La controverse autour de Francis Chan
Un prophète qui dérange ou un enseignant qui déraille … ?
«L’Eglise peut fleurir au milieu de cette pandémie car Christ est notre Bon berger. Notre coupe peut déborder au milieu de la détresse car le Seigneur est notre Berger. Si nous vivons, nous vivons pour Lui et si nous mourrons, c’est pour Lui également. Christ n’est-il pas notre portion, notre héritage, notre joie ? Sa présence est plus délicieuse et suffit. Christ fera de son Eglise une force qui ne peut être arrêtée par quoi que ce soit, l’enfer ne prévaudra jamais contre elle. »
Il y a quelques décennies, l’aile évangélique réformée enfanta un fils. Aujourd’hui, beaucoup sont ceux qui contestent sa légitimité.
En 1994, avec une trentaine de personnes, un américain d’origine chinoise commença une église dans le salon de sa maison. C’était la même année de son mariage. En espace de cinq ans, l’église avait atteint 1.600 membres, puis 5.000 dans quelques autres années. Elle figura ainsi parmi les plus grandes églises de la Californie.
Le pasteur aurait dû être content mais ne le fut pas. Il réalisa avec peine que son église ne correspondait pas avec ce que le Nouveau Testament enseigne. Son église était devenue une communauté de consommateurs qui venaient juste bénéficier de ses dons sans qu’ils servent dynamiquement leur prochain ou exercent leurs dons spirituels. Il n’y avait presque pas d’amour fraternel, les gens se saluaient à peine. Il essaya pendant un certain temps d’apporter quelques réformes mais en vain. En 2010, il choqua le monde entier quand il prit la décision de quitter l’église qu’il avait fondée pour une nouvelle aventure. Vous l’avez bien deviné, il s’agit du fameux Francis Chan.
Les mois qui suivirent furent des mois de voyage. Avec sa femme Lisa, il se dirigea vers l’Asie. Ils réalisèrent que le besoin était plus grand dans le Tiers Monde qu’aux Etats-Unis. Ils prirent également le temps d’observer comment survivent les églises du contexte asiatique, un contexte souvent hostile au christianisme. Leurs idées concernant un modèle biblique d’Eglise bouillonnèrent davantage et se confirmèrent. Ils furent tentés de rester en Asie car ils trouvèrent qu’aux Etats-unis, les pasteurs sont comme des pêcheurs qui jettent leurs filets au même endroit et se disputent pour des choses inutiles, alors que des millions d’âmes meurent sans Christ dans d’autres parties du monde. Mais après un certain moment de prière, ils crurent que Dieu voulait qu’ils commencent d’abord un mouvement des églises de maison aux Etats-Unis.
En 2013, lui et sa famille partirent à San Francisco et « We Church » naquit. Dans ces églises de maison, les membres ne vont pas au-delà de 30 personnes. Chaque église de maison se multiplie en une année, deux anciens dirigent la maison, mais ne sont pas payés par l’église car ils restent bi-vocationnels. Entre temps, deux autres sont préparés pour diriger celle qui sera implantée l’année suivante. Chan affirme que dans « We Church », chacun fait des disciples et chaque disciple est à son tour assisté pour grandir en Christ (le principe de « Every one discipled and discipling »). Quand ils se rencontrent, il n’y a aucun orateur. Ils partagent ensemble ce qu’ils ont lu tout au long de la semaine car chaque membre est sur le plan annuel de lecture de la Bible. Chan publiera une sorte de Manifeste, connu comme « Letters to the Church », en vue de réveiller l’Eglise d’Amérique et aussi d’argumenter bibliquement sa nouvelle direction et approche.
Cinq ans après l’implantation de We Church, le couple voulut retourner à leur passion missionnaire. L’été dernier, ils sentirent le besoin de retourner en Asie au même endroit où la maman de Chan, avait répandu la bonne nouvelle 70 ans plus tôt. Sa mère immigra aux Etats-Unis où elle mourut directement après avoir mis au monde le petit Chan. Quand le couple vint s’installer à Hong-Kong, les nouvelles de Corona commençaient déjà à se répandre et Chan fit quelques vidéos pour encourager les saints du monde et ceux de Hong-Kong en particulier.
Dans l’émission populaire de « Praise » sur TBN, une chaine télévisée américaine loin d’être un modèle d’orthodoxie, Chan y délivra un puissant message les larmes aux yeux : « L’Eglise peut fleurir au milieu de cette pandémie car Christ est notre Bon berger. Notre coupe peut déborder au milieu de la détresse car le Seigneur est notre Berger. Si nous vivons, nous vivons pour Lui et si nous mourrons, c’est pour Lui également. Christ n’est-il pas notre portion, notre héritage, notre joie ? Sa présence est plus délicieuse et suffit. Christ fera de son Eglise une force qui ne peut être arrêtée par quoi que ce soit, l’enfer ne prévaudra jamais contre elle. »(1) Il rassure ceux qui l’écoutent que Dieu pourvoira à nos vrais besoins bien qu’il n’ait jamais eu l’intention de satisfaire tous nos désirs. Il évoque le cadre lévitique et l’applique sur tous les croyants. Ils n’avaient rien. Dieu était leur héritage. Ils ne devraient jamais s’inquiéter.
Chan avait averti l’Eglise américaine de sa froideur spirituelle qui se répercute notamment dans l’aspect de la communion. « Aujourd’hui, » dit-il, « la pandémie révèle davantage nos failles dans le domaine de la communion. Les gens veulent « skyper » ou « zoomer » leurs amis alors qu’avant la pandémie ils ne manifestaient pas d’amour fraternel. »
Dans une autre vidéo qui provoqua une vive controverse. C’est important de visionner la vidéo entière (2). Chan revient sur cette question de la communion. Depuis la réforme, le don d’enseigner a éclipsé d’autres dons et disciplines spirituelles. Puisque le centre de notre culte est devenu l’enseignement, les gens se séparent quand ils ne se mettent pas d’accord sur une ou deux choses. Ce qui provoque un manque d’unité déplorable avec des statistiques de plus de 30.000 dénominations protestantes dans le monde. Les choses auraient été différentes si la communion avait été le centre de nos cultes, car sa mort rassemble. Chan se rend compte qu’une des choses qui ont tué le caractère spirituel du repas du Seigneur est la vision mémorialiste de la sainte cène, ce fait de prendre ces éléments avec une mentalité psychologique du souvenir. C’est là qu’il fait une déclaration choquante que l’Eglise pendant 1500 ans a toujours approché les éléments du Seigneur dans un sens littéral. Ceci ne signifie pas que Chan avait maintenant épousé la transsubstantiation. Il exprime simplement cet éveil qu’il a récemment expérimenté après avoir lu l’Histoire de l’Eglise.
Il reconsidère maintenant la signification du repas du seigneur. (Dr Chris a écrit un excellent et charitable article sur Gospel Coalition(3) en réplique aux propos de Francis Chan). Ses mots sont suffisamment vagues pour dire que Chan s’est catholicisé. Mais ses propos comportaient un ton suffisamment défiant la vision traditionnelle d’une manière que personne ne peut prédire le prochain mouvement de Chan. Il pourrait finir par épouser la vision luthérienne ou anglicane des choses. Mais crier tout haut et dire que Chan n’est plus évangélique, c’est vraiment exagérer.
Mais une autre vidéo, intitulée “message à l’Eglise de Hongkong”, lui a valu le titre d’un faux enseignant quand il a osé déclarer que, « dans un certain sens chaque chrétien habité par le Saint Esprit est à la fois humain et divin. » (4) Le clip a gagné rapidement les réseaux sociaux.
Ici encore, nous devons nous poser un peu et reconsidérer le contexte de ce clip, le remettre dans le contexte général des enseignements de Chan surtout tenir compte de sa personnalité et spiritualité. Il parle de Corona et s’adresse aux saints pour que dans ces moments difficiles nous puissions manifester le caractère surnaturel de l’Eglise : aimer notre prochain surnaturellement. Et comme aux temps de l’Eglise primitive, garder la joie et la paix que rien et personne ne peut nous voler. Rien dans les messages consécutifs de Chan ne suggère une théologie « des petits dieux ». Dans la suite de la vidéo, il revient sur ses réflexions nostalgiques de l’Eglise du Nouveau Testament : les miracles et surtout l’amour sacrificiel …
Ses propos sur notre « double nature » laissent sans doute une certaine ambiguïté mais Chan a une façon « excentrique » de nous pousser à suivre Jésus radicalement et vivre par l’Esprit. Je suis en train de relire « Letters to the Church », et ses propos sont parfois choquants comme quand il affirme que certains gangs américains ont un sens de fraternité et communion plus que la plupart des églises !!! Il est évident qu’il a choisi une expression imprudente dans son effort de rendre fascinant et excitant la doctrine de l’habitation de l’Esprit. Tout au long de la vidéo, il a un désir brulant de nous pousser à vivre « surnaturellement » si l’on est vraiment habité par l’Esprit.
Je trouve que la folie impétueuse avec laquelle les blogs réformés se sont déchainés contre lui révèle tout simplement qu’il était déjà l’enfant mal aimé :
J’aimerais conclure cet article par un avis personnel. Francis Chan devrait être considéré comme un prophète qui dérange et je ne connais pas un seul prophète qui soit conventionnel. Certains éléments de sa théologie resteront non conventionnels et il est normal qu’une telle personne suscite de controverses. Néanmoins, ceci est loin d’affirmer que sa vision biblique des choses est toujours convaincante mais, son souci de vivre littéralement ce qu’il croit être la volonté de Dieu avec courage et beaucoup d’humilité restera sans doute une des grandes émulations …
Bien que ses convictions bibliques soient la force motrice derrière ses « réformes », il n’en reste pas moins vrai que ses instincts asiatiques aient contribué au malaise qu’il ressent envers la chrétienté américaine. Certaines choses qui l’ont révolutionné sont vécues avec apathie par la plupart des américains car, il est souvent difficile de faire un écart objectif par rapport aux éléments qui sont enracinés dans sa culture depuis longtemps et qui sont contraires aux valeurs de l’Evangile. Ses aboutissements et conclusions théologiques ne sont pas toujours les miens, mais j’ai toujours l’image d’un des hommes les plus pieux de cette génération qui, humblement et courageusement, ne sait pas tergiverser mais cherche plutôt à vivre ses convictions théologiques quel que soit le prix.
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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