Il y a 40 ans Dieu a appelé dans sa gloire « Le Docteur », comme on l’appelait souvent de son vivant. Je saisis de l’occasion pour présenter ce héros dans l’espoir de le recommander vivement à ceux qui font leur chemin dans la théologie réformée.
Si on me réveillait au milieu de la nuit pour me demander trois théologiens qui auraient eu tant d’impact sur moi, je citerais sans hésiter : A.W Tozer, John Piper et Martyn Lloyd Jones. Mais l’influence de ce dernier s’élève colossalement au-dessus des autres. Il y a 40 ans Dieu a appelé dans sa gloire « Le Docteur », comme on l’appelait souvent de son vivant. Je saisis de l’occasion pour présenter ce héros dans l’espoir de le recommander vivement à ceux qui font leur chemin dans la théologie réformée. Mon article sera jalonné ici et là de quelques éloges personnels à son égard dans un sentiment de gratitude envers le Dieu qui le suscita et mis sur mon chemin ses merveilleux ouvrages. ‘Quel type de calviniste serais-je devenu sans M.L Jones?
Mon chemin vers le calvinisme est un peu intriguant et ferait objet d’un long article en soi. L’arminianisme wesleyen me convenait bien. J’étais imprégné d’une spiritualité méthodiste, un revivalisme de Finney et le mysticisme « tozerien ». Stott était mon compagnon depuis l’adolescence, ma connaissance des Ecritures n’était pas si médiocre. Les plus avisés diraient que c’était un amalgame théologique inconsistant ! Et oui sache que je ne voulais pas en être exorcisé.
J’étais né de nouveau, j’aimais le Seigneur et le servait avec beaucoup de zèle. Je méprisais la culture arminienne ambiante de mon contexte, mais en même temps le calvinisme me choquait. Pour moi c’était une secte chrétienne. Je me souviens encore de ce livre plein d’essais de Abraham Kuyper[1] en 2003. Je ne sais même pas comment ce livre est parvenu dans ma collection. Ca me dérangeait tellement au point de vouloir m’en débarrasser à plusieurs reprises sans jamais y parvenir. Quelques années plus tard, j’étais agenouillé dans une bibliothèque, larmes aux yeux, livres aux mains (la théologie systématique de Hodge et Berkhoff) m’écriant « Sweet and Sovereign Lord ». Seigneur, tu es autant délicieux que majestueux. C’était le début d’une nouvelle ère, une sorte de renaissance.
Il ne me fallut pas longtemps avant de réaliser que cette nouvelle direction n’était pas sans défis. Je ne voulais pas faire une adhésion aveugle à un système théologique tout fait. Je voulais rester en conversation intelligente et objective avec mon passé, mon arrière-plan et mes expériences passées. Je voulais tout soumettre dans un examen sérieux des Ecritures. Au fond j’étais convaincu qu’il y avait des lignes de continuité et discontinuité avec mon héritage tant spirituel que théologique mais je ne voyais pas comment les tracer. Je voulais garder mes yeux ouverts et mon cœur humble. Réformé novice que j’étais, je voulais avoir quelques compagnons fiables pour me guider dans cette nouvelle aventure.
En 2005, une personne m’a offert deux commentaires de la Bible et un livre. D’un côté le commentaire de John MacArthur et sa critique virulente du mouvement charismatique : charismatic chaos et de l’autre côté le commentaire charismatique de Jack Hayford, Spirit Filled Life Bible[2]. Inutile de dire que j’étais doublement déçu. Vous comprenez alors que ma quête de compagnons n’allait pas être chose facile. C’est ici que Martyn Lloyd Jones vint en mon secours. Mais qui est donc cet homme envoyé par la providence pour m’éclairer ?
Calviniste méthodiste? Contradiction de termes ? Je ne pense pas. Ce terme désignait ceux qui combinaient la passion méthodiste et la logique calviniste. Dans la lignée de William Williams, Howel Harris et autres, Martyn Lloyd Jones comme les autres calvinistes méthodistes cherchaient à faire une riche combinaison entre les forces du méthodisme et calvinisme sans toutefois succomber à l’incohérence doctrinale. Ils voulaient combiner le feu des émotions avec la force de l’intelligence, l’emphase sur l’expérience et la nécessité de la doctrine, une préoccupation de la pensée correcte et la passion pour la puissance du Saint Esprit, un bon équilibre entre la connaissance objective et subjective de Dieu.
Livres, essais et articles ont été écrits sur la vie et la théologie de M.L Jones[4]. Je me contenterai ici d’une brève présentation. Il est né au Pays de Galles à Cardiff et a grandi à Llangeitho, Ceredigion. Il vint à Londres pour faire ses études de médecine. Il était brillant de façon qu’il devint assistant du célèbre docteur royal Sir Thomas Horder avant même de décrocher son diplôme. Sir Thomas Horder dira plus tard de lui comme étant le penseur le plus aigu qu’il ait jamais rencontré. Il obtint son doctorat à l’âge de 23 ans et avant de fêter ses 25 ans il avait déjà des qualifications médicales post universitaires comme MRCS, LRCP and MRCP.
Il deviendra le gendre du fameux Philips et n’aura que deux filles, Elizabeth et Ann. Son avenir était brillant à Londres, sa carrière médicale tellement promettante. Thomas Horder lui proposa de devenir Professeur Assistant. Mais depuis deux ans un feu de devenir prédicateur le rongeait et finit par décliner la grande et belle offre du Sir et retourna au Pays des Galles pour occuper le pastorat à Aberavon. Après une décennie, il retourna à Londres en 1939 dans la chapelle de Westminster, travaillant aux cotés de G. Campbell Morgan devenant seul pasteur en 1943 quand ce dernier prit sa retraite.
Dans la même année 1939 il est devenu président de IFES « Intervarsity Fellowship of Students et protégea la jeune organisation des méfaits de la théologie libérale. Pendant plus de trente ans, il prêcha aux étudiants de Londres, dont JI Packer qui subit une grande influence du Docteur. D’autres étudiants internationaux dont celui qui deviendra le président du Kenya, Moi constituaient son audience régulière. Ils eurent aussi la belle opportunité de l’écouter chaque dimanche et les études bibliques du Vendredi soir.
Bien que Dieu le détourna de sa carrière médicale, les aptitudes acquises pendant sa formation médicale lui venaient souvent en aide dans le ministère. Il appliquait ses qualités analytiques de médecin pour disséquer avec beaucoup de soin et de précision un passage, prêchant parfois juste la moitié du verset dans un sermon ou plusieurs années un seul livre de la Bible. Il écrivit 14 volumes sur l’épitre aux Romains, dont le premier a été publié en 1970. Il écoutait et conseillait avec une préoccupation d’un médecin pasteur. Son livre sur la dépression spirituelle en est une grande évidence.
Martyn Lloyd Jones avait succédé un leader de tendance arminienne mais lui, il était un calviniste robuste et prêcha dans cette lignée. Il n’avait aucune formation formelle en théologie bien que plus tard on lui proposa des doctorats honoraires qu’il déclina. Il avait dévoré tous les puritains et revivalistes du passé qu’il cite abondamment dans tous ses sermons.
En 1968, il subit une opération chirurgicale importante mais qui réussit. Après son rétablissement il décida de prendre sa retraite et se concentra sur les publications de ses livres. Il mourut paisiblement le 1er Mars 1981 dans son sommeil. Il fut enterré à l’Ouest du Pays de Galles, à Newcastle Emlyn, près de Cardigan.
Son impact fut énorme mais je ne me garderai de mentionner deux domaines où il apporta une plus grande contribution :
Il arrive souvent que l’histoire retienne les éléments observables et publics de nos vies. Mais les plus proches savent ce qui nous est le plus cher. Sa femme voyait son mari avant tout comme un homme de prière et un évangéliste[8]. Plusieurs fois, il parcourait seul les rues de Londres en évangélisant et ses sermons contenaient tellement d’applications pour bousculer et interpeller le chrétien formaliste. S’il n’a pas vu le même réveil que son pays natal avait vu dans les années 1850, seul sa femme sait combien ferventes ses prières étaient et ses intercessions agonisantes, plaidant avec Dieu pour qu’il envoie le feu de son Esprit. Il eut la sagesse et l’humilité d’attendre cet acte souverain sans rien manipuler. Aujourd’hui plusieurs prédicateurs ou pasteurs ont été ranimés spirituellement par ses sermons et sa contribution pour la cause du Réveil est allée au-delà des portes de Westminster. Seul Dieu sait diriger notre impact et l’éternité révélera la portée spirituelle de notre influence.
Piper dont la théologie sur le Saint Esprit fut lourdement influencée par M-L Jones est un des grands leaders du mouvement reformé charismatique. Mais un fait est observable : son maître a parlé et écrit sur le sujet du Saint Esprit plus que son disciple, qui lui, a choisi de prioriser le côté affectif de la spiritualité chrétienne tant négligé dans les cercles réformés. Néanmoins, plusieurs auraient souhaité que Piper écrive et prêche plus souvent sur le Saint Esprit. Il nous faudra donc chercher ailleurs et fort heureusement les contributions des autres sont très importantes. J’aimerais partager ma liste des 10 livres les plus importants sur le Saint Esprit que chaque réformé devrait lire.
Et Martyn Lloyd Jones ? Lisez tout ce vous pouvez trouver sur lui. Sur le site https://www.mljtrust.org/meet-mlj/ qui cherche à perpétuer son héritage théologique vous pouvez écouter tous ses sermons gratuitement.
Néanmoins, dans ce voyage, il est essentiel de laisser les autres défier notre théologie. Qui choisirais-tu ? Un théologien sage, humble, très fort et candide. Certains auteurs et prédicateurs non charismatiques sont loin d’être charitables. Ils sont tellement agressifs et manquent un tact pur, une écoute respectueuse et une langue bénigne. Je vous conseille trois auteurs cessationistes qui vous seront très bénéfiques :
[1] https://toutpoursagloire.com/biographie-theologien-reforme-abraham-kuyper/
[2] J’aimerais formuler ici un mot d’excuse. Je suis loin de vouloir dire que celui qui est appelé le Standard d’Or des pentecôtistes par Christianity Today aurait édité un commentaire hérétique. C’est un bon et utile commentaire. J’aime Jack Hayford, et il m’inspire encore dans le ministère pastoral. En tant qu’adorateur et amateur des chants, ses livres et hymnes m’ont beaucoup aidé et je chante toujours Majesty avec passion. Seulement a cette phase particulière de ma vie que je traversais, j’étais à la recherche d’une solide exégèse des versets relatifs aux dons surnaturels du Saint Esprit et je n’ai pas été satisfait par le commentaire. La même chose peut être dit de Mcarthur qui est un enseignant de la Parole respecté dans le monde évangélique. J’utilise encore son commentaire quand je prépare mes leçons mais ses arguments contre la continuité des dons surnaturels et ses commentaires de 1 Cor 12-14 ne m’ont jamais convaincu. Le livre Charismatic Chaos contient un ton trop polémique et un langage non charitable.
[3] https://www.growingingrace.blog/2019/11/03/who-were-the-calvinistic-methodists/
[4]– Iain Murray a connu personnellement Martin Lloyd Jones, l’a assisté dans le pastorat pendant trois ans et devint son principal publicateur. Il a fondé Banner for Truth, une maison de publication qui publia les œuvres de Martin Lloyd Jones. Il a écrit deux volumes sur la vie Martyn Lloyd Jobes
– son petit-fils Christopher Catherwood, auteur et historien lui-même a écrit abondamment sur son père.
– en 1991, lors de la conférence pour pasteurs, John Piper a livré une présentation excellente sur le Docteur. https://www.desiringgod.org/messages/a-passion-for-christ-exalting-power
[5] Dr Bailie a fait son doctorat sur Martyn Loyd Jones, dans cet article il essaie d’expliquer ce que le docteur voulait dire : https://www.thegospelcoalition.org/article/what-is-logic-on-fire/
[6] D. Martyn Lloyd-Jones, Preaching and Preachers, (Hodder & Stoughton, 1971), 53-92
[7] Ses livres sont encore vendus par Banner for Truth, il est très rare de trouver un pdf gratuit mais sur ce site vous pouvez écouter gratuitement tous ses sermons, par exemple celui-ci sur le baptême et plénitude du Saint Esprit : https://www.mljtrust.org/search/?q=baptism+in+the+spirit
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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