Etoile Brusquement éteinte ou brebis égarée
Pourquoi faire de la Musique Gospel alors que je ne connais pas Dieu personnellement ? Pourquoi garder Jésus dans mes lyrics alors qu’il n’est jamais entré dans mon cœur ? Pourquoi proclamer le nom de JÉSUS alors que je ne l’ai jamais rencontré personnellement ?
Il vient de sortir…un des clips vidéo les plus sales de toute l’industrie de la musique profane au Burundi. Je n’oserais même pas mentionner le lien de la chanson. Devine quoi ? Le clip est celui d’un jeune artiste venant à peine de rompre avec la musique Gospel. A peine avait-il fait ses adieux que le clip était déjà sur les plateformes sociales.
Comment est-ce qu’une personne qui, hier chantait et proclamait haut et fort la Seigneurie du Christ, sa suffisance, se retrouve aujourd’hui contre celui envers qui il vouait allégeance ? Avait-il vraiment été disciple de Christ ? Surement, à celles-ci et à bien d’autres questions, nous restons sans réponses exactes. Jugeons cependant l’arbre par ses fruits.
Ce blog s’est donné comme une des missions de traiter la rubrique de l’art et musique dans une perspective biblique. Bien qu’ayant des liens de parenté avec l’artiste, je ne pourrais ni adopter la politique de l’autruche (comme certains voudraient m’en accuser) ni le prendre de façon subjective (bien que le sujet soit délicat). Mon désir ultime est d’offrir une contribution à la jeune génération d’artistes se réclamant chrétien à mener une vie radicale et authentique de disciple de Christ en tout temps, tout lieu et toutes choses. Quel est donc cet artiste sous les projecteurs aujourd’hui ?
Pechie B Nation, de son vrai nom Pacifique NISHIMWE est un jeune artiste talentueux de 23 ans. Il n’avait pas 15 ans quand il entra en studio pour la première fois en 2012. En quelques années, il avait déjà fait ses preuves dans la musique et faisait partie de ceux qui tenaient au chaud les foules rassemblées annuellement autour du feu de Pamoja Festival. Certaines de ses meilleures chansons Gospel incluent Only You, Ishwi Da, ou One Way qui eut les honneurs d’être diffusée sur la fameuse Trace Africa faisant de lui le deuxième artiste burundais à avoir son clip reçu dans les studios de Trace, et le premier dans le Gospel. Il fréquente l’Eglise de Little Flock bien qu’il n’en soit pas un membre officiel.
Je pense que sa chute a débuté par une série d’interrogations personnelles : Un jour un malaise naquit en lui…des jours passèrent…le malaise grandit. Pourquoi faire du Gospel alors que je ne connais pas Dieu personnellement ? Pourquoi garder Jésus dans mes lyrics alors qu’il n’est jamais entré dans mon cœur ? Pourquoi proclamer le nom de JESUS alors que je ne l’ai jamais rencontré personnellement ? On ne pourrait s’empêcher de se demander d’où lui provenaient ses lyrics Gospel si telle était sa situation spirituelle : En collectant ici et là et en puisant dans son riche héritage familial spirituel (comme mentionné dans l’une de ses chansons).
Il commença alors à tourner ses regards autour de lui et trouva tant d’hypocrisie et superficialité dans la musique Gospel surtout du genre HIP HOP. Tellement les limites entre le sacré et le profane sont minimes. Des vies non transformées par l’évangile, ambitions de renommée caractérisant son entourage. A ceci s’ajouta une détermination à se réaliser et poursuivre ses rêves sans trop y mêler le nom de Dieu. Et, un « beau » jour, par la chanson AJUGU, il débuta sa carrière profane.
Pour être juste, j’aimerais faire quelques éclaircissements au risque de mal représenter tout le mouvement HIP HOP ou saboter toutes les initiatives. Les propos ci-dessus contiennent une sorte de généralisations et quelques rappeurs font exception bien sur. Néanmoins, même les exceptions dans ce domaine ne font que confirmer la règle.
Soyons honnêtes, ce phénomène de sécularisation des artistes Gospel pourrait être plus fréquent dans les jours à venir. En tant que pasteur et ainé de Pechie, je réalise que sa sécularisation fut une conséquence naturelle d’avoir systématiquement bafoué les cinq conseils du rappeur reformé Shai Linne[1]. Malheureusement, il est loin d’être le seul à suivre le moule de tout le monde.
Je suis parmi ceux qui croient fermement que le Hip Hop peut être un medium efficace et légitime pour répandre une théologie saine et atteindre de façon efficace la jeune génération. Entre de bonnes mains, il reste un important canal culturellement pertinent.[2]
Mark Dever affirme que le rap reformé est l’une des forces qui ont consolidé le calvinisme dans ces dernières années aux Etats Unis.[3] Rien n’empêche que cela soit une réalité pour nous aussi. Il nous faudra seulement tant d’efforts, de patience, et un long processus de discipleship. On aura besoin de tant d’éducation biblique solide et surtout tant de larmes d’intercession pour que le Christianisme burundais puisse produire des artistes au calibre de Shai Linne[4], Flame, Meak, Lecrae, Da Truth, ou Ambassador. Mais Gardons espoir, et dans l’entre temps, nos prières d’intercession pour cette brebis égarée.
[2] Deux théologiens, Guillaume Bourin et Pascal Denault ont eu une discussion très intéressante avec le rappeur Meak à laquelle vous devez absolument écouter : https://www.leboncombat.fr/hip-hop/
[4] Le blog a déjà introduit à son public le rappeur reformé Shai Linne ici : http://sabanniere.com/shai-linne-un-pasteur-rappeur-reforme/
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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