Paul parlait d’un certain Epaphras, pionnier de l’Evangile dans Colosse, cette région de l’Asie mineure, située à presque 200km à l’Est d’Ephese. Laodicée et Hiérapolis étaient deux villes très avoisinantes de Colosse.

Alors que Paul écrivait cette lettre de la prison de Rome entre 60-62, un enfant nommé Papias naquit dans cette ville d’Hiérapolis, aujourd’hui connu sous le nom de Pamukkale en Turquie actuelle. Cet enfant allait avoir la même sainte préoccupation pour l’Eglise de Christ comme Epaphras. Son nom est PAPIAS. Il sera reconnu comme le dernier des Pères Apostoliques.

Qui était Papias ?

Comme on l’a déjà mentionné, Papias était originaire d’Hiérapolis, une ville de la Phrygie Mineure. Il devint l’Evêque d’Hiérapolis. On dit qu’il serait mort vers l’an 130 après J-C. Tout ce que nous connaissons de lui nous provient ou bien d’Irénée de Lyon qui a vécu au 2ème siècle ou Eusèbe qui a vécu au 4ème siècle.

On pense qu’il est mort en martyr à Pergame, presque à la même période que Polycarpe. A quelques kilomètres au Nord de Smyrne où Polycarpe fut tué, se trouvait une arène importante avec une école d’entrainement de gladiateurs. Beaucoup de chrétiens y ont subi le martyr.

La saine obsession de Papias

Il était obsédé par le fait de parler aux gens qui portaient dans leur mémoire les enseignements de Jésus et des apôtres. Il a alors mené une enquête auprès des derniers apôtres survivants comme l’apôtre Jean. Il a peut-être aussi connu Philippe, dont la tombe a été découverte à Hiérapolis. Lui-même affirme avoir interviewé les filles de Philippe.

Il a enregistré des détails concernant Jésus et les apôtres dans cinq livres intitulés « Exposition des paroles du Seigneur. » Malheureusement, les livres de Papias sont maintenant perdus, à l’exception de quelques extraits trouvés dans les écrits d’Eusèbe de Césarée et d’Irénée de Lyon.

Papias avait écrit cinq volumes dans le but de présenter un compte rendu précis de l’enseignement et des œuvres des apôtres, tels que lui ont été rapportés par « Jean l’Ancien ».

La dispute d’Irénée de Lyon et Eusèbe de Césarée

Papias ne précise jamais qu’il s’agit de l’apôtre Jean, de qui il détient les informations. Il appelle simplement Jean l’Ancien. Beaucoup ont trouvé son style vague et obscur. D’autres affirment qu’il s’agit d’une manière respectueuse de parler de Jean l’Apôtre. D’après Irénée de Lyon du 2ème siècle, il s’agissait bien de l’apôtre : « Or, le témoignage est porté à ces choses par écrit par Papias, un homme ancien, qui était un auditeur de Jean, et un ami de Polycarpe, au quatrième de ses livres ; car cinq livres ont été composés par lui. Ainsi écrit Irénée. De plus, Papias lui-même, dans l’introduction de ses livres, rend manifeste qu’il n’était pas lui-même un auditeur et un témoin oculaire des saints apôtres ; mais il nous dit qu’il a reçu les vérités de notre religion de ceux qui les connaissaient [les apôtres] dans les paroles suivantes » (Irénée, Adv. Haer., V, 33, 4 cité aussi par Eusèbe, H.E., III, 39, 1.)

Irénée est cité par Eusèbe, l’historien du 4ème siècle, mais n’est pas d’accord avec lui sur l’identité de Jean. Eusèbe suppose que Papias parle d’un autre Jean moins connu. Il affirme que Papias faisait référence à deux Jean différents, l’un était l’apôtre et l’autre était un compagnon d’Ariston, souvent appelé Jean l’Ancien. Les critiques d’Eusèbe ont fait que la fiabilité de Papias soit remise en question par l’érudition moderne. Et pourtant, Irénée a déclaré que Papias était un élève de l’apôtre Jean et qu’il était un ami de Polycarpe.

Certains pensent que cette petite dispute entre Irénée de Lyon et Eusèbe de Césarée était peut être liée à leur sympathie ou antipathie personnelle envers Papias. D’une manière générale, Irénée considère Papias favorablement, tandis qu’Eusèbe semble être plus critique et sévère à son égard. Certains ont suggéré que c’était parce que Papias était un  pré-millénariste, alors qu’Eusèbe ne l’était pas. Papias croyait qu’il y aura un millénaire littéral lorsque le règne personnel de Christ sera établi sur cette terre. L’historien était très hostile à cette théologie.  Est-ce la raison pour laquelle il taxe Papias d’un esprit médiocre et d’un langage confus ? En tout cas mon humble avis est qu’un écrivain du 2ème siècle est plus crédible, ayant vécu à une époque proche des évènements que Papias raconte.

Papias dans l’interprétation de la Bible

Papias est souvent cité comme une source importante dans l’histoire de l’interprétation de la Bible. Grace à lui, nous connaissons les origines des Évangiles selon saint Marc et saint Matthieu. Papias est le plus ancien témoin qui nous ait rapporté des souvenirs touchant l’origine humaine des évangiles. Il est souvent cité comme une référence dans la datation et la paternité des livres du Nouveau Testament. Voici certaines des choses que nous connaissons grâce à lui:

Papias revendique la paternité de l’Evangile de Matthieu en affirmant que Matthieu a réuni en langue hébraïque les logia (de Jésus). Il précise que cet Evangile fut initialement écrit en hébreu, puis en grec koïnè (Eusèbe,  E., III, 39, 16)

Il affirme avoir reçu de Jean cette confirmation sur la paternité de l’Evangile de Marc : « Marc qui était l’interprète de Pierre a écrit avec exactitude, mais pourtant sans ordre, tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Seigneur. Car il n’avait pas entendu ni accompagné le Seigneur ; mais plus tard, comme je l’ai dit, il a accompagné Pierre. Celui-ci donnait ses enseignements selon les besoins, mais sans faire une synthèse des paroles du Seigneur. De la sorte, Marc n’a pas commis d’erreur en écrivant comme il se souvenait. Il n’a eu, en effet, qu’un seul dessein, celui de ne rien laisser de côté de ce qu’il avait entendu et de ne tromper en rien dans ce qu’il rapportait ». (Eusèbe, H. E., III, 39, 15.)

Que son obsession soit la nôtre !

Comme le docteur Luc fit une grande documentation auprès de ceux qui ont vécu avec Jésus, l’ont entendu et vu dans le but d’affermir Théophile dans la Foi, Papias avait la même motivation. Il n’y a que par la Parole de Jésus fidèlement rapportée, fidèlement interprétée et fidèlement prêchée que la Foi des chrétiens s’affermit. Cela constitue une des marques classiques d’une vraie Eglise.

Que cette saine obsession de Papias soit la nôtre. Dieu a déjà confirmé les paroles que nous avons dans la Bible comme étant les siennes. Puissions-nous y croire et y obéir ? Puissions-nous consacrer notre vie à les « rapporter » telles qu’elles sont et nous inciter mutuellement à y obéir. Ainsi nous deviendrons la vraie Eglise car en LUI et seulement en LUI, « l’édifice, bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En LUI, Nous sommes édifiés pour devenir une habitation de Dieu en Esprit. » (Ephésiens 2 :21-22)