Ma somniloquie n’est pas récurrente au quotidien, plutôt très occasionnelle mais quand je me réveille, je peux presque tout reproduire à l’écrit. Il arrive que je prenne mon téléphone pour réécrire tout ce que je viens de dire dans mon sommeil pour ajouter des améliorations et retouches ici et là plus tard. Aujourd’hui il s’agissait d’un sujet important : n’enviez pas les diasporas, mais priez pour eux.

NE LES ENVIEZ PAS…

Avez-vous souvent ce sentiment comment quoi notre pays trempe depuis un certain temps dans un bourbier…un bourbier dont on ne connait pas réellement la profondeur ? Moi aussi. Dernièrement un couple missionnaire britannique qui  nous est proche et nous visite chaque année nous a dit un truc qu’ils n’avaient jamais dit auparavant. On les avait pris dans un bon restaurant pour une conversation paisible. Puis ils nous ont regardés, avec un air inhabituellement stupéfait : nous ne savons pas comment vous faites pour continuer à servir Dieu dans ce pays, il faut vraiment du courage. Ca fait des années que l’on fait des allers et retours dans ce pays, mais on n’avait jamais eu un cœur aussi lourd pour ce pays et ce qui s’y passe et surtout de l’admiration pour le courage de ceux qui survivent ici et continuent à aimer et servir Dieu avec joie.

Dans de telles circonstances, le premier réflexe est de vouloir quitter le pays à tout prix. Qui n’a pas remarqué un exode massif des burundais vers l’étranger dans ces cinq dernières années. Quitter par tous les moyens est la devise. Nous avons même arrêté d’évaluer le caractère moral et éthique de nos moyens de « sortie ». J’ai récemment eu un sentiment comme quoi il s’est progressivement établi un pacte non verbalisé et collectif de ne plus nous juger mutuellement pour ça. Pourvu que l’on quitte ce pays ! Nous envions ceux qui sont parvenus à quitter le navire, convoitons leur « Rehoboth » et nous plaignons de notre sort constamment. Aujourd’hui, je me suis réveillé avec une parole de saison sur mon esprit : ne les enviez pas, priez pour eux…

PAUVRES DIASPORAS…!

Vous arrive-t-il de penser à cette souffrance de ne plus vivre parmi son propre peuple ? Il est curieux de voir comment la Bible décrit les étrangers comme ceux qui méritent notre pitié et compassion. Elle nous demande de nous soucier de leur bien-être. Au fait la Bible met souvent les étrangers dans la même catégorie que les veuves et les orphelins.

Exode 22:21-22:

"Tu n'exploiteras point l'étranger, et tu ne l'opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Vous n'irriterez point la veuve et l'orphelin."

Deutéronome 10:18:

"Il fait droit à l'orphelin et à la veuve, il aime l'étranger, et lui donne la nourriture et le vêtement."

Psaume 68:5:

"Père des orphelins, défenseur des veuves, C'est Dieu, dans sa sainte demeure."

Psaume 146:9:

"L'Éternel protège les étrangers, il soutient l'orphelin et la veuve, mais il renverse la voie des méchants

L’ORDRE DIVIN

Une des choses intéressantes à propos des peuples et nations est que Dieu a ordonné et établi des limites territoriales pour les nations, de telle façon qu’il n’y a qu’un seul peuple auquel on peut véritablement s’identifier avec comme le nôtre.

Quand le Très-Haut donna un territoire aux peuples, quand il dissémina les hommes sur la terre, en fixant les frontières des diverses nations, il tint compte du nombre des enfants d’Israël. Deutéronome 32.8 -Semeur

Dans le fameux discours préliminaire de Paul à l’Aréopage d’Athènes, il part de la révélation générale à la révélation spéciale. Pour souligner la grâce commune et la bonté générale de Dieu, il évoque l’idée d’un Dieu ayant fixé les frontières des nations.

"Il a fait que tous les hommes, sortis d'un seul sang, habitent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé les temps fixés et les limites de leur demeure." Actes 17:26.

En d'autres termes, Paul souligne que Dieu est le créateur de toute l'humanité et qu'il a établi les frontières géographiques et temporelles des différentes nations, les dirigeant et les plaçant là où il le souhaite.

Ceci ne veut pas dire que l’on ne peut pas valablement quitter son pays et s’installer à l‘étranger pour des raisons professionnelles, des raisons d’étude, de santé,  des raisons sécuritaires ou missionnaires. Dieu pourrait nous appeler à Le servir loin de notre propre peuple et payer un prix émotionnel élevé de servir dans un contexte cross culturel.

Néanmoins, peu importe les raisons qui nous poussent à vivre à l’étranger, soyons comme Paul. Bien qu’il fût missionnaire auprès des Gentils, Paul considérait constamment les Israélites comme ses « parents selon la chair » et entretenait avec eux un lien profond.

Romains 9 révèle un Paul profondément enraciné dans son identité juive, souffrant pour son peuple tout en témoignant de la foi en Christ aux non juifs.

J'éprouve une grande tristesse, et j'ai dans le cœur un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair, Rm 9 :2-3

Prions pour eux

Malgré cela un chrétien possède double citoyenneté, au sens spirituel. Il est à la fois citoyen du monde et citoyen du royaume de Dieu. Il doit garder ses priorités centrées sur Dieu et le royaume céleste. La résurrection de Christ a désormais transformé la perspective du croyant :

Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d'en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Colossiens 3 :1-3

Un des chapitres poignants du Nouveau Testament est le 11ème chapitre de l’épitre aux Hébreux. Après avoir montré comment le monde persécute, tue, maltraite et fait souffrir le chrétien qui n’accepte plus de vivre selon les idéaux de ce monde, l’auteur nous transporte dans la beauté d’une théologie de l’espérance.

Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c'est-à-dire une céleste. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. He 11 :16

La Bible continue à décrire le chrétien qui vit parmi son propre peuple comme étant un étranger dans ce monde.

1 Pierre 2 :11 « Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre…

Nous prions pour les Diasporas que cette souffrance liée à ne pas vivre parmi leur peuple puisse les amener non seulement à aimer et languir après leur vraie et éternelle patrie céleste où rien ne pourra plus les séparer de leur véritable fraternité.

Mais notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, Phil 3 :20

Nous prions aussi pour les burundais qui vivent encore dans le pays, qu’ils soient habités par cette espérance, quand les choses vont mal et quand bien même elles semblent bien aller.

Les chrétiens, qu’ils vivent dans leurs pays ou à l’étranger, qu’ils prospèrent ou s’appauvrissent, demeurent une communauté eschatologique. Ils partagent la même conviction avec l’apôtre Pierre qui disait : par la même parole, les cieux et la terre d'à présent sont gardés et réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des hommes impies. 2Pi 3.7

Avec l’apôtre Jean, ils confessent : le monde passe, sa convoitise aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure 1Jn 2.17

Une note de reconnaissance

J’aimerais profiter de l’occasion pour exprimer ma profonde reconnaissance pour des burundais qui vivent à l’étranger mais qui ont tellement à cœur les progrès de l’Evangile, de la sante spirituelle des Eglises et de l’œuvre de renouveau dans leurs pays d’origine, cherchant toujours à faire partie de ce que Dieu est en train de faire, investissant là où Dieu s’investit. Bien que la tentation de les nommer, un à un soit forte, je sais que la plupart préfèrent plutôt l’anonymat.

Loin de moi l’idée de minimiser les dons de ceux qui donnent localement malgré la précarité de la vie ici. Leur sacrifice est cent fois plus précieux. Leurs dons sont comme l’eau de Bethlehem que David qualifia de sang, vu le niveau sacrificiel des soldats qui osèrent pénétrer une ville entourés d’ennemis pour servir leur « messie ». 2Sam 23.15. Vos dons sont comme les deux dernières pièces de la veuve que Jésus loua, car c’était tout ce qu'elle avait pour vivre. Beaucoup d’autres, comme ça l’est encore aujourd’hui, ne donnaient que du superflu. Luc 21.4

Vous êtes mes préférés. Encore une fois la tentation de les citer est forte mais je vais me retenir.

A tous ceux qui lisent cet article et prient pour nous constamment sans que l’on sache, nous disons merci. Si vous voulez faire partie de ceux qui prient et/ou donnent régulièrement pour Little Flock Ministries, faites-le savoir sur (+257) 76 780529 ou écrivez-nous sur nikiza@littleflockministries.org