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La connaissance enfle, mais l’amour édifie

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Les théologiens luttent souvent –peut-être plus que la plupart des autres croyants– avec la maladie dévastatrice de l’orgueil théologique, c’est-à-dire avec une estimation exagérée de leurs propres capacités, idées et positions théologiques. Doit-on s’en étonner ? Si l’orgueil, à un degré plus ou moins grand, se manifeste dans toutes les personnalités humaines, il apparaîtra aussi dans l’estime de soi des théologiens et dans la théologie qu’ils produisent.

17 Mars 2022

La connaissance enfle mais l’amour édifie, a dit l’apôtre Paul. Notre dernier article sur la formation spirituelle nous a avertis que ce n’est pas n’importe quelle sorte de connaissances qui aboutit à notre développement spirituel, booste notre communion avec Dieu, accroit notre sens du Divin ou nous ouvre aux nouvelles dimensions d’expérience avec l’Esprit. Un certain genre de connaissance a beau être objectivement correct mais spirituellement stérile car celui qui la possède a un cœur malade. La maladie la plus courante est celle de l’orgueil. J’aimerais laisser Chris Hall, président de l’organisation Renovaré, probablement la plus connue sur la formation spirituelle, nous en dire plus.

Cet article est une combinaison de deux articles qui nous proviennent de Chris Hall. Chris Hall était directeur de la formation spirituelle académique et professeur émérite de théologie à Eastern University avant d’être Président de Renovaré.  Il est l’auteur d’un certain nombre de livres, dont The Mystery of God (avec Steven D. Boyer; Baker Academic), Reading Scripture with the Church Fathers, Learning Theology with the Church Fathers, Worshiping with the Church Fathers (InterVarsity Press), et La Trinité (avec Roger Olson; Eerdmans). Son livre plus récent est Living Wisely with the Church Fathers (Intervarsity Press).

Le danger de l’orgueil théologique.

Aucun de nous n’est à l’abri de la grande variété de vices qui poussent comme de la mauvaise herbe dans la personnalité de ceux qui s’auto-trompent. Certains semblent trouver que leur propre compréhension de la vérité de Dieu est si ferme et complète qu’elle est pratiquement impossible à la distinguer de la Parole révélée de Dieu. D’autres sont tentés de considérer la théologie comme un sport de compétition dans lequel le résultat le plus important est la victoire sur son adversaire.

D’autres encore identifient si étroitement leur point de vue théologique avec leur sens d’estime de soi qu’admettre les faiblesses de leur position devient une menace pour leur identité personnelle. La doctrine de notre propre péché et la nature profondément trompeuse de notre cœur sont souvent la partie de la compréhension de nous-mêmes la plus difficile pour les « professionnels » de la théologie à garder constamment à l’esprit lorsqu’ils font leur travail.

Les théologiens luttent souvent –peut-être plus que la plupart des autres croyants– avec la maladie dévastatrice de l’orgueil théologique, c’est-à-dire avec une estimation exagérée de leurs propres capacités, idées et positions théologiques. Doit-on s’en étonner ? Si l’orgueil, à un degré plus ou moins grand, se manifeste dans toutes les personnalités humaines, il apparaîtra aussi dans l’estime de soi des théologiens et dans la théologie qu’ils produisent.

La fierté est profondément opposée aux limitations de toute sorte sur le moi, et cette résistance se manifeste souvent par une soif insatiable de « complétude » dans notre compréhension, une réticence à admettre des limitations significatives de notre propre perspicacité théologique et spirituelle.

Que nous apprend Grégoire de Nazianzus dans le combat contre l’orgueil ?

Grégoire de Nazianzus met en garde contre l’oubli de qui nous sommes et qui est Dieu. Certains de ses adversaires théologiques pendant les controverses trinitaires au 4è siècle pensaient qu’ils avaient compris Dieu. Ils croyaient à tort avoir sondé à fond les profondeurs de l’essence divine à travers ce qu’ils considéraient comme des syllogismes logiques infaillibles. Ils croyaient avoir compris Dieu, à la fois, ses actions et même son essence.

Grégoire croyait que ces dirigeants d’Eglise avaient irrévérencieusement outrepassé leurs limites. Il y avait une hauteur et une désinvolture dans leur attitude envers leur vocation théologique, un ton d’esprit et de cœur qui était, selon Grégoire, plus approprié pour une discussion sur les courses de chars ou le théâtre ou le concert le plus récent. Il décrit leur attitude et leurs idées comme indisciplinées, frivoles et impudiques.

Il y a une manière sage et une manière insensée de théologiser, exhorte Grégoire. Les théologiens et les disciples sages exercent leur raison avec révérence, pensant et écrivant à genoux, pour ainsi dire. L’humilité respectueuse — le fruit gracieux de l’Esprit Saint, qui est à l’œuvre en nous — est une disposition indispensable si nous voulons méditer sur la beauté de Dieu avec une intégrité doxologique. Les « choses saintes », explique Grégoire, doivent être abordées d’une « manière sainte ». Nous faisons bien de chuchoter les mystères de Dieu « à voix basse » plutôt que de claironner nos connaissances sur les toits.

Ce sont des paroles sages non seulement pour les anciens théologiens, mais pour tout être humain pardonné qui se tient régulièrement en public pour proclamer la vérité de Dieu. « Peu d’entre vous devraient devenir des enseignants », avertit l’apôtre Jacques, « car vous savez que nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement » (Jacques 3: 1). Les Écritures ne nous donnent aucune indication que nous serons toujours en mesure de répondre avec confiance à chaque question que nous souhaitons poser, ou à chaque question que d’autres nous posent. La raison fière et débridée, dit Grégoire, ressemble beaucoup à un étalon sauvage et non entraîné qui refuse de se soumettre à la bride dans sa bouche, et qui ne peut donc pas aller là où il est destiné.

Les discours vides, creux et cassants sur Dieu doivent être éliminés de notre vocabulaire théologique et spirituel, croit Grégoire, pour être remplacés par une théologie plus discrètement humble et plus saine.

Orgueil pendant les disputes doctrinales

« L’agitation doctrinale » peut causer des conflits inutiles dans notre vie d’Eglise. Notre formation spirituelle inclut assurément la guérison et la correction de nos idées, mais la pensée juste ne devrait jamais être poursuivie avant – ou au lieu de – l’amour pour Dieu et les autres. L’orgueil théologique est un obstacle important à la connaissance de Dieu.

Une vice connexe qui nous nuit à nous et aux autres est un esprit polémique, un esprit qui se plaît à souligner les défauts des théologies des autres, qui qualifie volontiers les idées controversées « d’hérésies » et leurs promulgations « d’hérétiques », et qui se sépare avec suffisance de tout et de quiconque qui n’est pas à la hauteur de la « vérité ».

C’est une question difficile à traiter, dans laquelle le peuple de Dieu a besoin de la « sagesse qui vient d’en haut » (Jacques 3: 17 LSG) à un degré sans précédent. L’hérésie est certainement une possibilité. Il y a certainement un temps pour réfuter les hérésies lorsqu’elles se produisent. En effet, dans certains contextes, l’acte de réfuter ou de réprimander, d’expulser ou de se séparer, peut être en soi un signe, non pas d’humilité, mais d’un terrible malaise spirituel. Ceux qui n’aiment pas Dieu profondément ne se soucieront jamais assez des détails de la vérité du Seigneur.

Pourtant, ce fait même nous permet de conclure facilement que nous aimons profondément le Seigneur tant que nous sommes scrupuleusement, inlassablement, impitoyablement engagés dans chaque détail de ce que nous percevons comme un système théologique biblique. Mais cette conclusion n’est simplement pas correcte.

Une foule d’autres explications de l’agitation doctrinale sont disponibles, des explications liées de diverses manières à la cupidité, à la vanité, à la méchanceté, à l’impatience, à la peur, à l’envie et tous les autres vices mortels. Nous serions naïfs de croire que toutes les disputes doctrinales concernent simplement, ou même principalement, la doctrine.

Par exemple, dans le climat hautement concurrentiel de la théologie professionnelle, où de grands ministères et des réputations internationales et des nominations prestigieuses et des contrats de livres lucratifs sont tous en jeu, nous ne pouvons pas être trop prudents pour nous prémunir contre le genre d’orgueil destructeur qui se drape dans le manteau du « Gardien de la foi ».

Ce danger suggère que ceux d’entre nous dont la vocation est vraiment de garder la foi doivent faire preuve de toute la prudence nécessaire pour s’assurer que notre travail est enraciné dans la beauté omniprésente du Christ, où chaque vertu est rendue parfaite. Nous devons être prêts à tenir compte du sage conseil de Paul à l’église de Colosses : « En tant que peuple élu de Dieu, saint et bien-aimé, revêtez-vous de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous les uns aux autres si l’un de vous a des griefs contre quelqu’un. Pardonnez comme le Seigneur vous a pardonné. Et sur toutes ces vertus revêtez-vous de l’amour, qui les lie tous ensemble dans une parfaite unité » (Colossiens 3: 12 – 14).

Sans cette base cruciale ancrée dans l’amour, notre défense irréfutable de l’orthodoxie peut s’avérer n’être qu’une cymbale retentissante (1 Corinthiens 13: 1).

Probablement chacun de nous a sa propre vision de l’endroit où tracer la ligne qui sépare un engagement légitime envers la pureté doctrinale d’une polémique illégitime. L’Écriture elle-même recommande la sagesse pieuse plus qu’une casuistique pointilleuse dans de telles questions (Proverbes 26: 4 – 5).

Discerner la ligne entre un souci approprié de vérité et un esprit polémique n’est pas simplement une question de formation académique et d’astuce intellectuelle. Il s’agit avant tout de vertu, c’est-à-dire de sainteté personnelle et communautaire. Sans la sainteté, personne —pas même un théologien hyper-orthodoxe — ne verra le Seigneur (Hébreux 12: 14).

Un enracinement profond dans les pratiques spirituelles et le contexte doxologique de l’Église à travers les âges peut nous aider à nous protéger de notre propension intérieure à l’orgueil théologique et à la démesure polémique. C’est une protection dont nous avons tous cruellement besoin; le danger d’un aveuglement pharisien face à nos propres lacunes et caprices théologiques demeure réel. Que Dieu dans sa grande miséricorde nous en protège.

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NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.

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