logo

Le Mal et la Croix

feat-image

Il est difficile de comprendre complètement les mystères autour du mal, mais la croix reste notre espoir, notre joie et notre force. La Croix a amenée la ressurection, avec sa résurrection, Jésus démontre sa puissance souveraine sur notre dernier ennemi, la mort. Non seulement il mettra fin à nos souffrances, mais aussi il nous réserve un nouveau ciel et une nouvelle terre après avoir purgé cette terre de toute pourriture, brisement, et dépravation.

06 Avril 2020

En l’absence d’une théodicée convaincante, regarde la croix.

O World invisible, we view thee

O World intangible, we touch thee

O World unknowable, we know thee

Inapprehensible, we clutch thee.

Par ce morceau de littérature, et avec une harmonie symphonique, Francis Thompson nous promet de voir le monde invisible, si seulement nous pouvons écouter. Mais, un être suprême et un monde invisible évoqués dans son poème “In No Strange Land”, semblent illogiques pour notre génération post moderne. Cette dernière trouve irrationnel le concept traditionnel de notre Dieu dans un monde plein du mal. Ils ont du mal à harmoniser l’affliction et un Dieu à la fois omnipotent et bienveillant. Comme Tim Keller le signale, pour certains, les souffrances remettent en cause l’existence de Dieu. Pour les autres cependant, les souffrances évoquent un problème personnel. Ces derniers refusent carrément de croire à un Dieu qui fait de la vie et de  l’histoire ce qu’elles sont.

Ils ne cessent de se demander où est Dieu. En face de pathologies chroniques comme le VIH, ou des pandémies comme la COVID-19, ils veulent des réponses. Les souffrances injustifiées des bébés de quelques mois, se débattant dans des pathologies cancéreuses, suscitent également plusieurs questions. Ils trouvent qu’aucune explication ne pourrait justifier la mort de 3 000 personnes du 11 septembre 2001 dans un monde contrôlé par un Dieu omnipotent et bénévole. Ils se demandent où se trouve Dieu. Ils se demandent avec raison comment un bon Dieu peut assister à la mort de 6 millions de juifs dans l’holocauste. 50 millions de chinois tués sous le règne de Mao et 20 millions d’Ukrainiens tués sous Staline, poussent notre génération à revoir le concept d’un Dieu Amour. Ils se demandent où se trouve Dieu.

Ils se demandent comment déresponsabiliser Dieu dans un monde plein de catastrophes naturels. Plusieurs personnes du tiers-monde sont décimées par la famine et la pauvreté. Ils se demandent comment cela reflète un Dieu Amour. Comment la mort de 23 milles et 2 millions de victimes par le Tsunami démontre-t -elle la bonté de Dieu ? Ils se demandent où se trouve Dieu et mettent une pression d’enfer aux croyants. Je me demande à mon tour s’ils comprennent qu’en l’absence d’une théodicée convaincante, la croix reste l’espérance des croyants.

Leur raisonnement est simple. Si Dieu est omnipotent, Il peut empêcher le mal. Si Dieu est bienfaisant, Il ne veut pas du mal à personne. Et si nous voyons le mal, c’est à dire qu’Il est soit méchant soit impuissant. Ils insistent qu’avec la présence du mal, il n’y a pas moyen de garder une image traditionnelle d’un Dieu, qui est à la fois omnipotent et bienveillant.

Pour tirer Dieu d’affaire, plusieurs théodicées sont proposées. Certains de nos frères ont adopté une théorie hindouisme qui maintient que le mal n’est qu’une illusion. Ces derniers concluent alors que Dieu ne peut être blâmé pour une illusion. Je t’assure qu’ils sont sérieux lorsqu’ils suggèrent cette voie.

La plupart des penseurs chrétiens et apologètes dont Saint Augustin, considèrent le mal comme une sorte de ‘privation.’ Ces érudits expliquent que le mal n’est pas un être ou une substance ; et ainsi, en déduisent que le mal n’est qu’une absence du bien. De ce fait, comme Dieu a créé des êtres, il n’est pas responsable du mal qui n’est qu’une absence du bien.

Les autres experts pour innocenter Dieu en embrassant une théorie dite ‘libertarian freedom,’ ou ‘incompatibilism.’ Cette philosophie défend que Dieu a créé un homme libre de faire des choix, et que Dieu ne peut être en aucun cas responsable du mal causé par un homme libre. Cette théologie se heurte à une doctrine centrale du christianisme à savoir : ‘la souveraineté de Dieuou plus exactement ‘la providence de Dieu.’ Même si les saintes écritures répètent sans cesse que Dieu n’est pas la cause du mal, elles soulignent avec la même insistance que chaque acte et incident correspondent au plan global établi avant la fondation du monde. Cette défense qui finit par détruire le compatibilisme est vraiment étrange.

D’autres penseurs reformés dont J. A. Adams résolvent tout simplement le problème par Romains 9 :17. Cette simplification de l’équation est mise en cause par beaucoup d’experts comme John Frame et tant d’autres. Dr Frame se demande si le recours à ce passage répond à l’hypothèse posée ou encore si cette solution résout complètement le problème du mal. Frame se demande pourquoi Dieu devait-Il déballer sa gloire et son grand nom par quelque chose qui contredit sa bénévolence. Il nous défit en posant la question suivante : « Comment un Dieu omnipotent et bienfaisant choisit d’afficher sa gloire par des souffrances horribles des bébés. » Dr John Frame conclut qu’on ne peut pas prétendre avoir toutes les réponses à ce problème du mal.

De la même manière, les autres théodicées restent en deçà d’une réponse satisfaisante. Je ne trouve pas convaincantes les propositions dites, par exemple, ‘divine-weekness defense,’ ou ‘best-possible-world defense,’ ou moins encore ‘character-building defense.’ Dans la même veine, ‘stable-environment defense,’ ‘indirect-cause defense,’ et ‘ex lex defense’ ne répondent pas à la satisfaction des confus.

En dépit de cela, rien ne prouve que l’image traditionnelle de notre de Dieu est une mythologie. Nous ne pouvons pas déduire l’inexistence d’une chose par la bassesse de notre niveau de compréhension. Le manque d’une théodicée convaincante ne signifie pas que Dieu ne peut pas réconcilier le mal et son caractère à la fois omnipotent et bienveillant. A contrario, la charge de la preuve incombe à ceux qui pensent qu’un tel Dieu ne peut exister. Comme N. T. Wright le réclame, il est du devoir des évolutionnistes, athées et agnostiques de montrer comment il y aurait de l’amour, de la beauté et des rires dans un monde crée par des phénomènes accidentels.

Cher Docteur Teddy, il est vrai que nous ne sommes pas en mesure de comprendre complètement le mystère autour du mal. Mais, la contemplation de la croix ne nous laisse pas vulnérables comme nos amis athées et agnostiques.

Premièrement, avant la venue de Jésus, les prophéties disaient que Dieu allait exemplairement juger Israël. Mais en même temps, Dieu promettait de bénir Israël abondamment. Comment Dieu pouvait à la fois faire ces deux choses contradictoires ? Comme Dr frame le note, cette équation était certainement et complétement impénétrable jusqu’à la mort de Jésus. Qui pouvait penser que Jésus allait lui-même porter le jugement tout en justifiant son peuple ? Dr. Teddy, je trouve cette équation plus difficile à comprendre que les équations de yang-Mills. Elle est plus difficile à harmoniser que les paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques des médicaments contre la Covid-19. Alors, si Dieu a pu mettre fin à cette difficulté, n’est-il pas raisonnable de lui faire confiance dans nos douleurs qui nous semblent injustifiables ?

Deuxièmement, Don Carson, Tim Keller, Frame, N. T. Wright et beaucoup d’autres experts prouvent que la vie de Jésus et sa mort peuvent être tout sauf l’indifférence au mal que le monde subit. Lorsque nous regardons sa vie et sa mort, on voit clairement la haine de Dieu envers le mal, sa passion pour éradiquer tous les maux, et son amour pour l’humanité. La souffrance démesurée de son fils sur la croix, ne répond sûrement pas à toutes nos questions. Mais, comme Tim le souligne, nous ne pouvons pas regarder le fils Dieu troué et démantelé ; et ainsi, conclure que Dieu ne nous aime pas. S’il est donc vrai que Dieu nous aime, n’est-il pas logique de croire qu’il mettra fin à nos souffrances, que ça soit maintenant ou dans l’autre vie ?

Troisièmement, il est important de voir que les souffrances de la croix nous mène directement à la résurrection. La résurrection de Christ nous procure de l’espoir qu’on ne peut trouver nulle part. Dans sa résurrection, Jésus démontre sa puissance souveraine sur notre dernier ennemi, la mort. Il nous promet par sa résurrection, qu’il finira par vaincre chaque mal présent de l’Univers. En plus, non seulement il mettra fin à nos souffrances, mais aussi il nous réserve un nouveau ciel et une nouvelle terre après avoir purgé cette terre de toute pourriture, brisement, et dépravation.

Tu sais grand frère ? Une vision erronée de l’eschatologie nous empêche quelquefois d’avoir une joie abondante lorsque nous pensons à ce qui nous attend au le ciel. Nous pensons souvent que nous serons des esprits flottant dans l’espace appelé ciel à la manière d’un astronaute sur Mars. Mais comme professeur Douglas Wilson nous rappelle, ‘heaven is not my home, I am just passing through.’  Par cette phrase provoquante, il veut juste dire que dans notre état final, nous serons revêtus de corps transformés. Et nous vivrons dans un nouveau ciel et une nouvelle terre. Nos manques et pertes serons récompensés ; et de cette manière, la joie et la gloire seront notre héritage. Tim a sans doute raison lorsqu’ il dit que la résurrection ne nous promet pas juste une consolation d’une vie que nous n’avons jamais eue, mais elle nous garantit une restauration d’une vie que nous avons toujours voulue. Docteur, n’est-ce pas vrai que le concept biblique de la résurrection change tout dans notre manière d’affronter nos souffrances ?

La vérité est que tout ce que nous avons à faire est de vivre assez longtemps, et nous allons souffrir,’ dit le célèbre Donald Carson. Même quand nous ne sommes pas frappés par le mal moral ou naturel, il n’est pas difficile de constater notre fragilité. Les infirmités, l’incapacité et la solitude de la vieillesse nous rattraperont tôt ou tard. Il est donc certainement vrai que chaque personne vivra son calvaire à un moment donné. Il m’arrive moi-même de traverser une vallée de l’ombre de la mort, perdre le goût de la vie, et parfois pleurer comme une madeleine. Oui, il m’arrive de vivre un véritable calvaire.

Malgré ça docteur, je ne peux pas m’imaginer la souffrance, la douleur, la pression émotionnelle que tu dois supporter chaque matin. Cet îlot de peine et de solitude est étranger à mon expérience. J’ai aucune une idée du chagrin et de l’angoisse qu’apporte le vent froid de cet étrange désert. Une ‘privation cruelle’ de nos amours est quelque chose que je n’ai jamais rencontré en chair et en os, mais qui me donne la chair de poule à chaque fois que j’y pense. Oui, c’est une douleur que je ne peux même pas commencer à comprendre. Je crois d’ailleurs que la meilleure façon de vous consoler aurait été de m’asseoir à vos côtés dans un silence écrasant. J’espère sincèrement que cela aurait pu témoigner la présence de tes frères en Christ plus que cette imparfaite méditation sur le mal. Cela est vrai parce que nous restons pécheurs même dans nos meilleurs moments.

Mais comme il est aussi vrai que ces moments nous poussent à imaginer où se trouve Dieu ; et ainsi, douter de son amour. Et comme les moments durs nous amènent à chercher pourquoi nous sommes la cible des ennuis, ou à nous demander l’objectif de notre affliction, je me suis dit qu’une cogitation autour du mal ne manque peut-être pas de pertinence. Je voulais rappeler à un frère plus mature que moi, un frère dont les compétences spirituelles sont de loin supérieures aux miennes, un frère d’une dévotion contagieuse et lui dire qu’en l’absence d’une théodicée convaincante, la croix reste notre espoir, notre joie et notre force.

Didi,

Appelé par la grâce.

author-prof

Nindorera Dieudonne est un étudiant qui poursuit sa maîtrise en Divinite( MDiv) en Ouganda, à l’Université Africa Reformation Theological Seminary.

Si vous souhaitez être informé(e) de chaque nouvel article publié, abonnez-vous par e-mail pour recevoir les notifications.

CHOIX DE L'ÉDITEUR
pick-feat-image

L’adoration dans nos cultes

Si un mouvement ne chante pas, il meurt.

pick-feat-image

Le plus beau rêve ou le pire cauchemar ?

C’était en 2015, je venais de me réveiller en sursaut à trois heures du matin après un horrible rêve ! Je rêvais qu’un de mes êtres les plus chers était en procès et que la sentence était tombée … Il allait être exécuté.

pick-feat-image

Qui était David Ndaruhutse ?

Qui était David NDARUHUTSE? Quelles étaient ses origines ? Quelles ont été ses accomplissements durant sa courte durée dans le ministère ?  Que sont devenus sa famille et son ministère ? Son Fils Peter NDARUHUTSE nous raconte.

pick-feat-image

La gloire de Dieu est mon trésor

Les saintes écritures nous exposent du début à la fin un Dieu, qui, dans Sa parfaite intelligence et selon le conseil de Sa parfaite volonté, bénit toute la création à partir de Sa gloire. Il a fait de sorte que toute joie réelle et durable passe par Sa gloire.

pick-feat-image

Quand lire la Bible devient une dure corvée

Soyons honnêtes, il nous est tous déjà arrivés de trouver la Bible ennuyeuse, au moins certaines de ses parties. Il nous est déjà arrivés de nous demander à quoi certains passages riment vraiment et pourquoi ont-ils été insérés dans un livre saint dont la lecture est sensée nous apporter tant d’excitation et de passion !

Sa BannièreLever une armée d'adorateurs joyeux d'un Dieu Heureux et Glorieux
© 2025, Tous droits réservés!