Comment Rodriguez est-il parvenu à cette décision que lui-même qualifie de difficile, au moment où le jeu de Basketball connait une véritable renaissance dans la ville de Bujumbura ? Une décision qui suscite tant d’admiration pour le courage et tant de questionnement surtout qu’un nouveau visage à la tête de la FEBABU (Fédération de Basketball du Burundi) aujourd’hui est un chrétien, apôtre, qui sans doute trouve une façon de gérer le ministère et ses responsabilités. Qu’en disent d’autres « born again » qui sont encore dans le Game? Un parcours digne d’être raconté.

Une rencontre digne de bouleverser toute une existence …

Le jeune Rodriguez a goûté aux délices de l’amour de Jésus en 2020 et sa vie en fut toute changée. Dès lors, sa passion pour le jeu commença à faner. Il raconte: « Plus je gagnais en Jésus-Christ, plus mon amour pour le basket diminuait petit à petit. Tourner le dos au Jeu afin de me consacrer à Dieu n’était pas chose facile pour moi. (Il est pénible de rompre l’amour de sa vie, rire …). Mais plus je passais du temps aux pieds de Jésus, plus clairement je discernais la volonté de Dieu pour moi et comment faire bon usage de mon temps. Chaque rendez-vous avec Dieu dans la prière était un tourment car la voix de Dieu ne cessait de me harceler me disant « jusque quand te cacheras tu ?

Dieu soit loué qui m’a donné la force d’obéir en prenant une décision qui n’était pas du tout facile. Mais, il me semble qu’il est temps que je m’arrête là avec le Basketball pour répondre à l’appel de Dieu. »

Cette passion dévorante qui efface d’autres passions…

Rodriguez a un verset qui décrit mieux ce qu’il ressent; ce sont les paroles de Paul quand lui-même avait trouvé que Jésus était l‘Incomparable Trésor devant qui le reste (même ce qui parait aux yeux du monde comme beau et passionnant) n’est que boue. « Toutes ces choses constituaient, à mes yeux, un gain, mais à cause de Christ, je les considère désormais comme une perte. Oui, je considère toutes choses comme une perte à cause de ce bien suprême : la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. A cause de lui, j’ai accepté de perdre tout cela, oui, je le considère comme bon à être mis au rebut, afin de gagner Christ. » (Philippiens 3 :7-8).

Chaque âme ayant fait une expérience authentique de régénération peut s’identifier avec Rodriguez. Dans le cas contraire, donc si on n’a rien connu de cette flamme qui emporte tout sur son passage, il vaudrait mieux reconsidérer nos revendications chrétiennes.

Mais que faire quand de tels nobles sentiments de la primauté de Christ nous inondent ? Si avant j’étais passionné par les études, espérant trouver un sens, approbation, valeur personnelle dans mes prouesses académiques, et que la rencontre avec Jésus met toute ma vie « en pagaille », comment cela va-t-il affecter le cours de ma vie ? Vais-je abandonner les études pour l’amour de JÉSUS ?

Eh bien, Dieu est souverain et peut exiger de nous tout ce qui Lui plait. Mais la norme serait que Jésus et ma passion pour Lui transforme mes motivations, mon éthique, ma vision des choses sans que j’aie à tout arrêter.

Que disent d’autres « born again »

La rédaction de Sa bannière s’est entretenue avec Alexis Hakizimana du personnel d’Urunani, lui-même ancien capitaine d’Urunani et de l’Equipe Nationale et Gracia Marlène, capitaine actuelle de Young Sisters.

Interview avec Alexis HAKIZIMANA:

Question 1 : Avant d’aller plus loin pourriez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs dont votre passé dans le Basketball et vos responsabilités actuelles au sein du Club Urunani ?

A.H (Alexis HAKIZIMANA) : Je m’appelle Alexis HAKIZIMANA, je suis un ancien Joueur du Club Urunani, j’ai été capitaine de ce Club et de l’équipe nationale. Ma carrière a pris fin en 2014. J’ai été Président de la Commission Technique de la Fédération Nationale (2015-2017) et aussi Directeur Technique du Club Urunani (2018-2021). Actuellement, je suis membre de la commission Technique du Club Urunani chargé du développement individuel des joueurs.

Question 2 : Comment aviez-vous rencontré Jésus, où et comment le servez-vous actuellement ?

A.H : J’ai rencontré personnellement Jésus Christ comme Mon Sauveur et Seigneur en 2004. Depuis ce fut une expérience extraordinaire, il m’a donné goût à la vie et la joie de vivre. Je suis membre de l’Eglise du Bon Berger et je suis responsable d’une cellule de maison (fraternité) depuis 2010.

Question 3 : Alors que vous étiez vous même joueur, avez-vous parfois senti ce tiraillement entre votre passion pour Christ d’un côté, et votre passion pour le jeu de l’autre ? Si oui, comment avez- vous géré cette tension?

A.H : Ce tiraillement était impératif puisque j’ai donné ma vie à Christ à l’âge de 24 ans, et sur le plan sportif j’étais dans une phase de bonne condition physique et technique et plein d’ambitions. Donc, comme tout nouveau chrétien (bébé spirituel) j’avais besoin d’un peu plus d’encadrement pour pouvoir grandir spirituellement. J’avais aussi besoin de plus de temps entrainement pour mon niveau de Basketball.

De 2004 à 2006, j’ai vécu une vie solitaire sur le plan spirituel. Certes, j’avais donné ma vie à Christ, mais je n’avais pas encore rompu avec mes anciennes habitudes (cercles d’influences et autres). En 2005, pour des raisons d’étude, j’ai changé de domicile et de faculté à l’université (suite à l’échec). Ce fut le moment le plus décisif de ma vie, cette déception me ramena plus à Dieu. Les frères en Christ qui étaient au campus Kiriri m’invitèrent à rejoindre la fraternité et je pris la décision d’y aller et d’être régulier dans les réunions chrétiennes.

Un peu après, on m’invita à me faire inscrire aux cours bibliques de base pour les nouveaux convertis. Consécutivement à ces cours, j’allais devoir m’absenter parfois aux entraînements de Basketball, car 3 soirs par la semaine, j’étais à mes cours de nouveaux convertis. Ce fut une décision difficile, mais l’image d’Abraham qui n’hésita pas à sacrifier son fils Isaac m’aida à faire de même, j’en ai parlé à mon Coach (Aaron) et il m’a dit « c’est ta vie ». Les dirigeants du club aussi respectèrent ma décision. De mon côté, je commençais à faire des entraînements individuels.

Abraham eut la Foi que Dieu pouvait ressusciter son fils, je fis pareil et actuellement si je fais un retour dans le passé pour évaluer ma carrière, je me dis que Dieu a été bon avec moi (Sélection équipe nationale, Championnat national, zone 5, Coupe d’Afrique des clubs champions 2011,2013 …). Les 2 cultes du dimanche à mon église, Bon Berger, m’ont beaucoup aidé. Selon l’horaire des matchs du dimanche, je pouvais soit prier dans le 1er ou 2ème culte à ma convenance.

Question 4 : Quelles sont les tentations courantes dans cette arène contre lesquelles tout jeune converti devrait être averti ? Quels conseils sur la façon dont on peut apprendre à les surmonter ?

A.H : Les tentations que toute personne connait seront plus prononcées pour une personne publique (sportif) qui peut être mis en avant à cause de son talent (alcool, copinage, débauche, abandon scolaire, …). Mon petit conseil à tout nouveau chrétien sportif, c’est de considérer Jésus comme le centre de la vie (une vie Christo-centrée). La plupart des messages chrétiens mettent actuellement l’homme en haut de la scène et facilement le culte de soi et les ambitions personnelles peuvent facilement primer sur le message du Christ ROI et digne de gloire. L’exemple plus parlant de Jean Baptiste «Seigneur que tu grandisses et que je diminue » devrait nous servir d’exemple.

Question 5 : Pour vous, en quelles circonstances un chrétien peut-il quitter le Jeu ? Quels enjeux peuvent justifier une telle capitulation ?

A.H : Tout ce qui me sépare de Christ n’a pas raison d’avoir la priorité. Si le sport que je pratique m’empêche de vivre une vie d’intimité avec le Christ, alors ce sport n’a pas sa place dans ma vie

Question 1 : Vous évoluez dans le monde du Basketball burundais et vous êtes capitaine de l’équipe Young Sisters. De plus, vous êtes chrétienne, née de nouveau. A quand remonte votre conversion à Christ ?

Gracia : Oui, je suis née de nouveau depuis 2016

Question 2 : Depuis 5 ans vous êtes disciple de Christ et cela exige une allégeance totale, et un dévouement complet … Avez-vous eu parfois le sentiment qu’un gros ballon de Basket s’interposait entre vous et Christ ?

Gracia : Au début de ma conversion, j’ai eu envie d’abandonner le Basketball. Après, j’ai compris que la nouvelle naissance, l’abandon totale à Christ n’inclue pas de se détacher des dons que Dieu nous donnés qui s’appliquent en dehors de l’église. Au contraire que Dieu, par sa grâce, s’attend à ce que je me consacre, même dans le basketball, cette fois-ci en m’entraînant durement et en jouant rien que pour sa gloire et bien évidemment en étant son témoin.

Question 3 : Mais, est-il facile de témoigner dans ce milieu qui est le vôtre ? N’est-il pas facile d’être influencé, d’être intimidé et d’éviter d’avoir un air idiot dans un contexte où il est attendu que vous vous comportiez de façon « cool » … « sportive » … ?

Gracia : Honnêtement, ce n’est pas du tout facile. Même quand on a la passion de gagner des âmes pour Christ, l’atmosphère ambiante semble ne pas être bienveillante pour un tel témoignage chrétien. Il nous faut une ambiance spéciale pour délivrer un message aussi divin. Mais vu d’un autre angle, il y a une certaine facilité du fait que l’approche entre sportifs est très simple, relaxant avec un  « langage sportif » quoi !

Question 4 : Je comprends cette ambivalence et j’espère qu’au fur du temps Dieu vous guidera et vous apportera la sagesse dont vous avez tant besoin. Quand vous ratez les moments d’adoration collective suite à vos engagements sportifs, comment faites-vous pour vous rattraper ?

Gracia : Sur ce point, c’est vraiment dur parce qu’il y a des moments qui sont irrécupérables, du moins dans une certaine mesure. Mais dans mon église, on enregistre les cultes et je les récupère pour prendre des moments de recul et de culte personnel dans la semaine.

Il n’est jamais facile de trancher face à un tel dilemme, mais tout chrétien est appelé à faire de Christ sa priorité. La Bible nous raconte l’histoire de deux sœurs, Marthe et Marie, deux amies proches de Christ. Quand Il leur rendit visite, elles cherchèrent à Le servir, chacune, de leur mieux. Sans vouloir déprécier celle qui choisit de l’honorer au moyen du service, il ne manqua pas de louer de façon particulière le choix de Marie de « s’asseoir près de lui pour l’écouter » . Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. (Luc 10: 38-42)

Servir les autres est fortement conseillé dans la Bible, et il n’y a assurément rien de mal à le servir dans le domaine sportif. Mais, lorsque nos occupations priment sur notre allégeance à Christ, il est impératif de recadrer notre vie. Si notre passion pour le sport n’accapare pas la place centrale de Christ, rien ne nous empêche de poursuivre notre route. Sinon, si notre vie spirituelle s’en trouve étouffer, il nous faudra faire un choix, comme celui de notre cher Rodriguez sans tergiverser.

Pour ces interviews accordées à la rédaction de Sabanniere, nous disons un grand merci !

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