Proconsul romain : « Renie Christ et je te libère »

Polycarpe : « 86 ans que je l’ai servi. Il ne m’avait jamais fait de mal. Comment puis-je blasphémer mon Roi qui m’a sauvé ? »

Proconsul romain : « Tu sais que je peux te faire bruler vivant ? »

Polycarpe : « Vous me menacez du feu qui brûle pendant une heure et s’éteint. Mais le feu du jugement que Dieu réserve aux impies brule pour toujours. »

Ces mots résonnaient très forts dans mes oreilles de pubère. Mon pasteur n’était pas éduqué au sens formel du terme mais il avait fait des écoles missionnaires. Bien que beaucoup se plaignaient de ses caprices de « vieux pasteur » et maladresses dans le leadership, moi je l’aimais bien. J’aimais l’écouter nous raconter ces histoires des martyres. Il répétait les mêmes anecdotes mais je ne m’en lassais jamais. Grâce à un vieux pasteur peu instruit, j’ai appris à aimer l’Histoire de l’Eglise.

« Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu, considérez quelle a été la fin de leur vie et imitez leur foi. » Hébreux 13 :7

L’auteur de l’Epitre aux Hébreux écrivait à une génération en proie aux persécutions et dérives doctrinales. Ils avaient besoin des encouragements et des mises en garde. Vers la fin de l’épitre, il les interpelle à « considérer » la vie des premiers proclamateurs de l’Evangile, les Apôtres. Il était convaincu de l’utilité spirituelle à regarder de plus près les vies des gens qui avaient tout mis sur l’autel, afin de proclamer courageusement et sans compromis le message originel de Jésus.

Je ne pense pas que l’auteur de l’épitre aurait préféré que l’on s’arrête sur les Apôtres uniquement. Le même conseil vaut également pour la vie des successeurs des Apôtres de la première génération, la deuxième et les autres … Dans cette série, il s’agira de ceux qui sont connus comme les Pères de l’Eglise.

Esquisse historique de la période patristique

La période des Pères de l’Eglise peut être cataloguée en trois phases importantes :

La première période des Pères de l’Eglise est celle qui couvre la vie des premiers successeurs des Apôtres ainsi que la génération de leurs disciples qui s’en est suivi. Cette période va jusqu’au 3è siècle après Jésus Christ. Pendant cette période, l’Eglise est soumise aux feux de persécutions et aux attaques par les intellectuels romains et grecs. Les blogs de cette série vont couvrir cette période spécifique.

La deuxième période est souvent appelée « la période d’or » de l’ère patristique. Il y a eu un grand développement de la pensée chrétienne. Elle commence avec Athanase autour des années 300 jusqu’à la mort de Saint Augustin au 5è siècle en 430. Les persécutions ont cessé mais l’Eglise doit se consolider doctrinalement. Elle est caractérisée par un développement doctrinal.

La période tardive est difficile à délimiter mais elle est caractérisée par les dogmes catholiques qui se développent et s’éloignent de plus en plus des Ecritures. Néanmoins, quelques lumières brillent toujours. Elle part de la mort de Saint Augustin jusqu’à la mort d’Isidore de Séville en 636. Mais certains prolongent cette période jusqu’à Jean Damascène un siècle plus tard en 749.

Les premiers Pères de l’Eglise

L’histoire entière des Pères de l’Eglise est parfois classifiée sous plusieurs angles. Ceux qui viennent avant ou après le concile de Nicée, ou alors selon un critère linguistique. Par exemple, on distingue un christianisme occidental latin et un christianisme oriental grec. En Occident nous avons eu : Ambroise, Jérôme, Augustin, Grégoire ; puis en Orient, on a eu Basile le Grand, Athanase, Grégoire de Nazianzus et Jean Chrysostome. Les huit sont appelés les 8 DOCTEURS DE L’EGLISE.

Comme je l’ai mentionné, dans cette série, je vais me focaliser sur 8 figures de la première période patristique. Elle comprend la génération des leaders de l’Eglise qui avaient une connexion directe avec les Apôtres du Nouveau Testament ainsi que la génération de leurs disciples immédiats. Ils sont : Clément de Rome, Ignace d’Antioche, Polycarpe de Smyrne, Papias d’Hiérapolis, Justin Le Martyr, Irénée de Lyons, Tertullien de Carthage, Clément d’Alexandrie. C’étaient des hommes caractérisés par au moins deux vertus : ils étaient des saints. Leurs vies nous parlent beaucoup et nous apprennent sur le caractère chrétien surtout au milieu des persécutions.

Deuxièmement, ils étaient robustes intellectuellement. Très versés en hébreux et grec. Equipés pour répondre aux objections intellectuelles de leurs temps. Néanmoins, ils le faisaient de façon moins sophistiquée que les Pères de l’Eglise des âges postérieurs. Ils ont énormément facilité le maintien et la continuité de la foi chrétienne.

Dans cette même division des Pères de la Première Période, nous distinguons les Pères Apostoliques des Pères Apologètes.

Les Pères Apostoliques

Ils étaient en général contemporains des premiers apôtres. Ils ont été en contact avec les Apôtres, ou alors fortement influencés par ces derniers. Par exemple : Clément de Rome fut sous le mentorat de Pierre, Ignace et Polycarpe étaient des disciples de Jean. Irénée raconte que Papias connaissait personnellement l’apôtre Jean.

Clément de Rome (c. 35 – c. 99)

Ignace d’Antioche (c. 35 – c. 110)

Polycarpe de Smyrne (c. 69 – c. 155)

Papias Hierapolis (c.60-c.130)

Les Pères Apologètes

Après la mort des Pères apostoliques est venue une génération des défenseurs rationnels qui ont contribué à assurer la respectabilité intellectuelle et la crédibilité du christianisme au sein du monde gréco-romain.

Justin le Martyr (c. 100 – c. 165)

Irénée de Lyons (c. 130 – c. 202)

Tertullien de Carthage (c. 155 – c. 222)

Clement d’Alexandrie (c. 150 – c. 215).

Pourquoi étudier les Pères de l’Eglise

Quand on parle des Pères de l’Eglise on insinue l’idée selon laquelle, à la mort du dernier Apôtre, l’Eglise avait besoin de « parents » qui veillent sur sa survie au milieu des persécutions, la transmission fidèle de la Foi au milieu des hérésies, son organisation stable au milieu de différents bouleversements politiques, sa défense au milieu de tant d’attaques d’agnostiques et son impact missionnaire au milieu des païens. L’Eglise de chaque Age a les mêmes besoins et fait souvent face à des situations similaires. Je prie que Dieu s’en sert pour nous édifier.