Seuls ceux qui expérimentent la proximité avec Jésus peuvent exercer le ministère de la compassion, être aux côtés de ceux qui souffrent et qui sentent que Dieu est loin, les assister jusqu’au moment où ils sentent à nouveau que Dieu est présent et proche d’eux.
Job, épitaphe de la souffrance
Cet homme non Israélite qui habitait le Nord de l’Arabie aux temps des patriarches probablement au deuxième millénaire avant Jésus-Christ est devenu l’épitaphe de l’extrême souffrance.
Dans cette série, nous aurons pleines de méditations sur la souveraineté de Dieu,sagesse de Dieu, humilité, sanctification, persévérance, etc. Mais au delà de toutes ces leçons, l’histoire de Job me fait penser à un Job du Nouveau Testament. Lui aussi a tellement souffert. Si la souffrance a pris Job par surprise, Jésus , lui, était venu pour mourir. Il a descendu volontairement du confort le plus glorieux pour endurer l’agonie la plus écrasante et humiliante. Adorons-Le!
Beaucoup de chrétiens ne savent que très superficiellement le livre de Job, ils ont juste lu 3 chapitres parmi les 42. Leurs prédications et exhortations sont basées sur les 2 premiers chapitres ainsi que le dernier, 42. À part cela, ils citent quelques versets isolés pris hors contexte. Ils seraient surpris qu’à l’aube de la Réforme, ce livre était tellement fondamental pour les idéologies de la Réforme que Calvin a prêché 159 sermons dans la ville de Genève pendant une année (1554-1555).
Prêtons aujourd’hui une attention aux conversations entre Job et ses amis. Rappelons que bien que le livre soit présenté en forme poétique, il est fort probable que l’histoire de Job ait été transmise par tradition orale et que parvenue à Moïse, il aurait retravaillé l’histoire et lui aurait donné la forme littéraire que nous trouvons.
Fidèles à la coutume des anciens, ses amis se succèdent en respectant l’âge. Le plus jeune Elihou ne parlera qu’après que ses aînés se soient tus et aient épuisés leurs arguments.
Les amis de Job parlent en cycles et nous auront 3 cycles dont voici la structure:
Eliphaz parle en premier puis Bildad, et enfin Tsophar. Job lance une réplique après chaque discours.
– Eliphaz (chapitre 4 et 5)
Job répond (chapitre 6 et 7)
– Bildad (chapitre 8)
Job répond (chapitre 9 et 10)
– Tsophar (chapitre 11)
Job répond (chapitre 12 au 14)
– Eliphaz (chapitre 15)
Job répond (chapitre 16 et 17)
– Bildad (chapitre 18)
Job répond (chapitre 19)
– Tsophar (chapitre20)
Job répond (chapitre 21)
Ils vont se succéder de la même façon, sauf que le tour de Tsophar ne viendra pas. Après avoir répondu brièvement au discours plus bref d’ailleurs de Bildad, Job va interrompre Tsophar par un long monologue (du chapitre 27 au 32) qui mettra fin aux conversations. Elihou brisera le silence au chapitre 32 avant que Dieu n’intervienne du chapitre 38 au 41.
Les discours des amis de Job contiennent pas mal de vérités recommandables comme la Souveraineté de Dieu, Sa Justice, Sa Grandeur, la Providence divine, le fait que Dieu récompense le bien et punit le mal. Mais, le plus grand problème est qu’ils connectent faussement leurs argumentaires à la situation de Job. D’une part, certaines affirmations sont correctes en elles-mêmes malgré leurs conclusions qui sont pour la plupart des fois erronées. D’autre part, leurs arguments contiennent des vérités incomplètes comme ce fameux rêve d’Eliphaz au chapitre 4 qui commence bien en exaltant la perfection de Dieu et termine de manière erronée en concluant que Dieu est indifférent à la souffrance de l’homme, qu’Il ne prend pas garde à sa perdition. Vérité et hérésies sont parfois mélangées pour semer la confusion dans une âme troublée comme celle de Job.
Quand le cœur est mauvais peu importe la force de notre intelligence, Dieu trouvera que nos mots ne sont pas justes parce qu’avant tout nos cœurs ne le sont pas (42:7).
Job s’en est vite aperçu, il semble souvent leur dire ”Épargne-moi de votre dialectique car je ne vois aucune compassion en vous.”
Mes amis se jouent de moi … (16:20),
Et mes amis se sont détournés de moi … (19:13)
« Les amis » de Job analysent chaque mot que le pauvre exprime dans son extrême douleur et s’en servent pour l’enfoncer davantage sans pitié.
Vers la fin de l’histoire, Dieu juge ses amis et affirment la droiture de Job !
Certains théologiens ont lutté pour comprendre en quoi consistait la droiture de Job car visiblement ses discours sont loin d’être parfaits. Calvin a un penchant trop fort pour Elihou, qui pour lui, est le théologien par excellence dans cette histoire. Calvin admet que Job aurait même blasphémé contre le nom de Dieu et accusé Dieu d’être un tyran. Selon lui, Job cherche à se justifier et parfois défi ouvertement la justice de Dieu. Calvin voudra comparer les plaintes de Job avec celles de David dans les Psaumes, qui elles, se terminent toujours par une note de célébration, d’adoration et de confiance en Dieu. Pour lui, David lutte mieux avec la souffrance que Job. Mais Calvin semble pousser les choses un peu trop loin. Job n’a jamais maudit Dieu mais plutôt son existence. Il est résolu à plaider sa cause DEVANT Dieu et pas CONTRE Dieu. Nous comprenons la préférence de Calvin pour Elihou car il articule mieux que quiconque la doctrine réformée de la Providence divine. Mais il faudra noter que d’autres croyances orthodoxes sont aussi trouvées dans la bouche des amis coupables de Job.
Par contre, Karl Barth semble mieux comprendre la question de la droiture de Job. Karl Barth réalise avec justesse qu’au milieu de la souffrance Job continue d’appeler Celui qui paraît être responsable de cette souffrance. Job n’a jamais douté de sa relation avec Dieu, même quand cette relation lui paraîssait étrange. Il continue d’aller vers Celui qui semble le détruire , Il l’appelle même si les mots pour s’exprimer sont parfois trop amères et ne peuvent pas résister à une “sérieuse exégèse”. Mais dans chaque chose, il s’accroche à Dieu. Karl Barth affirmera alors que si Dieu reconnaît la droiture de Job (42:7), matériellement la parole finale doit être trouvée dans son soupir qu’il exprime devant Dieu et pas dans son raisonnement.
La restauration de Job ne commence pas dans le chapitre 42 comme on aurait tendance à le manifester, mais bien avant que Dieu n’intervienne. Au chapitre 38, Il est déjà à l’oeuvre. Par l’Esprit, nous pouvons discerner l’oeuvre de Dieu au milieu des discours imparfaits de Job.
Au chapitre 16:19 Job reçoit la révélation de la justification de Dieu. Il croit qu’au ciel il a un TÉMOIN … En contraste aux amis qui le condamnent, le Témoin le défend (1Jean 2:1).
Dans les ténèbres épaisses et en profonde détresse, Job reçoit la grâce de voir Christ, Celui qui nous justifie. C’est la plus précieuse vérité à laquelle nous pouvons nous accrocher quand on souffre.
Plus tard, il va recevoir la révélation de la doctrine de la résurrection, au moment où elle est de moins en moins développée dans l’Ancien Testament. Même des siècles plus tard, elle ne sera pas mieux articulée avant la venue de Jésus-Christ (19:25-26).
N’avaient-ils pas fait des kilomètres en volant au secours de leur ami ? N’avaient-ils pas passé toute une semaine avec lui … ? Mais quand ils ouvrent leurs bouches, Job n’a que ces mots pour décrire ce qu’il voit d’eux:
“Je suis environné de moqueurs et mon âme doit contempler leurs insultes (17:2)
Jusqu’à quand affligerez-vous mon âme et m’écraserez-vous de vos discours? (19:2)
Donnez-moi seulement cette consolation, laissez-moi parler et quand j’ aurai parlé, tu pourras te moquer (21:2-3)
Vous êtes tous des consolateurs fâcheux (16:2).”
Il est facile d’être furieux contre les amis de Job. Mais ne sommes-nous pas tous comme eux au fond? Savons-nous réellement souffrir avec ceux qui souffrent, rester là, prier avec eux, les aimer et les aider jusqu’à ce qu’ils se relèvent triomphant?
Job a dit « Si vous étiez à ma place » (16:4), mais sentons-nous la douleur, la détresse, comme si c’était nous mêmes qui souffrons ? Nous posons quelques bonnes actions, prodiguons quelques paroles d’encouragement, mais aimons-nous réellement comme si nous souffrions à leur place?
Seuls ceux qui expérimentent la proximité avec Jésus peuvent exercer ce ministère, être aux côtés de ceux qui souffrent et qui sentent que Dieu est loin, les assister jusqu’au moment où ils sentent à nouveau que Dieu est présent et proche d’eux.
P.S Pour une étude plus approfondie sur la façon dont Calvin, Karl Barth et Thomas d’Aquin ont essayé de comprendre la droiture de Job, utilisez ce lien: http://jsr.shanti.virginia.edu/back-issues/vol-4-no-1-july-2004-the-wisdom-of-job/the-goodness-of-jobs-bad-arguments/
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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