“Tes années ne vont ni ne viennent ; les nôtres vont et viennent … ” (Les Confessions Livre XI, 13 : 16). Quand nous nous mettons à compter comment nos années se succèdent, en même temps nous soulignons la condition temporelle de l’homme dont l’existence s’écoule dans le temps. Ceci devrait renforcer nos sentiments de notre dépendance à Dieu et susciter l’adoration pour un Dieu qui vit dans un « présent éternel ».

Si l’homme vit dans le temporel, quelque chose en lui cherche ce qui ne passe pas, ce qui est éternel et n’est jamais comblé jusqu’à ce qu’Il le trouve. Un sentiment suffisamment pointu que notre existence manque de constance et de solidité, devrait nous pointer vers Christ, le verbe Éternel qui s’est incarné dans notre existence temporelle afin de donner un sens éternel à nos vies. ( Livre 11 : 30,40)

« Deus Christus patria est quo imus, homo Christus vis est qua imus », dira-t-il dans le Livre 10 : 42,67, ce qui signifie: « Le Christ Dieu est la patrie vers laquelle nous allons ; le Christ homme la voie par laquelle nous allons. C’est à Lui que nous allons, par Lui que nous allons.»

Mais comment parvenir à nous libérer de l’aveuglement que le temporel nous inflige afin d’embrasser l’éternel ? Saint Augustin sait que ça ne sera pas par la force de notre volonté. Nous savons comment il fut lui-même esclave des plaisirs sensuels, la popularité et la richesse, et comment il en fut radicalement débarrassé. Mais, il attribuera totalement à Dieu cette miraculeuse délivrance « Je l’ai pu, parce que Tu t’es fait mon soutien »( Livre 7 :10,16).

«  Il est où tu vas, il est par où tu vas : le chemin n’est pas différent du but, tu ne viens pas au Christ par autre chose que lui ; c’est par le Christ que tu viens au Christ … C’est par le Christ homme que tu viens au Christ Dieu, par le Verbe qui s’est fait chair au Verbe qui était au commencement Dieu auprès de Dieu »

Terminons en savourant ces belles lignes du plus grand philosophe, poète et théologien qui n’est  jamais existé après l’apôtre Paul : «  Le fleuve des choses temporelles nous entraîne ; mais, comme un arbre au bord du fleuve, est né Notre Seigneur Jésus-Christ … Il a voulu en quelque sorte se planter au bord du fleuve des choses temporelles. Tu es emporté par le courant ? Tiens-toi à l’arbre. L’amour du monde te roule dans son tourbillon ? Tiens-toi au Christ. Pour toi, il s’est fait temporel afin que tu deviennes éternel ; car, si lui aussi s’est fait temporel, c’est en demeurant éternel. Il a emprunté quelque chose au temps, il ne s’est pas éloigné de l’éternité. Toi par contre tu es né temporel et par le péché tu es devenu temporel : toi tu es devenu temporel par le péché, lui est devenu temporel par miséricorde pour te délivrer du péché »

Il y a quelques semaines, ma fille aînée Thais, m’a posé beaucoup de questions sur ce qui se passe quand on meurt et la signification de l’enterrement. J’ai essayé de lui expliquer autant que j’ai pu ce que les gens font au cimetière, et le sens de la doctrine de la résurrection. Sa mère nous écoutait tranquillement dans le coin. M’adressant à ma femme indirectement j’ai dit à ma fille : quand je vais mourir, demande  à ta mère de chanter pour moi une seule chanson à la tombe : Mwami ubugingo bgacu ni nk’umusi, ni bugufi cane ntiburamba, ibinezera vyabwo birashira, Mwami udahinduka tugumane ».( Seigneur notre vie passe aussi vite que le jour, elle est  très éphémère et ses plaisirs sont passagers, SEIGNEUR Immuable, restes avec moi). Vous l’avez deviné c’est mon meilleur cantique depuis que je suis tout petit et je vous le dédie.