Selon le type de gnosticisme dont on fait face, il s’agit d’un mélange du mystique, du magique, du philosophique, du judaïsme, d’une mythologie païenne, du platonisme, du néo-pythagorisme, et du christianisme avec une variation de concentration
L’hérésie gnostique est vieille comme Hérode. Même si les racines de cette dernière nous renvoient tout droit vers le premier siècle ou peut-être avant, c’est entre l’an 130 et 160 de notre ère qu’une tension autour de cette hérésie atteint son pic. Les experts en la matière ont fait de leur mieux pour clarifier ses racines mais sans consensus. Comme Lex Meyer le note, “certains experts suggèrent une pensée hellénistique ou grecque, pendant que les autres disent qu’elle trouve racine dans la pensée babylonienne”.[1] De toute façon, au cœur de cette déviation rôde du syncrétisme.
Il s’agit ainsi d’un mélange du mystique, du magique, du philosophique, du judaïsme, d’une mythologie païenne, du platonisme, du néo-pythagorisme, et du christianisme avec une variation de concentration selon le type de gnosticisme en question. Cela signifie que les détails de leurs croyances peuvent varier selon les différents types du gnosticisme. Il y a toujours une légère modification dans les détails de croyances Séthiens, Valentiniens, Marcionites, et Basilides. Le courant était vraiment étrange.
Plus étrange encore était le fait que le mouvement était un peu abstrait. Alors qu’ils possédaient les leaders les plus vifs d’esprit, le gnosticisme n’était pas une religion pleine. Ils n’avaient pas un ensemble de croyances clairement définies.
Pour cette raison, il était difficile de définir le mouvement par rapport à leurs croyances jusqu’ en 1945. La découverte d’une bibliothèque d’une dizaine de codexes à Nag Hammadi en Egypte a rendu facile la tâche des chercheurs qui rassemblaient les croyances gnostiques. Ils ont donc pu identifier les distorsions des croyances chrétiennes surtout dans la doctrine de Dieu, de la création, du salut, de la Christologie, et des Saintes écritures. Voici un résumé de leurs croyances
La doctrine de Dieu et de la création
La plupart d’entre eux croyaient au dualisme. Ils pensaient sincèrement qu’il y avait deux sortes de divinité. Un mauvais dieu qui a créé le monde et un bon Dieu et Père de notre seigneur Jésus-Christ. Pour ce, un bon Dieu ne peut pas être le créateur d’un monde plein du mal. Le monde présent n’est que la création d’un mauvais et inférieur dieu démiurge. Ils opposaient et séparaient le Dieu de l’Ancien Testament et le vrai Dieu et Père de Jésus. En fait, Marcion, l’un des grands leaders du mouvement, enseignait que Jésus est venu sauver l’humanité du monde matériel créé par un Dieu de l’Ancien Testament, un être violent et vengeur.
Selon eux, ce monde matériel est mauvais. Cela avait de sérieuses implications sur la façon dont ils conçoivent le corps, la vie d’ici-bas, et la création. Ce n’est donc pas étonnant de voir qu’ils promouvaient une vie ascétique. Mais aussi, la tendance antinomienne se manifestait dans leurs cercles, parce que pour eux, ce corps mauvais sera détruit de toute façon.
La christologie
L’incarnation et les deux natures de Christ étaient presque complétement reformulées. Pour eux, il y a un Jésus de l’Histoire et un Jésus de la foi. Ce dernier est descendu lors du baptême de Jésus de l’Histoire, et les deux ont de ce fait, formé une seule personne. Eu égard à ce mauvais corps créé par un dieu méchant, Jésus de la foi ne pouvait en aucun cas posséder ce corps du mal. Il me semble que leur compréhension de la christologie avait quelque chose en commun avec le docétisme (la discussion autour de l’existence du docétisme est au-delà des limites de cet article). En fait, le docétisme nie carrément l’humanité de Jésus. Pour eux, Jésus avait l’apparence d’avoir un corps, mais il n’en avait pas. C’est fort probable que de telles théories venaient des courants philosophiques qui trouvaient insupportable l’idée d’une divinité devenant homme. Peut-être que le contraire était plus digeste pour certains philosophes. Aussi, il se peut que le docétisme trouve racines dans la difficulté d’harmoniser les deux natures de Jésus. Certains chrétiens élevaient la divinité de Christ à ce point qu’ils rendaient insignifiant son humanité.
Dans tous les cas, les conséquences n’étaient pas insignifiantes. Cela menait tout droit à un déni catégorique de la doctrine qui est au centre du christianisme. Même si Paul clarifie que le christianisme sans la résurrection est vain, ces hérétiques ont eu l’audace de rejeter à la fois, la crucifixion et la résurrection de Christ. Je me demande s’ils lisaient la même Bible que nous. Au fait, je deviens dur avec eux. Ils n’étaient pas du tout irrationnels si on considère qu’ils croyaient que pendant la crucifixion du Jésus de l’histoire, l’esprit de Jésus de la foi était déjà reparti vers son père. En plus, les gnostiques mettaient l’accent sur la résurrection de l’esprit du croyant à l’exclusion du corps. Ils croyaient passionnément et erronément que nous serons des esprits sans corps après la résurrection. Comme c’est impressionnant de voir que cette fausse compréhension de l’eschatologie individuelle est parvenue à remonter jusqu'au 21è siècle.
La doctrine du salut
Pour être précis, je dirais que les gnostiques croyaient à un salut par la connaissance, mais pas par la foi. Cette notion de connaissance était centrale à leur salut à ce point que le nom du mouvement dérivait de ce concept. Le verbe Grec ‘γνοσκω’ traduit comme « je sais » est la source du nom « gnosticisme. » Ils prenaient les passages comme Marc 4 :33-34, 1 Corinthiens 2 :6-7 ; et ainsi, déduisaient qu’il y a un corps de connaissances mystiques réservées à quelques élites.
Selon leur version de l’Histoire, il y a des instructions secrètes données aux apôtres, qui les auraient transmis à leur tour à quelques personnes particulières. Ils partaient donc de là pour diviser l’humanité en trois groupes de personnes à savoir : Les spirituels capables de recevoir le salut, les psychiques capables de recevoir le salut à un certain degré, et les matériels incapables de recevoir le salut. Ils prêchaient passionnément que seuls les spirituels étaient capables de recevoir cette mystique connaissance ou cet éclaircissement spirituel. Par conséquent, seuls les spirituels étaient capables d’être libérés d’un dieu inférieur démiurge, de l’esclavage de ce monde visible et d’esprits planétaires.
Cette compréhension du salut avait d’énormes répercussions. L’un des inconvénients était cette conception erronée qui consiste à prendre certaines fonctions comme sacrées alors que d’autres sont prises pour séculières. Évidemment, les fonctions des super-spirituels comme prêcher, évangéliser et être missionnaire étaient sacrées. Mais, les fonctions des psychiques et matériels comme être médecin, juge et soldat étaient séculières. Seulement, cela fait mal de voir que certains des séminaristes et pasteurs du 21è siècle sont pris pour héros uniquement parce que les yeux de nos frères souffrent d’un « glaucome gnostique ».
La doctrine des Saintes Ecritures
Parce que le dieu de l’Ancien Testament était inférieur et mauvais, la loi et tout l’Ancien Testament étaient à rejeter. Peu d’entre eux croyaient que l’Ancien Testament faisait partie du canon. En outre, comme c’était difficile de réconcilier leurs croyances avec certains passages bibliques, les gnostiques ont fini par écrire les épitres propres à eux. L’historien de l’Eglise Eusébien nous fait une liste de ces dernières : L’évangile de la vérité, de Pierre, de Thomas, Actes d’André et Jean, etc. Même s’il est rare de trouver aujourd’hui une effronterie typique, nul n’ignore que certaines personnes ont l’audace de rejeter certaines portions des Ecritures Saintes.
Et l’Eglise au milieu de cette tempête ?
Compte tenu des tords qu’ils avaient causé à l’Eglise, ce n’est pas étonnant qu’Irénée pensait que le gnosticisme était la source de toutes formes d’hérésies. Pour les pères de l’Eglise, une hérésie n’était pas toute chose qui leur semblait antipathique. Non !! Pour eux, une hérésie était une distorsion objective et volontaire des doctrines élémentaires de la foi Chrétienne. Irénée liait donc toute atteinte aux doctrines élémentaires de la foi chrétienne au gnosticisme. Je crois qu’il n’était pas loin de la vérité.
Face à cette crise, l’Eglise ne s’est pas laissé faire. Plutôt, leurs réponses étaient complètement hallucinantes. A travers leurs écrits (lettres, livres, etc.), ils ont directement confronté les hérétiques. Plus incroyable encore, ils se sont lancés dans une campagne d’enseignement. Au lieu d’assister à la déchéance de l’Eglise, ils ont donné l’autorité et ont renforcé les formules confessionnelles, afin d’outiller les fidèles à affronter ce fléau. C’est très indispensable de nous rappeler que c’est exactement pendant l’obscurité gnostique que « le symbole des Apôtres » a vu le jour. Ce petit résumé que même la plupart d’entre nous ne connaissent aucun mot est le fruit d’une « bataille doctrinale sanglante ». Pourquoi nous est-il trop facile d’oublier que ce petit résumé, aussi minime qu’il soit, n’a pas été disponible en l’absence des douleurs de l’enfantement ? C’est fabuleux de voir comment les pères de l’Eglise ont pu répondre correctement et parfaitement aux croyances erronées gnostiques :
« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,Créateur du ciel et de la terre. Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur ; qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. »
Après avoir mis au clair les croyances bibliques et la position de l’Eglise, ils ont ensuite rejeté tous les livres écrits par les leaders gnostiques. Ce n’est pas une exagération d’affirmer qu’après cette tempête gnostique, non seulement l’Eglise est sortie vainqueur, elle est devenue plus forte que jamais. C’est sûr que l’Eglise Postmoderne sortira triomphante des croyances erronées, mais il est du devoir de chaque Chrétien de se battre pour la promotion de la saine doctrine.
[1] Unlearn the Lies, visité le 11/ novembre/ 2020
Nindorera Dieudonne est un étudiant qui poursuit sa maîtrise en Divinite( MDiv) en Ouganda, à l’Université Africa Reformation Theological Seminary.
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