Même en ayant la soif, la passion et même le temps de lire la Bible, on peut rater l’essentiel.
La Bible, un trésor méconnu et inconnu
La Bible est un trésor pour le Peuple de Dieu. Mais, force est de constater qu'elle est parmi les livres les moins consultés sur les étagères des chrétiens. Un paradoxe à regretter. Cette série va nous aider à redécouvrir l'importance incommensurable de ce Livre et comment en profiter pour notre communion transformatrice avec son ultime Auteur.
Même en ayant la soif, la passion et même le temps de lire, d’étudier, de mémoriser, de défendre, de méditer et de partager la Bible, on peut rater l’essentiel. Les faux enseignants, par exemple, ne sont pas seulement ceux qui s’opposent visiblement à la Bible, mais aussi ceux qui en tordent le sens.
Pierre écrit que l’apôtre Paul « parle de ces choses (écrites dans les versets précédents,) dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine. » (2 Pierre 3 :16).
On peut déduire de cela qu’il y a un vrai sens et un sens tordu de la Bible et que les deux ont des conséquences lourdes. Pour bien comprendre et appliquer la Bible, il faut établir les garde-fous suivants :
La Bible n’est pas primairement à propos de toi
« Puis il (Jésus) leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. » (Luc 24:44)
Jésus réprimande ses disciples pour n’avoir pas compris et interprété tout l’Ancien Testament en relation avec et à la lumière de sa personne et son œuvre rédemptrice. Malheureusement, la Bible est devenue un livre dans lequel chacun veut et peut trouver ce qui l’aide et le propulse dans un avenir glorieux ou à résoudre quelques problèmes psychologiques et identitaires.
C’est pourquoi, par exemple, beaucoup d’entre nous connaissent Jérémie 29 :11 par cœur sans connaitre les versets qui le précèdent ou suivent, ni le contexte général de ce chapitre et/ou de tout le livre du « prophète qui pleure » à qui l’Eternel avait interdit de se marier et d’avoir des enfants (Jérémie 16 :2).
Jésus voulait que les disciples comprennent que toute la Bible (du moins l’Ancien Testament à cette époque) avait un seul thème central : Jésus lui-même et son œuvre salvatrice. Ecoutons-encore dans le même chapitre de Luc. « Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » (V. 27)
Le blogueur et pasteur Australien Murray Campbell écrit que « tout d’abord, la Bible ne parle pas de vous ou de moi. La Bible est le plus grand ouvrage d’anthropologie, d’histoire et de psychologie jamais écrit, et pourtant, elle ne parle surtout pas de nous. La Bible est avant tout écrite pour révéler la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. L’Ancien Testament prépare et indique la venue du Messie. Le Nouveau Testament explique sa vie, sa mort et sa résurrection, et explique pourquoi sa venue est une bonne nouvelle pour nous. »
Ecoutons une dernière fois notre glorieux Seigneur parlant aux Pharisiens qui cherchaient autre chose pour leur vie éternelle que lui dans les Ecritures : « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie! » (Jean 5 :39-40). La Bible entière parle de Jésus et de la vie éternelle qui ne se trouve qu’en lui.
Cela ne veut pas dire que chaque verset de la Bible parle clairement et directement de Jésus, mais que l’enseignement général de la Bible est à propos de Jésus et qu’on doit la lire avec cette orientation à l’esprit.
Paul dit que la Bible est une prédication de Christ depuis l’Ancien Testament, qui a pour objectif d’appeler les gens à l’obéissance (Romains 16 :24-26). Cela ne veut pas dire qu’il n’y rien d’autre dans la Bible, mais plutôt que tout se rapporte à Christ et son salut éternel.
La Bible a un seul vrai sens et le plus souvent littéral
La Bible est un Livre saint et divin. Il n’est pas comme les autres livres. Pour la comprendre, il faut de l’intervention surnaturelle de l’Esprit. Mais, elle a aussi une nature humaine et naturelle. Bien qu’inspirée par Dieu, elle est aussi un produit des hommes qu’il a totalement et infailliblement inspirés et qui l’ont transmis dans un langage humain, dans des contextes culturels, sociaux, économiques, politiques et historiques différents. Comme Jésus a deux natures, et que l’une n’exclut pas l’autre, la Bible aussi. Tout ceci pour dire qu’on peut aussi l’approcher de manière naturelle comme tout autre livre.
Pour d’autres livres, on n’entend pas le regrettable refrain de certains chrétiens « pour moi ce texte/verset veut dire… ». Quand un auteur écrit un livre, il y a deux implications : la première est que lui seul connait le vrai sens du texte ; la deuxième est qu’il faut l’écouter et être d’accord avec lui si on veut avoir le vrai message. Il en va de même pour la Bible. Dieu seul connait son sens, il n’a pas balancé la bible pour que chacun en déchiffre le sens comme il veut.
Cela implique que quand nous approchons la Bible, nous demandons au Saint Esprit, qui a inspiré les Ecritures de nous aider à trouver l’intention et le sens de Dieu dans chaque livre, chapitre, paragraphe et verset.
Un texte biblique peut avoir différentes applications, mais il aura toujours un seul sens, et la plupart de fois un sens littéral, à moins que le contexte indique le contraire. Il n’y a pas ton sens dans la Bible, il y a le sens divin. Il n’y pas de « chez nous, nous croyons comme ça », « c’est mon interprétation », « garde ton interprétation, je garde la mienne ».
La Bible est une unité, pas des particules à exploiter isolement
La Bible est un seul livre, le livre de Dieu. On parle de la Parole de Dieu, pas des paroles de Dieu. De la Genèse à l’Apocalypse, la Bible parle d’une seule histoire, continue et interconnectée : la révélation de Dieu et de son salut pour les pécheurs avec son accomplissement ultime en Christ.
La Bible n’est pas primairement une collection des histoires héroïques (Abraham, Joseph, David, Gédéon, Esther, …) à imiter, mais des histoires, des commandements, des exodes, des prophéties, des bénédictions, des malédictions qui trouvent leur accomplissement en Jésus Christ et qui constituent l’autorévélation de Dieu au monde perdu.
Cela a de réelles et sérieuses implications chez tout lecteur et étudiant de la Bible. La première implication est de ne pas chercher dans la Bible un verset ou un texte isolé pour en tirer un enseignement détaché de son but principal : le salut par la grâce au moyen de la foi en Christ.
La seconde implication est qu’il faut toute la bible pour comprendre une doctrine quelconque. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il faut tenir compte non pas seulement d’un seul verset/texte, mais de ce que toute la Bible sur un sujet pour en comprendre le vrai sens. On dit que la Bible s’interprète par la Bible. Les parties explicites mettent la lumière sur celles implicites. Les parties dures sont expliquées par celles faciles de compréhension.
La Bible est à mettre en pratique, pas seulement à connaitre
« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. » (Jacques 1 :22).
On a souvent plus hâte d’écouter, de lire et de parler de la Bible que de la mettre en pratique. On a souvent une tête pleine de versets, mais une vie vide d’impact et de transformation. L’Apôtre Jacques, inspiré par Dieu nous dit que ne pas mettre en pratique la Parole est une grande tromperie. Une déception désastreuse. Aies toujours le même zèle que tu as de connaitre la Parole de Dieu aussi pour sa mise en application. Aimons la vérité, mais aussi vivons-la. Ayons des têtes, mais aussi des mains, le tout enflammé pour l’amour et la passion illuminés du cœur.
Prions Dieu pour nous faire comprendre et aimer la Bible, mais prions plus pour la « traduire en acte » pour emprunter les mots de la traduction Bible du Semeur. Ceci n’est un permis pour connaitre moins, mais une interpellation de ne pas se contenter de la théorie. Demandons aussi aux autres de nous aider à mieux mettre en pratique la volonté de Dieu révélée dans les pages de son Saint Livre. Prions pour des têtes pleines, des cœurs passionnés et des mains fortes.
Ecoutons encore notre Béni Sauveur et Maitre, la Parole Vivante nous dit que « quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc » avant d’ajouter que « quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. » (Matthieu 7 :24,26). Quel est ton terrain ?
Par la grâce et pour la gloire de Dieu
Quand on exhorte les gens à faire quelque chose dans le domaine spirituel, tout le monde peut tenter son coup à cause de la culpabilité ou le désir de faire quelque chose. Mais la vie chrétienne est une vie qui commence par grâce (Ephésiens 2 :8-9), qui continue par grâce (1 Corinthiens 15 :10,2 Timothée 2 :1, Hébreux 13 :20-21) et qui s’achève – ici-bas – par la grâce (Jude 1 :24-25, Philippiens 1 :6, 1 Corinthiens 1 :7-8, Jérémie 32 :40).
Toute la vie chrétienne est une vie vécue par grâce. Alors, lire la Bible doit être aussi un acte qui doit dépendre totalement de la grâce divine. N’essayons pas d’interagir avec la Bible comme un acte qui dépend juste de notre force et de notre volition et que nous brandissons comme une monnaie d’échange ou d’acceptation devant Dieu.
Quand les gens font quelque chose dans leurs forces, ils cherchent toujours de la reconnaissance. La religion biblique est de loin différente. On est interdit de revendiquer ce qu’on pense avoir réalisé. La raison ? Elle est double : tout ce qu’on fait est par la grâce, et toute la gloire et le mérite reviennent à Dieu (Romains 11 :36) Injuste ? Loin de là. Etre utilisé par Dieu et lui rendre gloire font le bonheur de l’enfant de Dieu.
Toute la vie est pour la gloire de Dieu, de la création (Esaïe 43 :7,21), le pardon des péchés (Esaïe 43 :25), le salut (Ephésiens1 :3-14), la sanctification (Psaumes 23 :3), et même les choses mondaines et simples comme manger, boire et parler (1 Corinthiens10 :31, Colossiens 3 :17). Toutes les disciplines liées à la Bible devraient aussi viser ce noble but : la gloire de Dieu.
Cet article marque la fin de notre série sur la Bible. Vous pouvez consulter les articles précédents de cette série. Notre prière est qu’elle ait éveillé un amour et une passion pour la Parole de Dieu, pour sa gloire qui est notre plus grand bonheur. Soli Deo Gloria.
Schadrack Nizeyimana est un chrétien Burundais. Il est détenteur d'un baccalauréat en Psychologie qu'il a obtenu à l'Université du Burundi. Il est passionné par les langues –l'écriture, la lecture et la poésie. Il vit à Bujumbura et y travaille comme traducteur professionnel.
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