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Mon adulation modeste pour John MacArthur

Réflexion sur l’effet des failles du ministère de John MacArthur sur l’avenir du mouvement réformé au Burundi

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Vient de mourir un homme ayant contribué à la consolidation de l’Evangile mais dont les imperfections qui s’y ajoutaient le disqualifient pour être mon modèle pour le ministère, des imperfections qui devraient être évitées par la petite communauté naissante des réformés au Burundi.

18 Juillet 2025

Beaucoup disent : « c’est un grand homme qui vient de nous quitter, un grand homme de Dieu. » Pour d’autres c’était juste un pasteur réformé, influent dans l’evangelicalisme américain, une figure importante dans la résurgence du calvinisme. Après notre série sur l’Histoire de l’Eglise au Burundi, je me dois de rompre ma pause pour écrire sur l’héritage de John MacArthur décédé ce Lundi à l’âge de 86ans. Mais que représentait-t-il pour l’Eglise du Burundi?

La théologie réformée au Burundi et l’influence de John MacArthur

La théologie réformée au moins dans sa sotériologie n’est pas juste une invention de Calvin mais un retour à la théologie paulinienne et Augustinienne. Une approche interprétative de la Bible centrée sur Christ, culminant dans la gloire et la suprématie de Dieu, et une révérence doxologique en la souveraineté  de Dieu dans le salut pour des rebelles, qui,  abandonnés à eux-mêmes sont sans espoir en dehors de l’œuvre de Dieu ne sont pas le produit de la dernière mode religieuse. Nous pouvons croire que longtemps avant le nouveau calvinisme, des burundais aient pu lire la Bible et parvenus aux mêmes conclusions théologiques que nous,  indépendamment des influences extérieures et des étiquettes.

Si on devrait faire une enquête, on trouverait des burundais qui s’identifieraient au témoignage suivant de ce jeune homme :

À dix-sept ans, j'ai lu la Bible en entier pour la première fois. Cette première lecture des Écritures m'a convaincu de la souveraineté et de la providence de Dieu sur toutes choses, y compris le salut de l'homme. Bien qu'ayant grandi dans l'Église et n'ayant jamais entendu parler de la doctrine de l'élection souveraine, je la trouvais merveilleuse et glorifiant Dieu. J'étais curieux de savoir ce que les autres pasteurs ou théologiens enseignaient sur ces vérités, et à cette époque, mon père m'a offert une série de cassettes de John MacArthur intitulée ‘Chosen by God’, une exposition en quatre parties de 1 Pierre 1:1. Entendre MacArthur décortiquer la doctrine de l'élection souveraine avec une clarté et une conviction incroyables a confirmé pour moi ce que j'avais vu par moi-même dans les Écritures. À ce moment-là, je ne connaissais pas la terminologie du « calvinisme » ou de la « théologie réformée » ; je savais simplement que ce que je voyais était vrai dans le texte même des Écritures. Et MacArthur a renforcé, par son enseignement, cette haute conception de la souveraineté de Dieu. Une vision à laquelle je me suis attaché avec joie depuis.

En plus de cette découverte indépendante de la théologie biblique réformée en lisant la Bible, on peut trouver dans nos hymnes qui datent depuis l’époque des missionnaires des déclarations ouvertes réformées comme cet hymne qui affirme haut et fort la doctrine de la persévérance des saints : He will hold me Fast 326

Iyo ntinye ko kwizera Kwanje kwobura.
Iyo ngira nneshwe rwose, Yesu ni w'amfata.
Yes' aramfata,
Kand' akangumya;
Kukw ankunda bihebuje,
Yes' arangumya.
Urukundo rwanje ruke Ntirwomufata,
Sinomugumbir' ubganje, Kukw ari w' angumya.
Ntiyondeka; kukw ankunda Naho ndi mubi,
Ahimbarwa no gukiza, Nukw arangumije.
Ntiyokunda k'ubugingo Bganje bushira,
Yabucunguj' igiciro, Kandi ni w' angumya.

La troisième source de la théologie réformée au Burundi réside dans les textes anciens et régulateurs des missionnaires enfouis dans les archives de ces églises. Des archives poussiéreux car des traditions et des règlementations supplémentaires ont été ajoutées et supplanté  voire effacer la beauté de textes fondateurs. J’ai récemment interviewé une étudiante dans ma classe des doctrines pour savoir si le livre de la prière ‘Book of Common of Prayer’ promeut la théologie réformée sous la plume de Thomas Cranmer et elle n’en avait aucune idée. Elle était juste heureuse de penser qu’elle apprend la théologie réformée pour la première fois dans les classes de Little Flock Ministries. Je ne souscris donc pas à l’idée de certains qui disent que tel individu aurait apporté la théologie réformée au Burundi.

Néanmoins la résurgence du calvinisme américain et l’influence de l’internet et des medias a exposé les burundais au mouvement américain du Nouveau Calvinisme et contribué à la redécouverte de la théologie réformée. Une des figures qui influençaiT ses premiers propagateurs, était John MacArthur.  J’ai rencontré des gens totalement obsédés par ce pasteur californien. Je crois qu’au moins quatre aspects le rendaient attrayant auprès des jeunes burundais qui embrassaient la foi réformée :

  • John MacArthur était un arriviste comme nous tous. Fils et petit-fils et arriere petit fils des prédicateurs, MacArthur est né le 19 juin 1939 à Los Angeles, où son père, « Jack » MacArthur, était pasteur à l'église baptiste de Manchester. Son père est devenu évangéliste itinérant et la famille a vécu à Chicago et à Philadelphie avant de retourner à Los Angeles, où son père dirigeait le ministère radiophonique « Voice of Calvary ». John macarthur avait un arrière-plan dans les dénominations indépendantes et il sera ordonné après ses études par les Eglises Indépendantes des Etats Unis. Il fut introduit à la foi réformée alors qu’il était déjà dans le ministère sous l’influence des livres et des vidéos de RC Sproul…un peu comme nous tous ! Qui aurait cru que cet homme allait devenir une voix puissante du calvinisme, jusqu’à initier Shepherd Conference, un rassemblement annuel des pasteurs évangéliques dans l’aile réformée. MacArthur n’aura jamais le style ferme mais humble et candide de R.C. Sproul dans les débats théologiques mais l’influence de ce dernier sur MacArthur avait dramatiquement changé sa trajectoire.
  • John MacArthur a hérité de son père la passion pour les medias qu’il a largement utilisés à travers ‘Grace to You’. Cela a étendu son influence bien au-delà de Grace Community Church et atteint la nouvelle génération. Aujourd’hui on peut écouter plus de 3000 sermons et dans différentes langues devenus gratuitement téléchargeables depuis 2008.
  • John MacArthur n’était ni un spécialiste ni un erudit. Il était beaucoup plus un prédicateur, éloquent, provocateur mais précis. Il a obtenu son diplôme de MDiv de Talbot University. Je sais qu’il a flirté avec le monde académique. En 1985, il fut nommé président de Los Angeles Baptist Seminary, qu’il transforma en Master’s College puis Masters university, un séminaire devenu interdenominationnel. Mais cela ne fait pas de lui un théologien académicien. Alors qu’il utilisait parfois le titre de docteur, il n’avait obtenu son doctorat qu’a titre honorifique de la part de Biola University. Cela ne l’a pas empêché d’écrire un commentaire biblique, devenu un bestseller.
  • John MacArthur était un controversiste sarcastique qui s’attaquait au mouvement charismatique, aux prédicateurs de la prospérité et aux égalitariens. Il était cruel envers ses opposants ce qui trouvait l’écho dans l’ardeur de la jeunesse. Nos jeunes adulent ce genre d’héros.
  • Les failles du ministère de John MacArthur miroitées dans le mouvement réformé du Burundi

    Contrairement à mon ami et co-ouvrier à l’époque Mpundu Florentin, j’ai toujours eu une adulation très modeste envers John MacArthur. Je craignais que l’influence de MacArthur ne donne au mouvement naissant des débuts immatures et maladroits. Ce qui malheureusement a fini par arriver. L’exploration profonde  de cette situation déplorable prendrait tout un livre mais résumons-la en cinq points.

    La théologie de conversion de John MacArthur

    Il est arrivé pasteur de Grace Community succédant en 1969 au révérend Richard Elvee qui était mort en 1968. Depuis son arrivée,  l’Eglise stagnante connut une croissance exponentielle allant jusqu’à devenir une mega church de près de 10.000 membres.

    Le premier sermon de MacArthur, intitulé « how to play church  », affirmait que la plupart des églises  étaient spirituellement mortes qu’il y avait trop peu de chrétiens authentiques. Ceci marquera le début d’un long combat contre la croyance facile qui le plongera dans la controverse de la théologie de la Seigneurie de Jésus. Sa théologie de conversion biblique sera développée dans son précieux livre “THE GOSPEL ACCORDING TO JESUS”. Un très bon livre.

    Autour de lui, on  mettait l'accent sur l'aspect mental de la « croyance » du salut. En résumé, on pouvait prendre une « décision » pour Christ, ne jamais produire de fruits authentiques, et être néanmoins considéré comme chrétien parce qu'on avait « cru ».

    On peut  résumer ainsi son enseignement :

    « L'appel de l'Évangile à la foi présuppose que les pécheurs doivent se repentir de leurs péchés et se soumettre à l'autorité du Christ.» Autrement dit, un pécheur qui refuse de se repentir n'est pas sauvé, car il ne peut s'accrocher à son péché et au Sauveur en même temps. Et un pécheur qui rejette l'autorité du Christ dans sa vie n'a pas la foi salvatrice, car la vraie foi implique un abandon à Dieu. Ainsi, l'Évangile exige plus qu'une simple décision intellectuelle ou une simple prière. Les brebis suivront leur berger dans une obéissance soumise. Néanmoins petit à petit l’application de sa  théologie s’est rétrécie, refusant de reconnaitre le salut à quiconque n’appartenant pas à son camp théologique.
    Nous savons que les trois éléments de la foi authentique sont connus pour être : notitia, ou  "la connaissance "; assensus, ou "assentiment"; et  fiducia, ou "confiance."

  • La foi doit avoir un contenu intellectuel. Elle ne peut être vide ni aveugle, mais doit s'appuyer sur la connaissance de certaines vérités fondamentales. Romains 10:9, Jenn 20:31. Mais ceci ne signifie pas que l’on est sauvé en embrassant un système théologique appelé calvinisme.
  • La foi exige l’assentiment qui est la conviction que les connaissances que l'on possède sont factuellement vraies et reçues personnellement et par le cœur. Jean 5:46–47; 8:31–38, 45–46; 10:37–38; 14:11. Ceci est l’œuvre de l’Esprit et peut être subjective et difficile à cerner.
  • Fiducia est l’élément qui consiste en une confiance personnelle en Christ tel qu'il est proposé dans l'Évangile et en une dépendance totale envers lui pour le salut. On le retrouve dans des passages qui parlent de croire « en » ou « sur » Jésus (par exemple, Jean 3:15-16 ; Romains 9:33 ; 10:11) et dans des passages qui parlent de « s'appuyer » ou de « se reposer » sur Jésus (Psaumes 71:5-6 ; Proverbes 3:5-6), de « regarder » vers lui (Jean 6:40 ; Hébreux 12:1-2) et de « s'engager » envers lui (2 Timothée 1:12 ; Matthieu 11:28 ; Psaumes 37:5).
  • Il arrive qu’on mette l’accent sur un de ces éléments aux dépens du reste. Cela se passe dans les cercles réformés aussi bien que non reformés. Il est vrai que notre contexte arminien dominé par le decisionnisme et un manque de substance kérygmatique dans les prédications a besoin d’être défié. Mais cela doit être fait pastoralement comme John Piper le fait ici où il répond et discute sur la théologie de la Seigneurie de Christ.

    J’ai lamentablement assisté à une application pastoralement maladroite de cette théologie de conversion dans notre première initiative de church planting avec Pilgrims Chapel, devenu Pilgrims Church,  ce qui a laissé tant de personnes désorientées et frustrées et sans aucune assurance du salut. Ceci est sain quand cette situation a été suscitée par le Saint Esprit qui ne s’arrête pas là mais nous conduit dans les sentiers du salut, de la joie et de la liberté en Christ. Mais lorsqu’il est rare de trouver un seul chrétien exhibant l’exubérance d’une vie vécue dans les promesses du salut en Jésus Christ, vous savez alors que la théologie de conversion s’est pratiquement transformée en un piétisme légaliste malgré le langage de grâce sur les lèvres. Lorsque nous commençons à dire qu’avant nous et en dehors de nous, il n’existe ni Evangile ni vraie Eglise, nous sombrons dans le délire sectaire.

    La théologie du Saint Esprit de MacArthur

    John MacArthur s’est vite transformé en un général impitoyable dans la croisade contre les charismatiques. Il publia The Charismatics en 1978 puis dans un style plus aggressif Charismatic Chaos en 1993, et finalement Strange Fire Conference en 2013 qui fut un véritable scandale. Pendant la conférence, il a qualifié tous les charismatiques de blasphémer contre le saint Esprit, allant jusqu’à attaquer Piper et Grudem de servir de couverture théologique à ces mouvements. Il reçut des acclamations mais d’autres déplorèrent une attitude hautaine et sans grâce. Il afficha un manque de tact et de nuance dans la controverse. Il ne comprit pas que le mot charismatique représente une grande étendue et que dans le large Spectrum il y a des nuances.

    Vous pouvez écouter ici le sermon de John piper sur la continuation des dons surnaturels.

    Mais une partie de la réponse de Piper à la controverse de Strange Fire a retenu l’attention des plus sages.

    « Il faut simplement se rappeler que si nous ciblons l'Église charismatique en raison de ce qui s'y passe sur les plans doctrinal et émotionnel, il faut aussi se rappeler des images miroir, tout aussi mortelles, qui se produisent également au sein des églises non charismatiques.
    « Les abus doctrinaux charismatiques, les abus émotionnels, les abus de discernement et les abus dus aux finances ont tous leur image miroir dans les églises non charismatiques. 
    »

    L’an suivant, des articles démontrant le style cher et extravagant de John MacArthur inondaient la toile. Celui qui condamnait les prédicateurs de prospérité vivait lui-même une vie luxueuse que nul autre pasteur/théologien reformé ne se permettait. Au cas où vous penserez que les enquêtes de Julie Roys sont biaisées, vous pouvez suivre l’interview de Justin Peters et Phil Johnson le directeur exécutif de MacArthur sur la question.

    Au Burundi ses fans parlaient démesurément contre tout ce qui avait l’air du surnaturel, émotionnel ou expérientiel. La plupart n’étaient pas des chrétiens de longue date et n’avaient qu’une faible expérience avec Dieu et pensaient que reprendre les propos agressifs  de John les rendaient matures. Mais vu d’un angle objectif la plupart ne faisaient que l’éloge de leur immaturité.

    Son style de prédication

    John MacArthur a eu d’influence sur les gens en tant que prédicateur et enseignant. Son style de prédication par exposition verset par verset a suscité tant d’admiration surtout quand on pense qu’il y a persévéré pendant plus de 50ans…

    Néanmoins cette méthode peut facilement favoriser des interprétations erronées dues au fait d’ignorer le récit global, le sens voulu par l’auteur, le fil conducteur de la pensée qui se relie aux parties précédentes ou même le récit plus vaste du livre. En interprétant le verset par exposition mais de façon isolée, il arrive souvent qu’un verset soit interprété comme un enseignement indépendant, alors qu'il s'agit en réalité de l'application d'un point théologique plus large exposé plus tôt dans le passage.

    Il est déjà arrivé que MacArthur use de simplification exagérée sans tenir compte des nuances du texte évitant les complexités du texte pour favoriser une thématique de son choix.

    Le problème est que nos burundais ont retenu son style au lieu d’apprendre que l’on peut appliquer la méthode d’interprétation historico-grammaticale tout en diversifiant des styles de prédication. Tout jeune réformé a commencé à penser que la meilleure façon de prêcher était celle de MacArthur sans approfondir ses connaissances exégétiques qu’ils peuvent appliquer dans des styles variés selon le contexte, l’audience, la personnalité et les besoins. Aujourd’hui encore beaucoup sont  ceux qui pensent que tout ce que nous avons à apporter sur la table dans ce contexte est de planter des églises qui pratiquent la prédication par exposition au style de MacArthur et chanter des hymnes traditionnels.

    MacArthur sur la justice sociale

    Il va sans dire que John MacArthur a eu de l’influence sur la culture américaine. Lorsqu’il prenait la parole, il faisait parfois la une des journaux nationaux.

    Pendant la crise de Covid il s’est attaqué aux autorités de Los Angeles et il a gagné le pari.  Pendant l'été 2020, MacArthur et d'autres responsables de l'église Grace Community ont décidé de tenir des cultes en personne, sans distanciation sociale ni port du masque, malgré les consignes de santé publique. Les responsables de l'église ont déclaré que les représentants du gouvernement n'avaient aucune autorité sur les services religieux, une affirmation qui a conduit l'église devant les tribunaux.

    La Cour suprême des États-Unis a finalement statué que les autorités californiennes ne pouvaient pas interdire aux églises de se réunir en personne. Cela a conduit le comté de Los Angeles à payer 400 000 dollars pour régler son litige avec l'église.

    Mais il n’a jamais utilisé son influence pour parler contre les injustices perpétrées à l’endroit des noirs. Ailleurs, j’ai déjà parlé  de l’indifférence des réformés blancs devant les injustices et les pressions que subit l’Eglise noire, ce qui suscite un malaise qui ne cesse de croitre auprès des noirs reformés des Etats Unis.

    John Perkins est un activiste bien connu et auteur de Dream with me : Race, Love, and the Struggle We Must Win. Un homme bien enraciné dans l’Evangile mais qui pousse ses implications dans la transformation sociale. En effet, il a lutté pour la justice sociale en s'appuyant sur des convictions évangéliques en tant que militant, ministre et organisateur engagé. Il a fondé la Christian Community Development Association (CCDA) pour faciliter une proclamation et une démonstration holistique de l'Évangile

    En 2018, lors de la commémoration de la mort de Martin Luther King, Perkins avait organisé une conférence et invité des leaders évangéliques et réformés comme John Piper, Matt Chandler. La conférence a irrité MacArthur et avec arrogance il a déclaré que parler de justice sociale et de race détournait l'attention de la prédication de l'Évangile et divisait l'Église.

    Un homme comme MacArthur du haut de son empire ecclésiastique religieux et médiatique n’a jamais réussi de comprendre vraiment les luttes du noir. La justice est tout acte de réconciliation qui restaure toute partie de la création divine à son intention, son but ou son image originels. Quand je pense à la justice sous cet angle, je ne suis pas du tout surpris que Dieu l'aime. Elle inclut à la fois les actes de justice sociale et la justice réparatrice trouvée sur la croix. ―  Pour Perkins, « justice sociale » et « croix » vont de pair

    Merci de lire cette lettre ouverte à MacArthur sur la justice sociale.

    Au Burundi cela se voit dans les failles de théologie des vocations et dans notre façon pastorale de gérer les conflits dûs aux inégalités sociales et différences ethniques. Je pense à toutes ces âmes qui nous croient matures à cause de nos exposés raffinés mais quand ils s’approchent plus près ils réalisent que nos actions sont souvent dictées par notre faux sens de supériorité culturelle, de l’auto-suffisance due à notre statut social et de l’arrogance ethnique. Ce qui choque le plus dans nos petits cercles réformés est que ces péchés sont moins graves devant Dieu que louper le sens du verset ou manquer à bien articuler doctrinalement sa foi.

    John MacArthur et son attitude envers les femmes

    Tous les complémentariens n’ont pas la même attitude que MacArthur, et n’iraient pas jusqu’à  ridiculiser et se moquer publiquement des prédicateurs féminins comme Beth Moore. Cela a même choqué ses amis complementariens. Ici Anyabwile s’excuse ouvertement au nom de tous les hommes.

    A cause de son idéologie patriarcale, MacArthur a plus d’une fois manifesté des comportements misogynes et sa philosophie sur les genres entrainait souvent des conséquences néfastes sur la façon de gérer les cas de counseling qui impliquaient les femmes dans son Eglise.

    Bien que sa position sur le divorce et le mariage soit connu ici où il démontre les raisons bibliques du divorce et autorisent le remariage même si le conjoint soit encore en vie, les femmes n’ont jamais reçu la dignité qu’elles méritaient sous son pastorat. Pensons au cas de cette femme qui fut contrainte de rester avec son mari qui abusait les enfants. Pendant des années, les dirigeants de l'Église ont pris le parti du mari, malgré sa condamnation pour abus. La femme fut humiliée par MacArthur qui déclara à toute la congrégation qu’elle n’était pas une vraie chrétienne. Un des Anciens de l’Eglise, Hohn Cho, découvre plus tard que plusieurs autres femmes avaient été maltraitées  par leurs maris et se sont confié qu’elles craignaient pour leurs vies et celles de leurs enfants mais furent demandées de rester avec leurs maris. Il démissionna.

    J’ai déjà parlé dans un autre article comment l’Association des conseillers bibliques certifiés a retiré le pasteur Bill Shannon, qui supervise le ministère de Biblical Counseling dans l’Eglise de John MacArthur, de sa liste de conseillers approuvés et de son statut de membre de l’ACBC. L’Association a pris cette décision après avoir mené des enquêtes concernant les pratiques de counseling de Shannon and Grace Community Church. Dans le cadre de l’enquête, l’ACBC a entendu le témoignage de plusieurs femmes qui affirmaient que le ministère de counseling dans l’Eglise de John Macarthur protégeait les agresseurs tout en nuisant à leurs victimes.

    Au Burundi encore ses partisants se sont aveuglement joints à la campagne, méprisant tout prédicateur féminin ignorant que le débat du ministère des femmes a été alimenté et nourri par la culture de controverse américaine et qu’au Burundi on a vraiment besoin de bien choisir nos batailles.

    Un héritage entaché?

    Ok vous voulez savoir si je dois déposer un bouquet de fleurs sur sa tombe et lui rendre hommage comme un grand homme de Dieu! Je vais parler sans vergogne…

    Vient de mourir un homme de Dieu qui pouvait mentir dans ses sermons concernant ses prouesses sportives. Cleveland Browns ne l’a jamais contacté pour qu’il remplace Warfield en professionnel, une offre qu’il aurait soi disant décliné parce qu’il étudiait la théologie pour le ministère. Cet incident est aujourd’hui connu qu’il s’est passé en 1965 selon New York Times, après que MacArthur ait quitté le Séminaire. Même Christianity Today est ici sceptique des records sportifs qu’il aimait s’attribuer.

    «Il affirmera plus tard avoir été recruté par de nombreuses équipes professionnelles, dont les Redskins de Washington et les Browns de Cleveland, mais les archives scolaires montrent qu'il n'était pas un joueur exceptionnel au sein de l'université californienne. Une année, il n'a réalisé que cinq plaquages et trois yards à la course. » Nous savons tous que MacArthur adorait dire qu’il a choisi le chemin du ministère au lieu de devenir une vedette sportive, mais…

    Vient de mourir un homme qui prêchait l’Evangile de Jésus Christ et qui a eu un impact positif sur tant de gens. Mais j’ignore si sa soif de connaitre et faire connaitre était toujours motivée par la gloire de Dieu. J’ai jamais vu en lui un homme humilié par Dieu, boitant comme Jacob, touché par Dieu and parlant peu parce qu’il a tellement vu.

    Vient de mourir un homme ayant contribué à la consolidation de l’Evangile mais dont les imperfections qui s’y ajoutaient le disqualifient pour être mon modèle pour le ministère, des imperfections qui devraient être évitées par la petite communauté naissante des réformés au Burundi.

    Vient de mourir un homme de Dieu qui maintenant se tient dans la présence, et connait enfin comme il a été connu car c’est seulement à  la lumière de la sainte et parfaite lumière que nous pouvons connaitre la vérité. J’espère que devant cette lumière glorieuse, il a réalisé qu’il n’avait pas besoin d’être trop confiant dans toutes ses positions sur terre. N’attendons pas ce moment inévitable pour être humble.

    author-prof

    NIKIZA Jean-Apôtre est né de nouveau en 1997 et appelé au ministère en 2005. Il est pasteur, enseignant, conférencier et écrivain. Il est fondateur du blog Sa Bannière depuis 2018, du mouvement biblique Green Pastures depuis 2015 et co-fondateur de Little Flock Ministries. Il est passionné par la spiritualité chrétienne et le renouveau de l’Eglise. Marié à Arielle Trésor NIKIZA, ensemble ils sont pionniers du mouvement des Hédonistes chrétiens au Burundi. Ils ont deux enfants : NIKIZA Thaïs Garden et REMESHA Nik-Deuel Trésor. NIKIZA Jean-Apôtre est aussi connu pour être un lecteur assidu des livres. Les grandes influences qui ont façonné sa vie et le ministère sont: Martyn Lloyd Jones, John Piper et A.W Tozer. Ses passe-temps sont : la musique, le basketball, les films et un bon sommeil.

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