La sainte cène trouve ses racines dans la pâque juive. Cette fête était liée à la célébration d’un repas de famille. Dans les maisons, ce ne sont pas les prêtres qui officiaient, mais un père de famille, un homme ordinaire sans aucun attirail sacerdotal. Dans le Nouveau Testament, rien ne semble indiquer que seuls les anciens pouvaient officier le repas du Seigneur
Ce dimanche, un jeune m’a approché à la fin du culte et a formulé une requête qui m’a laissé perplexe pendant quelques secondes : « Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais j’ai reçu un appel urgent et je n’ai pas pu partager la sainte cène avec les autres. Est-ce que je peux avoir les éléments et communier seul ? »
Je n’étais pas sûr que cela soit une bonne idée. J’ai péniblement essayé pendant quelques secondes de lui expliquer que le repas du Seigneur est un repas de communion fraternelle et qu’il a manqué malheureusement ce moment de célébration collective. Bien qu’il ait pu sentir mon hésitation à l’idée de lui permettre de prendre le repas du seigneur dans son petit coin, je soupçonne qu’il ait pu aussi remarquer que je n’avais pas non plus rejeté la demande. J’ai fini par céder.
Mais, au milieu de la nuit , j’ai encore revisité la question et j’ai voulu marquer ce moment de réflexion avec un article qui pourrait, un jour, éviter aux autres une réponse mitigée à la question.
Lecrae est un artiste chrétien très populaire dans le genre Hip Hop qui a récemment écrit sur son compte Twitter « Je viens de faire la Sainte Cène à la maison avec du pain de blé et du jus de pomme. J’espère que c’est toujours valide. »[1] En réaction à son tweet, il a reçu des messages pas très courtois dont une menace d’un jugement de Dieu qui allait s’abattre sur lui s’il continue cette pratique.
Bien que la plupart des commentaires se soiet focalisés sur l’importance de garder les éléments traditionnels comme le jus de raisin, je crois que le Tweet suscite deux autres questions dont : si le repas du Seigneur est un repas de communion (1 Corinthiens 10 :16) peut-on le célébrer sans communauté ? Et en l’absence d’une autorité ecclésiastique habileté à officier, reste- t- il valable ?
Il est important de voir que ces deux mots sont intimement liés. Nous aimons répéter aux membres de notre église le quadruple sens du repas du Seigneur : c’est un repas de commémoration car les éléments qui demeurent inchangés substantiellement, deviennent des symboles vivants qui nous communiquent le souvenir de la mort de Jésus et de sa résurrection, et joints à la foi, ils servent à ranimer en nous la flamme d’amour pour Christ.
Parallèlement, le repas du Seigneur est spirituel car Christ est spirituellement présent, non seulement dans ces éléments, mais surtout dans ce moment particulier de communion et au milieu de nous.
C’est aussi un repas eschatologique dans le sens où il guette le retour de Jésus et ravive les sentiments d’espérance en nous.
Le dernier aspect est celui d’un repas de communion fraternelle. « Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. (Actes 2 :46). La joie et l’unité étaient des marques de la célébration du repas du Seigneur “ le repas du Seigneur était pour l’Eglise primitive un évènement d’exubérance de joie.
Cette joie était enracinée dans la résurrection du Seigneur, qui servait à certifier la vérité de la Bonne Nouvelle. Deuxièmement, ils expérimentaient la joie grâce à leur unité dans le Seigneur ressuscité. Les premiers chrétiens se réjouissaient pendant la Sainte Cène parce que le Seigneur était là. Leur unité résultait du fait qu’ils étaient ensemble autour de la Table du Seigneur. » [2]
Si la présence spirituelle de Christ ressuscité et la présence physique des saints rachetés sont des éléments clés de cette explosion de joie, il serait légitime de s’inquiéter si célébrer la sainte cène seul ne risque pas d’altérer la richesse de cette expérience.
Néanmoins, il est essentiel de noter au moins deux choses :
Puisque le repas du Seigneur n’est pas uniquement cela, il est indispensable que celui qui se retrouve séparé du Corps de Christ pour des circonstances extraordinaires fassent au moins deux choses :
Garder à l’esprit sa famille spirituelle, entretenir un souvenir spirituel des saints qui vous ont précédés (Hébreux 12 : 22-23) et qui sont dans le monde pendant le rite.
Priez pour que Dieu détruise les obstacles qui vous empêche de vous réunir de nouveau avec l’Eglise, cette dernière étant la manifestation locale du Corps de Christ. En attendant, célébrez le repas du Seigneur avec anticipation du grand jour de Réunion où les saints adoreront ensemble devant le trône de l’Agneau en parfaite communion et harmonie (Apocalypse 7 :9-10).
Les lecteurs reformés adhèrent sans doute aux trois marques d’une vraie Eglise qui sont : Une prédication fidèle de la Parole, la discipline de l’Eglise et l’administration correcte des Sacrements. Et par administration correcte, la grande majorité des églises reformées comprennent « administration par un ancien d’Eglise ordonné ». Et j’ose objecter.
La sainte cène trouve ses racines dans la pâque juive. Cette fête était liée à la célébration d’un repas de famille. Dans les maisons, ce ne sont pas les prêtres qui officiaient, mais un père de famille, un homme ordinaire sans aucun attirail sacerdotal. Dans le Nouveau Testament, rien ne semble indiquer que seuls les anciens pouvaient officier le repas du Seigneur. D’où est donc venue cette idée ? Sans doute des leaders de la réforme qui ont gardé les vestiges du sacramentalisme catholique.
Les voix non écoutées de la Réforme Protestante.
Beaucoup de gens ont une vision fractionnée et biaisée de l’histoire de la Réforme. Ils ont été conditionnés à n’en écouter qu’une partie. Ils ne prêtent attention qu’à la Réforme magistrale (Luther, Calvin, Zwingli) et savent trop peu ou rien de la Réforme radicale des anabaptistes. Des noms comme Conrad Grebel, Felix Manz, Menno Simmons sont presque inconnus pour plusieurs.
Ces voix prônaient pour une réforme plus profonde. Ils voulaient un culte plus simplifié et qui se rapprocherait de plus près aux pratiques de l’Eglise primitive. « Contrairement aux pratiques chrétiennes de l’époque, les anabaptistes n’avaient pas des formules saintes, ni de personne ou un lieu spécialement attachés aux repas du Seigneur. [3]
Je soutiens avec un des théologiens les plus illustres, William Barclay, que le repas du Seigneur constituait une action centrale dans le culte de l’Eglise primitive[4] et cela devrait l’être pour nous également. Je crois également que l’Eglise devrait être éclairée et guidée bibliquement à ce sujet.
Les chrétiens ont aussi besoin d’avoir une vision historique d’ensemble afin de pouvoir apprécier les efforts fournis dans le passé dans l’objectif de recouvrer le culte biblique dénué de toute idée étrangère aux enseignements et pratiques des apôtres.
Le Tweet de Lecrae me parait léger. Il manque la sensibilité de toutes ces considérations bibliques. Il lui manque l’humble tact de celui qui reconnait que même si la complexité des circonstances peut amener une personne à communier seul, cela reste un repas du Seigneur à caractère inhabituel et une situation à gérer avec beaucoup de délicatesse, une délicatesse apparemment absente dans son Tweet. Le jeune homme à qui j’ai permis de communier seul était loin d’être un nouveau converti et j’espère que sa maturité lui a permis de connecter son acte « isolé » à la réalité collective de notre Eglise.
Tweet du 02Janvier 2022. La traduction est la mienne.
[2] ” John Howard Yoder, “Experiencing Joy and Unity: A Meditation on the Lord’s Supper,” Christian Leader, May 10, 1977, p. 2
[3] Walter Klaassen, Anabaptism: Neither Catholic nor Protestant (Waterloo, ON: Conrad Press, 1973), pp. 13-14).
[4] William Barclay, The Lord’s Supper (New York: Abingdon, 1967), p. 16
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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