“L’Afrique sera sauvée”
Mort de l’Evangéliste Reinhard Bonkhe
“La chose positive à propos du pentecôtisme est qu’ils ont raison d’insister sur la réalité expérientielle de recevoir le Saint Esprit. Quand vous lisez le nouveau testament vous ne pouvez pas vous empêcher d’avoir l’impression qu’il y a une grande différence avec la plupart de notre expérience chrétienne contemporaine. Pour eux, le Saint Esprit était un fait d’expérience mais aujourd’hui il est un juste un fait doctrinal ”
Adolescents, on se disputait longuement entre jeunes pour savoir qui était la meilleure chanteuse entre Whitney Houston et Mariah Carey. Aujourd’hui encore chez moi, il arrive que le débat resurgisse. Bien que moins tenace, ma position n’a jamais changé, toujours du coté de Carey, ce qui énerve souvent ma femme. Dans le contexte de l’église, on posait le même duo entre l’évangéliste américain Billy Graham et l’allemand Reinhard Bonnkhe, mais là je ne savais pas qui choisir. Je me souviens qu’à l’âge de 21 ans j’avais chez moi deux livres que j’aimais beaucoup : “Evangélisation par le feu” de Bonnkhe et “le monde en flammes” de Billy Graham.
J’aimais le côté baptiste de Billy de systématiser les choses et son côté intellectuel de décrire le cœur humain et la corruption de notre civilisation, après tout il avait fait sa maitrise en anthropologie … Puis, il communiquait très éloquemment l’espérance qui se trouve en Jésus uniquement. Mais Bonkhe était différent et avait sa façon très pentecôtiste de prêcher où les thèmes comme feu, onction, guérison, baptême du Saint Esprit étaient plus abondants. Plus émotionnel, son cœur débordait d’amour et de compassion pour les perdus. Avec les biographies des missionnaires, les deux hommes eurent un impact sur ma jeunesse et enflammèrent en moi une passion pour l’évangélisation.
Quand Billy Graham est mort l’an dernier, j’ai voulu écrire mais alors j’ai choisi de savourer moi-même de précieux hommages des autres. Ce weekend, est mort celui qui était surnommé le Billy Graham d’Afrique et là j’ai eu envie d’écrire. Sauvé à l’âge de 9 ans grâce au ministère de sa maman, il se prépara au ministère en allant dans un collège biblique au pays des Galles, occupa un bref pastorat en Allemagne avant de se sentir appelé en Afrique. Après quoi, il se dirigera en Lesotho en 1967. Les débuts de son ministère étaient sans fruit et sa frustration ne faisait que grandir. Puis vint la fameuse vision qui transforma le cours de sa vie. Il avait vu, en quatre nuits consécutives une vision de la carte d’Afrique trempée dans le sang, puis avait entendu une voix qui lui disait « l’Afrique sera sauvée ». Il abandonna ensuite les approches missionnaires qu’il qualifiera de traditionnelles et commença le ministère “Christ for all Nations”, CfaN en 1974. Il conduira des grandes croisades de 4 jours en Afrique allant jusqu’à un public de 6 millions en 2000 au Nigeria. Ses croisades le mèneront au Burundi en 1989, alors que je n’avais que 6 ans, et je participa à l’émotion. Il prêchait le salut en Jésus Christ, la repentance et la foi comme conditions pour être sauvés; souvent, il prêchait le baptême du Saint Esprit, en termes pentecôtistes comme étant une expérience découlant d’une seconde œuvre de grâce qui vient après la conversion. Son pentecôtisme classique était lié aux traditions de sainteté, ce qui le menait souvent à prêcher sur la sanctification des croyants et le besoin d’une consécration au Seigneur.
On peut ne pas être d’accord avec lui sur certains points doctrinaux, mais il a beaucoup à nous apprendre, spécialement sur son ardeur dans l’évangélisation et son interpellation à être rempli de la puissance du Saint Esprit pour mener une vie sainte et témoigner pour Jésus. Nous avons raison de déplorer le « decisionisme » dans ses croisades qui l’amena en 1987 à comptabiliser les cartes de décision pour Christ obtenues dans ses croisades. Le record officiel de 76 millions décisions durant son ministère est sans doute loin d’être un portrait objectif des âmes réellement régénérés. Néanmoins, quand les larmes sur les joues l’Evangéliste dit « je veux voir le ciel rempli, l’enfer vide et le diable seul. Je sais que ce n’est pas biblique mais cela est le désir de mon cœur ». Je me demande si j’ai la même intensité spirituelle dans mon désir de voir le salut de plusieurs. Ma tentation serait de vouloir disséquer cette phrase et y voir un arminianisme puis boucher mes oreilles. Mais combien de fois la théologie peut-elle devenir un refuge quand mon cœur ne veut pas entendre Dieu, même quand il me parle au travers d’une personne ayant des convictions théologiques différentes des miennes ?
Ceci est également vrai quand Bonnkhe parle du baptême du Saint Esprit. Bonnkhe fut très personnellement influencé par le pentecôtisme qui émergea d’Azusa Street. Nous déplorons qu’il ait conçu le parler en langues comme étant un signe d’évidence du baptême du Saint Esprit. Mais aucun évangélique ne peut nier que l’on a besoin de la puissance du Saint Esprit pour croitre dans la sanctification et le service : « La chose positive à propos du pentecôtisme est qu’ils ont raison d’insister sur la réalité expérientielle de recevoir le Saint Esprit. Quand vous lisez le nouveau testament vous ne pouvez pas vous empêcher d’avoir l’impression qu’il y a une grande différence avec la plupart de notre expérience chrétienne contemporaine. Pour eux, le Saint Esprit était un fait d’expérience mais aujourd’hui il est un juste un fait doctrinal », Écrivit un jour John Piper. Je vous encourage vivement de lire ces deux articles de John Piper et de réaliser que peut être entre l’approche pentecôtiste d’un baptême du Saint Esprit et celle qui est couramment reconnue comme évangélique, comme quoi ce baptême est synonyme de la nouvelle naissance, peut-être il n’y aurait pas une autre façon d’approcher la question que Martyn LLOYD Jones et John piper nous proposent. En tout cas en ce qui me concerne, mon cœur acquiesce quand Piper dit « Je crois qu’il est juste de demander un baptême tout frais du Saint Esprit, c’est le langage de Puritains, c’est le langage de Martyn Lloyd Jones et c’est mon langage encore et encore chaque fois que je me dirige vers l’estrade pour prêcher. Je dis « O Dieu, j’ai besoin d’un nouveau baptême, une nouvelle onction ; une nouvelle effusion de ton Esprit saint »(1)
La même gorge qui avait crié de centaines de fois devant les foules africaines « Africa shall be saved », la même gorge qui s’était écriée en 1989 à l’ETS Kemenge « Burundi sera sauvé », la même gorge fut diagnostiquée d’un cancer il y a quelques années. Il avait organisé en 2017 une croisade au Nigeria où il avait reçu la plus vaste participation de son ministère. Là-bas, il intronisa Daniel Kolenda comme son successeur. On se souvint de lui en 2014, quand il fut invité par RENAPEC et conduisit une croisade de 4 jours au même lieu, ETS Kamenge où 25 ans plus tôt, son mentor avait exercé le ministère. Au retour, il écrivit une note de nouvelles au ministère CfaN où il décrivit que la situation au Burundi avait changé depuis 1989, car il avait vu plusieurs jeunes se passionnant pour les choses de Dieu.(2)
Nous prions que cette nouvelle génération de l’Eglise du Burundi puisse être fondée fermement dans le Vrai Evangile et animée par le même désir de répandre l’Evangile de Jésus Christ dans la puissance du Saint Esprit pour la gloire de Dieu.
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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