PARA CHURCH ET EGLISE LOCALE
Amis ou Ennemis ? Une relation plutôt complexe
Bien que trop peu de gens puissent nier la légitimité de la place centrale de l’Eglise locale dans l’accomplissement des desseins salvateurs de Dieu dans le monde, des doutes subsistent quant à savoir si les para Church sont réellement une « chose biblique ».
Dans les cinquante dernières années, le monde a témoigné d’une grande résurgence du calvinisme aux Etats Unis, Canada, Royaume Uni, France avec quelques faibles échos en Afrique. Plusieurs de ces personnalités qui promeuvent le nouveau calvinisme dirigent aussi des grandes organisations para Church qui ont beaucoup fait avancer la Foi reformée.
Parallèlement, la plupart ont exercé (ou exercent encore) des pastorats et par conséquent reviennent et insistent sur la place centrale de l’Eglise locale.[1] Le but de l’article d’aujourd’hui est de revenir sur la relation entre l’Eglise locale et les para Church.
Une relation plutôt complexe
Imaginez juste pour un peu de temps les âmes qui ont été sauvées, fortifiées et préparées pour le ministère à travers les organisations para-church comme Campus pour Christ ou, Navigateurs, Billy Graham Evangelistic Association, Desiring God, Nine Marks, différents séminaires théologiques, les ministères se focalisant sur la littérature évangélique comme Gospel Coalition ou CrossWay, des organisations qui se spécialisent à atteindre une catégorie particulière des personnes comme Youth For Christ, Prison Fellowship, ou Athletes in Action, IFES, Young Life, Abri de Francis Schaeffer ou Genesis Answer. Le temps nous manque pour parler de l’impact des organisations missionnaires dans l’Histoire de l’Eglise. La liste est longue, les témoignages innombrables…
Certaines de ces organisations internationales sont aussi représentées sur notre territoire comme Campus pour Christ, Youth For Christ, Young Life, Youth With A Mission ou Union des groupes bibliques affilié à IFES. D’autres restent des initiatives nationales comme New Génération ou Moisson Pour Christ.
Tandis que l’Institution de l’Eglise dans le Nouveau Testament remonte aux temps apostoliques, les Para Church n’ont que deux cent ans parmi nous. Vous l’avez peut-être déjà remarqué, la relation entre ces deux entités a une longue histoire parsemés d’un côté de méfiance, suspicion, compétition, rivalité et au pire d’un divorce ouvert. Et d’un autre côté, trop peu de gens pourraient nier que les organisations Para-Church ont contribué à l‘avancement de l’Evangile et l’accomplissement de la mission de l’Eglise. Il reste néanmoins important de redéfinir ce phénomène « arriviste » aux yeux de certains, explorer sa légitimité biblique et son rôle.
Qu’est-ce qu’un para Church et a-t-il des bases bibliques ?
Définition
Le préfixe para veut dire tout simplement, à côté de, ce qui veut dire qu’un para-Church bien que distinct de l’église marche à côté de celle-ci pour l’assister et jamais la remplacer. Un ministère opère en dehors du cadre restreint de l’église locale mais étroitement lié à la mission de cette dernière. Les para Church existent parce qu’avant tout l’Eglise existe. La relation entre para Church et église locale peut revêtir différentes formes selon l’organisation et la vision du ministère. Certains para Church affichent une interdépendance plus prononcée tandis que d’autres tendent vers une Indépendance presque totale envers l’église locale.
Si on revient à notre préfixe « para » il est d’une importance capitale pour un para Church de reconnaitre sa place secondaire dans l’économie ecclésiastique de Dieu et que son statut est plutôt dérivatif alors que celui de l’église locale est plutôt original.
Les bases bibliques d’un Para Church et son rôle.
Bien que trop peu de gens puissent nier la légitimité de la place centrale de l’Eglise locale dans l’accomplissement des desseins salvateurs de Dieu dans le monde, des doutes subsistent quant à savoir si les para Church sont réellement une « chose biblique ».
Pour John Bloom, le numéro 2 dans Desiring God, bien qu’on puisse ne pas trouver une référence explicite aux para-Church dans la Bible, il croit qu’ils fonctionnent de façon analogue au diaconat envers l’Eglise universelle. Nous nous souviendrons que l’institution du diaconat dans Actes 6 fut une réponse à une situation où les apôtres couraient le risque d’abandonner les choses essentielles du ministère : le ministère de la Parole ainsi que celui de la prière pour se perdre dans les détails pratiques, logistiques. Ainsi Bloom précise « je crois que dans la providence de Dieu, les para Church ont émergé pour faire la même chose envers plusieurs églises que les diacres faisaient envers une église locale : ces ministères servent de façon variée et pratique de façon qu’ils permettent ces églises d’accomplir leurs fonctions primordiales. »
On retrouve le même écho chez Gospel Coalition qui voit que le rôle des ministères ne réside pas dans le fait d’aider, accompagner l’église locale mais plutôt de la « protéger ». Partant du même texte d’Actes 6, Gospel Coalition insiste que la première marque d’un para Church est de protéger l’Eglise en s’occupant des aspects pratiques qui pourraient distraire l’Eglise de sa mission principale qui est le ministère de la Parole.
D’autres trouveront que le Nouveau testament propose des modèles de ministères au premier siècle ressemblant implicitement aux para Church modernes : les cas évoqués sont souvent les équipes missionnaires de Paul. Bien que Paul sois redevable à L’Eglise d’Antioche, on peut aussi dire qu’il jouissait d’une certaine liberté et Indépendance dans le choix de son itinéraire missionnaire, recrutement des missionnaires, les fonds, les priorités etc. Ou alors son travail de lever les fonds en faveur avec l’Eglise de Judée que nous retrouvons en 1 Corinthiens. D’autres vont jusqu’à voir les bandes de prédicateurs itinérants de la troisième épitre de Jean comme une sorte de para Church. La fonction des para Church serait alors d’assister, fortifier, équiper sans remplacer les églises locales, en unissant les efforts des saints de différentes églises pour accomplir globalement la Mission de l’Eglise.
Rival ou partenaire ?
Il arrive que la relation entre pasteurs et leaders des para Church devienne venimeuse pour plusieurs raisons dont celles-ci :
Un ministère para-ecclésiastique sain sera celui qui considère sa mission en relation avec ce que l’Écriture enseigne sur l’église locale. En termes de statut, il est secondaire par rapport à l’église locale. Mais c’est aussi le cas de certaines organisations para-ecclésiastiques, en raison de leur spécialisation dans un domaine particulier de ministère, auront beaucoup à offrir à l’église. Les églises locales, par conséquent, ne devraient pas mépriser les ministères chrétiens forts ; ils devraient plutôt trouver les moyens d’en faire le meilleur usage et de les soutenir le cas échéant.
Les pasteurs ne doivent pas être intimidés par les progrès ou le succès de certains ministères, mais plutôt se réjouir du fait que Dieu a plus d’une seule façon de faire les choses. Après tout l’amour se réjouit de la vérité : si certains de ces ministères atteignent plus d’âmes que nous, réussissent dans des aspects où on a échoué, nous devrions examiner nos cœurs et nous débarrasser de tout sentiment de rivalité et compétition. Un pasteur équilibré n’aura pas peur que ses membres s’impliquent dans des activités para Church mais cherchera seulement à faire son devoir : éclairer, corriger, encourager, accompagner. Chaque chrétien devrait être sous l’autorité de l’église locale parce que chaque chrétien devrait être membre d’une église locale. Mais cela ne signifie pas que la vocation de chaque chrétien doit être guidée, contrôlée ou directement supervisée par un pasteur. Parce qu’il n’y a pas d’interdiction biblique contre la para Church, les chrétiens ont la liberté de servir dans la para Church.
[1] Cet article n’a rien d’original. Il ressemble à libre paraphrase de trois articles publiés sur le sujet par trois des plus grands Para-church reformés. Le lecteur ferait bien de s’y référer :
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique,le Basketball et un bon sommeil.
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