La prospérité est peut-être un don de Dieu, mais elle n’est pas un signe de bénédiction divine.
Il est beau de voir les saints célébrer la fidélité de Dieu. Ce ne serait pas exagéré de dire que cet attribut particulier occupe une place d’honneur dans nos playlists et sermons. Mais pourquoi sommes-nous si enclins à privilégier cet attribut au-dessus du reste ? Que voulons-nous vraiment dire quand nous disons Imana yambereye Umwizigirwa , Dieu m’a été fidèle? Dans cet article j’espère déconstruire de faux présupposés derrière nos conceptions de la fidélité de Dieu et reconstruire par la grâce de Dieu, ce que je pense être une image biblique.
Un certain théologien a ainsi défini la fidélité de Dieu:
La fidélité de Dieu signifie que Dieu est immuable dans sa nature, fidèle à sa Parole, qu’il a promis le salut à son peuple et qu’il tiendra ses promesses pour toujours. Il est digne d’une confiance éternelle, peu importe à quel point ses promesses semblent improbables. Rien dans le ciel ou sur la terre ne peut empêcher Dieu d’accomplir tout ce qu’il a promis à son peuple par Jésus-Christ
Une des choses clés à propos de la fidélité de Dieu est qu’elle est souvent évoquée dans la Bible dans le contexte de son alliance avec son peuple. Conformément aux contrats d’alliance des anciens rois hittites, l’alliance de Dieu avec Israël ne manquait pas de similarités avec ces anciennes alliances entre un roi suzerain et un roi vassal. Le roi vassal avait l’obligation d’obéir aux prescriptions émises par le roi suzerain qui à son tour jurait de protéger le roi vassal, le traiter avec bienveillance. Le roi vassal devrait avoir confiance en son seigneur qu’il tiendra parole.
C’est ainsi que vous allez voir que l’Ancien testament relie ce concept de la fidélité de Dieu avec son peuple. Le mot ʼemetʼ apparait au moins 127 fois et est traduit par “fidélité.” L’idée clé est que Dieu est, et demeurera vrai à lui-même, et tiendra parole. Le mot fidélité est alors utilisé dans le contexte de la relation entre Dieu et son peuple.
Quand nous chantons la fidélité de Dieu, faisons-nous vraiment référence à cette relation de confiance en ce Dieu qui s’est réconcilié avec nous en Jésus Christ ? Ou alors il est question de ce Dieu qui donne de bonnes choses ? C’est ainsi que les chansons qui évoquent la fidélité de Dieu deviennent populaires car elles rassemblent croyants et incroyants.
Pastor Lopez est un homme avec une passion pour les perdus et certaines de ses meilleures chansons comme Urandengera sont composées avec une conscience de l’audience non sauvée en arriere plan. URAMPAGIJE est une belle chanson sur la suffisance de Christ. Je prie que ses plateformes deviennent des occasions d’atteindre des âmes pour Jésus, au lieu de faire chanter à tout le monde des chorus sur la fidélité de Dieu sans être explicite sur le contexte d’alliance en Jésus Christ qui sert de moelle épinière à cet attribut.
Les gens qui ne sont pas sauvés ont besoin de savoir que Dieu ne promet aucune sureté en dehors de Jésus. Nous devons les supplier de trouver refuge dans le sacrifice expiatoire de Christ, sinon Dieu accomplira fidèlement la seule chose qu’il a promis de faire envers les incroyants! Il déversera sa colère sur eux. Embrassez le Fils, de peur qu'il ne s'irrite, Et que vous ne périssiez dans votre voie, Car sa colère est prompte à s'enflammer. Heureux tous ceux qui se confient en lui! Ps 2:1
Certains de ceux qui me lisent et qui se considèrent comme chrétiens se disent déjà: mais nous qui sommes dans cette alliance en Jésus Christ avons besoin de nous appuyer sur cette fidélité de Dieu pour réclamer ce qui nous revient de droit en Christ: santé prospérité, pouvoir, succès.
Quand j’ai évoqué le concept de la fidélité de Dieu en relation avec l’alliance, je n’étais pas sans savoir que ceux qui enseignent l’Evangile de la prospérité relient les bénédictions matérielles avec leurs droits en Christ comme héritiers de la nouvelle alliance. La plupart de ceux qui se disent chrétiens qui dansent ces chansons sur la fidélité de Dieu puisent l’énergie dans la théologie ambiante de notre contexte selon laquelle Dieu réserve sur cette terre de belles choses à ses enfants en Jésus Christ. Supportez-moi encore quelques minutes, que je vous aide à voir que l’on s’est trompé au cours du chemin.
Les idées qui justifient cette conception des choses sont souvent nourries par une mauvaise application des textes de l’ancien testament. Par exemple, nous lisons dans Genèse 24 :35, le serviteur d’Abraham dit à Laban : « L’Éternel a abondamment béni mon maître, et il est devenu riche. » Et dans Job 42 :12, il nous est dit : « Le Seigneur a béni la dernière partie de la vie de Job plus que la première. Il avait quatorze mille moutons, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânes.» Dans ces cas-là, la bénédiction s’exprime à travers la richesse et les possessions.
Mais l’Ancien Testament montre clairement que la bénédiction de Dieu ne se limite pas aux biens matériels. Le Psaume 132 : 15 promet que Dieu bénira Sion avec des provisions abondantes et satisfera ses pauvres avec de la nourriture. Psaume 37 : 11 promet que « les doux hériteront du pays et jouiront d’une grande paix ». Dans ces cas-là, il y a toujours la promesse des biens terrestres, mais elle va de pair avec une préoccupation particulière pour les pauvres.
Cela prépare le terrain à la bénédiction du Psaume 1 sur la personne qui se réjouit de la loi de Dieu et à la bénédiction du Psaume 32 sur la personne dont Dieu a pardonné les transgressions. Dans ces passages, une sorte de bénédiction plus spirituelle est en vue.
Mais le triomphe ultime de la foi de l’Ancien Testament est sa capacité à faire confiance à Dieu même lorsque toutes les preuves extérieures de la bénédiction de Dieu font défaut. Ainsi nous avons la déclaration dramatique et émouvante d’Habacuc en 3 : 17-18a :
« Même si le figuier ne bourgeonne pas et il n'y a pas de raisins sur les vignes, même si la récolte des olives échoue et les champs ne produisent pas de nourriture, bien qu'il n'y ait pas de moutons dans l'enclos et pas de bétail dans les écuries, mais je me réjouirai dans le Seigneur, Je serai joyeux en Dieu mon Sauveur ». Alors que le peuple d’Israël souffrait d’une grave oppression sous une série de puissances étrangères, de Babylone à Rome, il commença à comprendre qu’il pouvait bénéficier de la bénédiction de Dieu même dans les circonstances les plus difficiles.
Le Nouveau Testament ne décrit jamais la bénédiction en termes de prospérité ou de possessions matérielles. En fait, cela dit exactement le contraire. Nous apprenons que Dieu bénit les pauvres. Dans Luc 6, Jésus dit : « Bienheureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous » (v. 20) et : « Mais malheur à vous qui êtes riches, car vous avez déjà reçu votre consolation » (v. 24). ).
Jacques nous dit que le frère dans des circonstances modestes devrait être fier de sa position basse et que l'homme riche disparaîtra aussi vite qu'une fleur sauvage (1 : 9-11). Et Paul nous avertit que l’amour de l’argent est la racine de toutes sortes de maux (1 Tim. 6 : 10).
Le Nouveau Testament utilise un mot plus que tout autre pour décrire la bénédiction de Dieu sur les gens. Ce mot, µακαριοσ, ou makarios, signifie « bienheureux ». Il est utilisé 44 fois dans le Nouveau Testament.
Sur ces 44 cas, 31 impliquent des descriptions de comportements justes ou de caractéristiques morales que Dieu considère souhaitables. L’exemple le plus frappant et le plus familier de cette utilisation du mot makarios se trouve dans les béatitudes de Matthieu 5. Ici, Jésus bénit les pauvres en esprit, les affligés, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs et les persécutés. Luc 6 prononce une bénédiction sur les pauvres, sur ceux qui ont faim, sur ceux qui pleurent et sur ceux qui sont haïs. Dans les paraboles sur les serviteurs se comportant de manière responsable lorsque leurs maîtres sont absents, Jésus bénit à plusieurs reprises les serviteurs qui sont prêts et veillent au retour de leur maître. Jacques bénit celui qui persévère malgré l’épreuve (1 : 3), et le livre de l’Apocalypse bénit le lecteur qui est fidèle au message proclamé (22 : 7).
Onze usages du mot makarios parlent de la bénédiction de faire partie du royaume de Dieu à venir. Ainsi, quelqu’un mangeant avec Jésus dans Luc 14 :15 déclare que celui qui mangera dans le royaume de Dieu est béni, et Apocalypse 19 :9 proclame : « Bienheureux ceux qui sont invités au repas des noces de l’Agneau ! Les deux dernières utilisations de makarios font référence à Dieu comme à celui qui est béni.
L’idée de bénédiction du Nouveau Testament décrit donc des personnes qui se réjouissent de la venue du salut en Jésus-Christ. Ils jouissent des bénédictions spirituelles en Christ lorsqu’ils mettent leur foi en lui, font l’expérience de son amour et de son pardon et travaillent fidèlement pour l’avènement de son royaume.
Les bénédictions spirituelles dont bénéficient ces personnes contrastent souvent fortement avec leur situation physique. Ils sont peut-être pauvres, démunis et persécutés, mais ils éprouvent une joie enracinée dans une réalité spirituelle qui transcende leur situation actuelle. C’est pourquoi les disciples peuvent se réjouir après que le Sanhédrin les a fouettés (Actes 5 : 40-41) et Jacques peut appeler ses lecteurs à « considérer cela comme une pure joie » lorsqu’ils font face à toutes sortes d’épreuves (1 : 2).
À l’époque de l’Ancien Testament, le croyant recevait la bénédiction de Dieu en faisant partie de la communauté de l’alliance d’Israël. L’héritage de la terre de Palestine était au cœur de la faveur et de la bénédiction de Dieu à cette époque. Mais même à l’époque de l’Ancien Testament, la bénédiction de Dieu incluait les réalités spirituelles du pardon et de la communion avec Dieu.
Dans le Nouveau Testament, notre bénédiction se concentre plutôt sur notre adoption en tant que fils et filles de Dieu. Grâce à cette adoption, nous recevons le don de la vie éternelle et jouissons de la communion avec Dieu à travers Jésus-Christ.
C'est la grande espérance et la grande joie de tous les croyants en Christ. C’est la grande bénédiction que la vie, la mort et la résurrection du Christ ont rendue possible.
Au lieu de décrire la richesse et les possessions comme une bénédiction de Dieu, le Nouveau Testament nous avertit constamment que nous ne devrions pas être trop attachés aux choses de ce monde. Les paraboles du riche insensé dans Luc 12 et de l’homme riche et de Lazare dans Luc 16 nous rappellent que nos possessions actuelles vont bientôt disparaître et que notre statut dans le monde à venir pourrait être exactement le contraire de ce qu’il est maintenant.
Les paroles de Jésus dans Matthieu 6 :33 devraient être un guide perpétuel pour notre chrétien vivant dans ce monde : « Mais cherchez premièrement le royaume [de Dieu] et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. » Et ses paroles sévères dans Matthieu 6 :24 sont un avertissement perpétuel contre le fait de placer nos priorités au mauvais endroit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
Le pasteur Lopez est à son apogée quand il nous compose des chansons de nature dévotionnelle et évangélistique. Mais quand il compose des chansons situationnelles comme ntabura uko abigenza, ntibesha, urimana y’akandi karyo, il émet des insinuations qui sont théologiquement douteuses.
Une de ces insinuations est quand il dit que si les gens veulent voir la fidélité de Dieu, il suffit de le regarder . Avec la théologie ambiante, il est naturel de supposer qu’un des signes de la faveur de Dieu est l’élévation en pouvoir; succès, possessions, que Dieu nous témoigne ici bas et nous voulons que ces gens qui connaissent notre histoire, notre genèse et voient notre position actuelle, puissent croire que c’est ainsi que Dieu traite ses enfants et les amènent à lui faire confiance. Encore une fois ceci est vraiment erroné.
Il existe de nombreuses raisons bibliques de recevoir avec reconnaissance et de célébrer avec joie les bons dons de Dieu que sont une nourriture abondante, des vêtements chauds et des maisons confortables. Mais nous ne devons pas confondre ces dons avec la bénédiction de Dieu dans nos vies. Selon le Nouveau Testament, la bénédiction de Dieu est une réalité profondément spirituelle qui arrive à ceux qui la reçoivent avec une foi humble. Notre pauvreté ou notre prospérité n’indique pas si nous bénéficions de la bénédiction de Dieu.
En ce sens, il y a quelque chose de profondément erroné et d’antichrétien à définir la « bénédiction » uniquement en termes de possessions matérielles. Lorsque nous lions la bénédiction de Dieu à notre prospérité, nous devenons suffisants et satisfaits de nous-mêmes. Nous risquons peut-être de conclure que Dieu est satisfait de nous en tant qu’individus, alors qu’en réalité, Dieu pourrait être en colère contre nous à cause de nos péchés.
La prospérité est peut-être un don de Dieu, mais elle n’est pas un signe de bénédiction divine. Cette bénédiction est réservée à ceux qui sont suffisamment pauvres en esprit et en circonstances pour aspirer profondément et sincèrement à l’avènement final du royaume de Dieu.
En dernier lieu, quand les gens ne tordent pas ce que Dieu a dit dans la Bible concernant ce que Dieu promet bibliquement à ses enfants, ils se réfugient dans des promesses personnelles. Quand nous chantons Ntibesha, chacun commence à caresser dans son cœur les promesses que Dieu lui aurait prophétiquement donné. Si ces promesses diffèrent en détails, elles ont toutes le même fond: élévation, percée, et succès.
Quand nous disons Ntibesha, nous insistons que Dieu accomplisse ces choses que les gens nous ont dit prophétiquement au nom de Dieu. Je crains que ce genre d’affirmations gratuites préparent aux gens de sombrer dans la désillusion un jour. Dieu n’accomplira jamais ce qu’il n’a pas dit. La plupart d’entre nous fondons nos espoirs sur des paroles humaines que nous prétendons être des prophéties divines.
Ceci n’est pas pour dire que Dieu ne nous parle pas prophétiquement. Même si cela était vrai nous ne pouvons pas mettre dans nos compositions collectives des paroles qui font référence aux prophéties personnelles et privées. Nos chansons doivent élever l’histoire du Salut que nous partageons.
Les chansons qui célèbrent ce que Dieu nous a dit personnellement et en privé sont nombreuses dans notre contexte et ceux qui les composent savent bien qu’elles susciteront une réponse si enthousiasmante de la part de plusieurs. Mais quand nous chantons ces chansons ensemble ça dégrade la nature communautaire de l’Eglise pour promouvoir l’individualisme et Christ n’est pas élevé.
Je prie que le concert de NTIBESHA puisse promouvoir Christ et non pas de la foi en des promesses subjectives que chacun chante et danse dans son petit coin tout en clamant haut et fort que Dieu l’accomplira.
(1) Le reste sur la comparaison entre AT et NT en termes de bénédictions de l’alliance est une paraphrase de cette publication
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique, le Basketball et un bon sommeil.
L’adoration dans nos cultes
Si un mouvement ne chante pas, il meurt.
Le plus beau rêve ou le pire cauchemar ?
C’était en 2015, je venais de me réveiller en sursaut à trois heures du matin après un horrible rêve ! Je rêvais qu’un de mes êtres les plus chers était en procès et que la sentence était tombée … Il allait être exécuté.
Qui était David Ndaruhutse ?
Qui était David NDARUHUTSE? Quelles étaient ses origines ? Quelles ont été ses accomplissements durant sa courte durée dans le ministère ? Que sont devenus sa famille et son ministère ? Son Fils Peter NDARUHUTSE nous raconte.
La gloire de Dieu est mon trésor
Les saintes écritures nous exposent du début à la fin un Dieu, qui, dans Sa parfaite intelligence et selon le conseil de Sa parfaite volonté, bénit toute la création à partir de Sa gloire. Il a fait de sorte que toute joie réelle et durable passe par Sa gloire.
Quand lire la Bible devient une dure corvée
Soyons honnêtes, il nous est tous déjà arrivés de trouver la Bible ennuyeuse, au moins certaines de ses parties. Il nous est déjà arrivés de nous demander à quoi certains passages riment vraiment et pourquoi ont-ils été insérés dans un livre saint dont la lecture est sensée nous apporter tant d’excitation et de passion !