où il y avait des polarisations ethniques dans différents quartiers. Sa mort dans un crash d’avion est survenue alors qu’il voyageait dans le cadre des efforts de paix et de réconciliation dans les Grands-Lacs. Bref, il pouvait être humanitaire et pasteur en même temps. À quoi ressemblait votre quotidien avec votre père ?

C’était le caractère de papa de tendre la main aux nécessiteux depuis qu’il était tout jeune. Une chose que je sais, c’est que nous ne sommes pas seulement des êtres spirituels, nous habitons dans des corps physiques. Paul appelle ces corps des tentes et des temples.

Dieu prend soin de ces corps dans lesquels nous vivons et c’est pourquoi Jésus s’identifie toujours au moindre d’entre eux. La compréhension que Dieu avait donnée à mon père était de faire progresser le Royaume de Dieu dans tous les domaines de la vie. Par exemple, lorsque nous vivions dans les montagnes de Sororezo, qu’il a élaborés les projets visant à améliorer les conditions de santé des personnes vivant dans les endroits reculés, à sortir les gens de la pauvreté et de son état d’esprit.

Sur votre page Facebook, j’ai remarqué une citation intéressante « Jésus est notre prix et récompense après cette course. Poursuivez Jésus. » Cela nous rappelle votre père dont l’objectif principal était Jésus. Comment cet héritage spirituel d’estimer Jésus par-dessus tout et de le poursuivre comme votre ultime récompense vous a-t-il soutenu, vous et votre famille, et s’est-il avéré être le meilleur héritage qu’il pouvait vous donner?

Avoir Christ comme notre récompense nous permet de continuer. Malgré les plans de l’ennemi pour nous faire dérailler, nous prospérons et naviguons sous les vents de l’Esprit de Dieu. Rien ne peut nous arrêter car avec Dieu, nous faisons des exploits. Nous continuons à faire avancer le Royaume de Dieu et au-delà de cela, nous courrons dans les bras de Jésus et nous voulons toujours l’entendre dire «  bien fait, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie du Seigneur. »