Et pourtant mes sympathies envers le pentecôtisme classique sont connues de tous. Mon adulation pour Jack Hayford, pasteur, théologien, compositeur des hymnes n’a pas changé. Je dois beaucoup aux théologiens pentecôtistes comme Steven Land et Simon Chan pour l’interaction entre doctrine, expérience et tradition. Ma théologie biblique a été en partie façonnée par l’expertise de Gordon Fee et Craig Keener… Néanmoins dans le domaine ministériel Jimmy Swaggart me rappelle aujourd’hui surtout le genre de personne que je devrais éviter de devenir. Il a rendu son âme le 1er Juillet, à l’âge de 90ans.

De l’enfance modeste à la popularité du ministère

Né le 15 mars 1935 en Louisiane. Son père jouait du violon lors de bals et des fêtes. Ses parents étaient mondains mais se convertirent quand le jeune Swaggart avait 5ans. Lui-même affirme avoir été sauvé à l’âge de 8ans.

Enfant, Swaggart s'est fait connaître en prophétisant et en parlant en langues dans une église pentecôtiste locale. Swaggart avait hérité de son père du don de la musique et savait chanter. Il abandonna ses études car il ne put finir le lycée et à 17ans il épousa Frances qui n’avait que 15ans.

Il peinait beaucoup pour subvenir aux besoins de la famille. Alors qu’il gagnait à peine 30dollars par semaine, son cousin Jerry Lee rockeur célèbre s’enrichissait et plus d’une fois il fut tenté de rejoindre son groupe. Après une longue lutte intérieure qu’il décrira plus tard dans ses prédications, il fut tenté d’accepter le contrat de Sam Phillips, fondateur du légendaire label Sun Records, qui souhaitait également le signer pour ajouter du gospel à sa programmation. Swaggart refusa finalement. Un exploit dont il se vantera plusieurs fois dans ses prêches.

Il devint prédicateur itinérant qui se déplaçait de lieu en lieu prêchant, chantant et jouant du piano et le couple connut des années difficiles.

Après son ordination en tant que pasteur en 1961 Swaggart essaya d’étendre son ministère au moyen de la radio. En quelques années, son émission était diffusée sur 700 stations à travers les États-Unis. Son Eglise devint une mega church de plus de 7.000 personnes et 10ans après,  il se lança dans la télévision avec The Jimmy Swaggart Telecast. Je présume que c’est comme que l’on a tous connu : le prédicateur pentecôtiste en feu qui chante et prêcher sur la télé mélangeant le charisme d’un revivaliste au charme d’un rockeur. Son public télévisuel s’élargissait jusqu’à toucher plus de 500 millions de personnes dans 145 pays. On estime que vers la fin des années 80, juste avant sa chute morale, Swaggart recevait en moyenne 500 000 dollars de dons par jour. Oui vous avez bien lu, 500.000 dollars par jour !!!

Il dirigeait désormais un ministère multi-millionnaire de plus de 100millions de dollars par an, comprenant une chaîne câblée, des albums de gospel et des croisades internationales. Il possédait un jet privé et une demeure magnifique à Baton Rouge. Il n’avait rien à envier au cousin pionnier de rock and roll, Jerry Lee Lewis

Jimmy Swaggart, tombé de son piédestal

Jim Swaggart aimait prêcher contre le péché. Y compris l’adultère. Tellement ses prêches contre l’adultère étaient véhéments. Mais il est allé plus loin que ça. Son Eglise faisait partie des Assemblées de Dieu. Et à cette époque des années 80, il n’était pas le seul prédicateur pentecôtiste télévangéliste populaire. Le révérend Gorman l’était. Jim Bakker l’était. Ils étaient en quelque sorte des rivaux. Jimmy Swaggart les ruina en révélant au public leurs vies d’adultère. Mais un des deux décida de se venger et de détruire l’empire de Jimmy Swaggart : ce fut Gorman.

Son fils Randy, était policier et savait que Swaggart fréquentait un Travel Inn, où des hommes louaient des chambres bon marché pour des rencontres sexuelles éclair.

Les Gorman ont monté une opération d'infiltration et ont filmé Swaggart entrant dans le motel avec une jeune femme de 27 ans. Cette femme, Debra Murphree, a déclaré plus tard qu'il la payait 20 dollars pour poser pour des photos provocantes et pratiquer le sexe oral plusieurs fois par mois depuis plusieurs années. Elle savait qui il était, mais a affirmé qu'il lui avait dit de l'appeler « Billy ». Vous pouvez suivre son interview ici

Le révérend Gorman a fait circuler des photos de Swaggart ce qui a entraîné la chute de Swaggart. On est en 1988. Devant un public immense de sa mega church et un public plus immense télévisé, Jimmy Swaggart prononce ces mots en sanglots…qui devinrent populaires comme étant « I have sinned » speech. Il implorait le pardon de sa femme, de l’Eglise et celui de Dieu. Pourtant la sincérité de sa confession a soulevé des doutes auprès de certains pour au moins trois raisons :

Cette fois son empire éclata en miettes, son fils Donnie Swaggart essaya d’en ramasser et rassembler les morceaux.

La théologie de Jimmy Swaggart

J’aimerais que mes lecteurs sachent que je ne place pas Jimmy Swaggart parmi les hérétiques. Son message du salut a amené plusieurs âmes dans la vie éternelle. Mais je sais aussi combien il est facile d’être emporté par son charisme et fermer les yeux sur ses failles doctrinales. Je sais également qu’il est tentant de jeter l’eau avec le bébé et dire que tout le ministère est hérétique.  Cela étant dit je releverai rapidement trois points :

Alors que la Bible enseigne que la mort et la résurrection du Christ sont au cœur de la foi chrétienne (1 Corinthiens 15:3-4), l'accent excessif et l'approche toute faite de Swaggart déforment l'enseignement biblique sur la sanctification. Au lieu de faire confiance à l'œuvre du Saint-Esprit pour transformer les croyants de l'intérieur (2 Corinthiens 3:18), l'enseignement de Swaggart réduit la vie chrétienne à un rituel répétitif de confession de la croix, qui confine à une méthodologie du « nommez-la et revendiquez-la ». Cela prive les croyants de la plénitude du rôle du Saint-Esprit dans leur vie et met indûment l'accent sur l'interprétation particulière de la croix par Swaggart.

La chute de Jimmy Swaggart, un avertissement pour nous tous

Je crois sincèrement que Jimmy Swaggart était un serviteur de Dieu, puissamment utilisé par Dieu. Mais son cœur s’est progressivement éloigné de Dieu et son histoire sert d’avertissement pour mon cœur qui s’égare si souvent. Si son vrai talon d’Achille était le sexe, la peur de perdre la richesse et la puissance l’ont empêché de se repentir sincèrement et il ne put accepter de tout perdre pour expérimenter la joie de ne rien posséder.  Au lieu de cela il a tout restructuré autour de sa famille et a toujours essayé de relancer son ministère par tous les moyens après sa chute.

Les éléments qui causent notre chute tragique sont souvent fort présents dès le début de notre ministère et au lieu de s’en repentir profondément, on fait la paix avec nos ennemis spirituels jusqu’à ce qu’on s’effondre.

Tout ce qui cause notre chute, peut être résumé en ce seul mot : VANITE. Oui le sexe est vanité, l’argent, la puissance, tout est vanité.

Salomon dont le cheval de Troie était le sexe nous le répète constamment dans ses années de vieillesse.  Avons-nous besoin d’amasser tant de pertes et regrets et gâcher nos meilleures années dans les frivolités avant de confesser que tout est vanité ?

Le mot vanité en hébreux est « hevel » qui signifie vapeur, c’est presque le même mot qu’Adam donna à son deuxième enfant Abel. Dieu nous restaure en nous montrant que tout est vapeur, tout est temporaire que cela ne peut jamais satisfaire nos âmes. Adam pensait sans doute à la vie qu’il avait perdue, chassé loin de la présence de Dieu et appela son fils vanité, car tout est vanité loin de Dieu.

En Lui seul nous trouvons la raison d’être. Cette prise de conscience est beaucoup plus amplifiée quand nous contemplons Christ, le Verbe Eternel qui vint dans ce monde temporaire, s’incarna dans notre existence et devint vanité pour nous élever dans l’éternité de sa gloire si seulement nous croyons en son sacrifice expiatoire. Ma prière est que nous puissions confesser comme Paul «  mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai considérées comme une perte, à cause de l’Excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à tout et je les ai regardé comme de la boue, afin de gagner Christ. » Philippiens 3:7-8