Au Burundi règne une culture de profile bas. Après plusieurs décennies de conflits ethniques, on est loin d’être complètement guéri. Aujourd'hui encore le facteur ethnique intervient dans certaines familles quand il s’agit du mariage des enfants non sans causer des déchirures.
Éclairez-moi
Éclairez-moi est une série d’articles basés sur les questions que les lecteurs de sabanniere.com nous ont explicitement demandées d’aborder. Nous espérons que les réponses fournies vont contribuer à éclairer votre quête de la vérité biblique. Nous comprenons aussi que certains détails sont trop personnels pour être discutés dans un article. Si vous avez besoin d’un accompagnement pastoral particulier, n’hésitez pas à contacter le Pasteur NIKIZA J-A sur +257 76 780 529 (WhatsApp)
L'année passée, nous avons lancé un questionnaire à nos lecteurs pour recueillir leurs retours sur nos articles. L'objectif était de savoir si nos écrits les aidaient et d'identifier les sujets qu'ils aimeraient que nous abordions. Parmi les propositions, la question du mariage interethnique a retenu notre attention. Dans cet article, nous allons explorer la perspective chrétienne du mariage, examiner le mariage dans le contexte burundais, et offrir des conseils pour faire face au rejet familial basé sur l'appartenance ethnique de son/sa fiancé(e).
Dieu est à l’origine de l’institution du mariage; c’est Lui qui nous a créés homme et femme(Genèse 1 :26-28). Dans le livre de la Genèse, il est clair que Dieu Lui-même est l’initiateur du mariage. En effet, c’est Dieu qui, voyant la solitude d’Adam, a pris l’initiative de lui créer une aide semblable à lui (Genèse 2 :18). C’est également Dieu qui lui apporte la partenaire (Genèse 2 :22) et qui donne le but du mariage (Genèse 2 :24). Le verset 24 mérite une attention particulière car il constitue le fondement même du mariage :
‘’ C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. ‘’ (Genèse 2 :24, Louis Segond)
Ce verset est très important car même Jésus et Paul y sont revenus pour enseigner sur le mariage, ce qui montre que ce verset constitue le fondement biblique du mariage (Matt 19:4-6, Éph 5:31 )
Le mariage chrétien repose sur le principe de quitter ses parents. Les parents sont les personnes les plus importantes dans nos vies car c’est grâce à eux que notre personnalité se forme. Nous avons, d’une manière ou d’une autre, l’influence de nos parents en nous. C’est à eux que nous devons beaucoup de ce qui nous constitue. À cause de tout cela, les parents nous influencent psychologiquement, émotionnellement et culturellement dans les choix que nous faisons. Mais la Bible nous montre que le mariage chrétien commence par la séparation d’avec ses parents, ce qui ne signifie pas un abandon, mais une indépendance totale au niveau décisionnel, économique et émotionnel.
On se sépare de ses parents pour s’attacher à son partenaire afin de devenir une seule chair. Le but ultime de Dieu est que l’homme et la femme deviennent une seule chair. Devenir une seule chair signifie devenir un sur toutes les dimensions: spirituelle, émotionnelle et physique. Puisque Dieu attend des mariés qu'ils deviennent une seule chair, Il a déterminé avec qui se marier parce qu’il est impossible de devenir une seule chair avec une personne avec qui on ne partage pas la foi. L’ancien Testament interdisait aux Israélites d'épouser des membres d'autres peuples (Deutéronome 7:3-4). Cette interdiction n'était cependant pas motivée par l’appartenance ethnique mais l’interdiction était basée sur les raisons spirituelles. Dieu interdisait les mariages interethniques aux Juifs parce que les autres peuples adoraient de faux dieux. Si les Israélites avaient épousé des idolâtres ou des païens, ceux-ci les auraient entraînés loin de Dieu.
Le Nouveau Testament nous interdit également d'épouser des non-croyants, de la même manière que l'Ancien Testament interdisait aux Juifs d'épouser des membres d'autres peuples (2 Corinthiens 6:14). Cependant, les croyants forment une nouvelle famille dans laquelle nous devons chercher notre conjoint, indépendamment de son origine ethnique ou sociale (Éphésiens 2:14-16). D’après John Stott:
« La nouvelle société que Dieu a créée n'est rien de moins qu'une nouvelle création, une nouvelle race humaine, dont la caractéristique n'est plus l'aliénation mais la réconciliation, non plus la division et l'hostilité mais l'unité et la paix. »[1]
Le seul mariage que Dieu interdit est celui entre un croyant et un non-croyant, car le non-croyant est en dehors de la famille de Dieu. Pour le choix du conjoint, les chrétiens doivent toujours s'assurer que la personne appartient à la famille de Dieu, c'est-à-dire qu'elle est née de nouveau par la foi en Jésus-Christ (Jean 3:3-5). Cela est très différent d'appartenir à une église protestante ou de servir à l'église. Être un vrai disciple implique: haïr sa propre vie, porter sa croix, suivre Jésus quotidiennement, et aimer Jésus au-dessus de toute autre chose.
Bien que la Bible donne un principe fondamental de chercher un conjoint dans la famille de Dieu, elle ne précise pas l'ethnie, la classe sociale, ou la région dans laquelle il faut chercher. C'est pourquoi la question du choix du conjoint exige l'usage de la prière, de la sagesse, et du discernement. Dans la section suivante, je vais aborder la question du mariage dans un contexte burundais.
Au Burundi, comme partout ailleurs en Afrique, nous suivons l'éthique de la société[2]. Quand on parle d'éthique, on se réfère à la manière dont nous choisissons ce qui est bon et ce qui est mal. L'éthique sociétale signifie que l'on choisit en fonction de ce que la société approuve, indépendamment de ce qui est bibliquement bon[3]. C’est pourquoi la question du mariage va au-delà des deux futurs époux; c’est l’union de deux familles d’origine des époux. Le mariage en Afrique n'est pas simplement l'union de deux individus, mais celle de deux familles. Cela signifie que le consentement du couple ne suffit pas ; leurs parents doivent également donner leur accord. Parfois, même les oncles et les frères et sœurs aînées doivent aussi donner leur consentement. Dans certaines autres cultures, ce sont les parents qui choisissent le conjoint pour leur enfant.
Toute cette chaîne de personnes qui doivent donner leur consentement prend parfois en compte le critère ethnique. Il ne faut pas être trop spirituel et ignorer que, dans un pays comme le Burundi qui a traversé des conflits et des crises interethniques, il y a encore des gens blessés par les actions de l’autre ethnie. Ces blessures non guéries les poussent à rejeter un fiancé ou une fiancée d’ethnie différente. Bien que nous ne puissions pas généraliser et affirmer que toutes les familles qui rejettent une ethnie différente ont été blessées, il y en a qui agissent ainsi à cause du péché de haine qui les habite.
Que faire lorsque, en tant que chrétien, on choisit un conjoint selon les principes bibliques, mais que ta famille le rejette en raison de son appartenance ethnique ?
Je pense que la question devrait être la suivante : le consentement parental est-il important ou non ? En ce qui concerne le mariage chrétien, le consentement des parents est très important mais pas obligatoire.
La Bible dit que vous devez ‘’Honorer ton père et ta mère…’’ (Eph 6:10 Louis Second). Il est juste d'honorer les parents en leur montrant la personne que l'on souhaite épouser et en cherchant leur bénédiction. Ils ont le droit de nous conseiller. Si les parents ne sont pas d'accord avec ton choix, il faut te poser la question du ‘’pourquoi’’. S'ils ont une raison légitime, alors il est logique de les écouter ou de suivre leur conseil. Cependant, s'ils avancent des raisons non valables comme celles qui sont liées à l’appartenance ethnique et des blessures liées aux mauvaises expériences avec l’autre ethnie, alors là, il faudra être prudent et ne pas baser sa décision sur l’influence parentale sans fondement biblique.
La première chose à faire est de les comprendre et de toujours chercher leur bénédiction. Il ne faut pas précipiter les choses à l'étape suivante parce que tu es soutenu par les écritures. Il faudra surtout être patient. J'ai vu des parents qui s’opposent aux choix de leurs enfants au début, mais qui, par la suite, finissent par donner leur consentement après avoir vu la personne. Il faut donc trouver le bon moment pour présenter ton(ta) fiancé(e) car parfois les parents peuvent rejeter quelqu'un qu'ils ne connaissent pas. Mais quand ils ont le temps de le connaître et d'interagir avec lui, ils peuvent changer d'avis.
Il arrive que malgré la patience, la prière et la présentation, les parents refusent toujours de donner leur consentement ?
Je trouve les conseils de Kingsley Okonkwo dans son livre ‘’I love you but my parents say no’’ utiles et pratiques[4].
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Références:
John Stott, the message of Ephesians, The Bible speaks today, IVP 1983[1]
Nkansah-Obrempong - Foundations for African theological Ethics, Langham 2013
Kingsley Okonkwo, I love but my parents say no, large print 2018.
[1] John Stott, the message of Ephesians, The Bible speaks today, IVP 1983, p110
[2] Nkansah-Obrempong - Foundations for African theological Ethics, Langham 2013, p6
[3] Ibid
[4] Kingsley Okonkwo, I love but my parents say no, large print 2018.p30
Janvier Ndikubakuru est un mari dévoué au Dr Benigne NIYONGERE et un père fier de deux merveilleux fils.
Avec un arrière plan d'implication active dans IFES Burundi ainsi que Langham preaching, sa passion pour la prédication par exposition n'a fait que grandir. Son passé dans le ministère pastoral au sein de l'Eglise Evangélique ses Amis n'a fait qu'attiser son appel pour le pastorat.
Actuellement, il complète son MDiv en Etudes Bibliques à Negest, à Nairobi. Il a un intérêt accentué pour la lecture des livres.
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