Seul dans mes réflexions, je suis un réformé charismatique au cœur des tiraillements, mais seul dans la prière, je suis juste un enfant dans les bras de Son Père
Un réformé charismatique vit le plus difficile des tiraillements. Un jour ou l’autre il devra décider s’il va vivre toute sa vie à répondre aux objections théologiques de ses opposants, défendant une doctrine dont il connait peu l’expérience ou alors s’il va s’aventurer avec l’Esprit et laisser l’éclat de sa vie spirituelle et la marque surnaturelle de son ministère parler pour ses convictions. Il devra décider entre l’argumentation ou l’expérimentation, entre les débats théologiques ou les réalités spirituelles. S’il choisit la dernière option, il peut être sûr que le moindre de ses pas sera scruté et la moindre de ses failles exploitée contre lui et parfois avec les mêmes personnes avec qui il partage les convictions théologiques. Sur ce terrain glissant explorons brièvement comment trois réformés charismatiques ont géré la tension. Il s’agira de Martyn Lloyd Jones, RT Kendall et John Piper
Martyn Lloyd Jones a su résister aux objections des cessationistes. Sa capacité à traiter rigoureusement les textes bibliques mieux que ses propres opposants lui conféraient une certaine respectabilité intellectuelle. Sa maitrise de la littérature des puritains et revivalistes du passé étaient sans égal. Mais la question reste de savoir si ce qu’il défendait était évident dans sa propre vie. Piper nous répond par l’affirmative.
Pendant un de ses sermons, son biographe Iain Murray laisse parler un témoin oculaire (David Martyn Lloyd-Jones: The Fight of Faith 1939–1981)
D’une manière extraordinaire, la présence de Dieu était présente dans cette église. J’ai personnellement eu l’impression qu’une main me poussait à travers le banc. À la fin du sermon, pour une raison ou une autre, l’orgue ne joua pas, le docteur se retira dans la sacristie et tout le monde resta assis complètement immobile sans bouger. Il a fallu presque dix minutes avant que les gens ne trouvent la force de se lever et, sans se parler, de quitter l’église en silence. Je n’ai jamais vu ni vécu une telle prédication avec une réaction aussi fantastique de la part de la congrégation.
Une femme qui avait été un médium bien connu fréquenta son église un soir. Elle a témoigné plus tard après sa conversion :
Au moment où je suis entrée dans votre chapelle et que je me suis assise sur un siège parmi les gens, j’ai été consciente d’une puissance surnaturelle. J’étais consciente du même genre de puissance surnaturelle à laquelle j’étais habituée dans nos réunions spirites, mais il y avait une grande différence : j’avais le sentiment que la puissance dans votre chapelle était une puissance pure.
Plusieurs fois dans sa vie, il a eu une sorte de prémonition prophétique qui dépassait l’ordinaire. Le 19 janvier 1940, il a écrit à la femme d’un ami, Douglas Johnson, qui avait souffert d’une occlusion coronaire :
J’ai une conscience très précise et indubitable du fait que [Douglas] était complètement et entièrement rétabli. Ce genre de chose, comme il le sait, n’est pas courant chez moi. Je le rapporte parce qu’il est très certain.
D’ailleurs il croyait que parfois Dieu nous dirige de façon directe et surnaturelle :
Il ne fait aucun doute que le peuple de Dieu peut rechercher et s’attendre à des « directives », à des « conseils », à des indications sur ce qu’il est censé faire. . . . Des hommes ont été invités par le Saint-Esprit à faire quelque chose ; ils savaient que c’était le Saint-Esprit qui leur parlait ; et il s’est avéré que c’était manifestement sa direction. Il me semble clair que si nous nions une telle possibilité, nous sommes à nouveau coupables d’éteindre l’Esprit.
Mais c’était aussi un homme très prudent. Il ajoutait :
« Les moyens par lesquels la bénédiction se manifeste sont presque infinis. Nous devons faire attention à ne pas les restreindre ou à ne pas essayer de les systématiser à outrance, ou, pire encore, à ne pas les mécaniser. »
Mais quand il s’agissait de développer une culture spirituelle susceptible de transformer Westminster Chapel en une communauté charismatique qui recherche et expérimente le réveil , il semble qu’il ait échoué. Il est mort sans voir le réveil qu’il voulait tant voir. Il semble avoir reculé devant les risques de modeler un ministère qui facilite un mouvement de réveil. Piper croit que son héros aurait pu faire mieux.
« Nous ne devons pas rechercher des phénomènes et des expériences étranges. Ce que nous devons rechercher, c’est la manifestation de la gloire de Dieu, de sa puissance et de sa force. . . . Nous devons laisser à Dieu, dans sa sagesse souveraine, le soin de décider d’accorder ou non ces concomitants occasionnels. »
Nous ne devons pas rechercher des phénomènes et des expériences étranges. Ce que nous devons rechercher, c’est la manifestation de la gloire de Dieu, de sa puissance et de sa force. . . . Nous devons laisser à Dieu, dans sa sagesse souveraine, le soin de décider d’accorder ou non ces concomitants occasionnels. ( Lloyd Jones, Sovereign Spirit)
Piper n’est pas satisfait. il dit:
Il a certainement raison de dire que nous ne devons pas nous préoccuper des formes extérieures des choses – comme la guérison corporelle au lieu de la vie spirituelle. Mais les apôtres auraient-ils pu prier sans exprimer leur désir de voir les signes et les prodiges qui se sont révélés si utiles pour attester la parole de grâce (Actes 14:3 ; Hébreux 2:4 ; Marc 16:20) ? N’ont-ils pas en fait prié dans Actes 4:30 pour que Dieu accomplisse des signes et des prodiges et plus particulièrement pour qu’il étende sa main pour guérir ?
Un américain R T Kendall est venu remplacer ML Jones et y est resté pendant 25ans. Bien que ML Jones se retire du pastorat en 1968 il restera dans l’Eglise jusqu’ à sa mort en 1981. Pendant ce temps son successeur essaie de faire ce que son mentor avait hésité de faire : plonger dans les grandes eaux de l’expérience charismatique. Inutile d’ajouter qu’il a créé d’intenses polémiques au sein du Chapel.
Qui était RT Kendall
R.T. Kendall a été pasteur de la chapelle de Westminster à Londres pendant vingt-cinq ans. Né à Ashland, dans le Kentucky, il a fait ses études au Southern Baptist Theological Seminary (MDiv) et à l'Université d'Oxford pour son Doctorat en philosophie, et à l’université nazaréenne de Trevecca pour son doctorat en théologie. Il a été ministre principal à la chapelle de Westminster du 1er février 1977 au 1er février 2002. Il est connu pour ses nombreuses conférences, livres, podcacts
Quelles étaient ses convictions?
Martyn Loyd Jones ne pouvait qu’acquiescer aux convictions de l’américain, diplômé d’Oxford. Ce qu’il croyait se résume bien par cette lettre spéciale postée à l’ouverture de son site officiel:
Il nous semble qu'il y a eu un « divorce silencieux » dans l'église, en général, entre la Parole et l'Esprit. Lorsqu'il y a un divorce, certains enfants restent avec la mère, d'autres avec le père.
Dans ce divorce, il y a ceux du côté de la « Parole » et ceux du côté de l'« Esprit ». Quelle est la différence ?
Prenons ceux d'entre nous qui représentent la Parole. Notre message est le suivant : nous devons lutter avec ferveur pour la foi « une fois pour toutes livrée aux saints » (Jude 3), nous devons revenir à la prédication par exposition, à la saine doctrine telle que la justification par la foi, la souveraineté de Dieu et le témoignage intérieur de l'Esprit tel qu'enseigné par des hommes comme Martin Luther, Jean Calvin et Jonathan Edwards. Qu'est-ce qui ne va pas avec cette insistance ? Rien. C'est tout à fait juste.
Prenez ceux qui ont mis l’accent sur le Saint-Esprit. Quel est le message ? Nous devons redécouvrir la puissance qui a été manifestée dans le livre des Actes, il faut qu’il y ait une démonstration de signes, de prodiges et de miracles ; nous devons voir les dons de l’Esprit à l’œuvre dans l’Église – que le monde prenne à nouveau conscience de l’Église afin que les gens soient laissés sans excuse. Qu’y a-t-il de mal à mettre l’accent là-dessus ? Rien. C’est tout à fait juste.
Nous croyons que le besoin du moment n’est pas l’un ou l’autre – mais les deux ! Nous pensons que cette combinaison simultanée entraînera une combustion spontanée ! Et alors, mais presque certainement seulement alors, le monde sera à nouveau secoué par le message de l’Église.
La mise en pratique maladroite?
Plus que son prédécesseur, le docteur Kendall était déterminé à aller plus loin et explorer pratiquement ses convictions. Il a cherché à promouvoir la liberté de l’Esprit, encourager sa congrégation à prier, s’attendre et s’ouvrir au mouvement de l’Esprit. Cela l’amena en collision avec MLJ de telle façon qu’il demanda avant de mourir que Kendall n’assiste pas à ses funérailles. Après la mort de Jones, le docteur Kendall est devenu beaucoup plus osant :
Quand ce dernier prêchait, les gens « tombaient de rire par terre » Kendall était content de ce « Dieu qui aime offenser notre sophistication », Mme Kendall fut miraculeusement guérie en lien avec le ministère de Howard-Browne.
Les gens ont réagi à ces changements… la congrégation a perdu de nombreux membres. Les plus conservateurs trouvaient que Le Dr Martin Lloyd-Jones, était un homme de Dieu sincère, qui croyait en la puissance de Dieu à notre époque, mais sans croire comme Kendall au battage médiatique et aux faux mouvements. Kendall est devenu frustré.
Vers la fin de son ministère et surtout dans son livre Pursuit of glory, Kendall parle avec déception du réveil qu'il a tenté de provoquer à Westminster, mais qui n'a jamais eu lieu. Sa tentative de marier sa version de la théologie réformée (la « Parole ») avec la charismanie (l'« Esprit ») n'a pas apporté de réveil. L'un des passages les plus tristes de ces mémoires est le désespoir souvent exprimé par Kendall face au déclin des congrégations dans lesquelles il a prêché au fil des ans.
Il a beaucoup de choses en commun avec son mentor ML Jones: un théologien solide, qui avec les professeurs Wayne Grudem et D.A Carson ont contribué plus que quiconque à donner une respectabilité théologique aux réformés charismatiques.
Sur le plan de l’expérience, je ne mentionnerai pas John Piper comme un modèle d’un réformé charismatique pratiquant :
Depuis que je suis entré dans mes 40ans, je m'arrête souvent pour me demander comment faire bon usage de mes quelques années qui me restent à servir Dieu. Désire-je que le ministère dont le suis le fondateur et leader soit connu, après ma mort, pour avoir juste soutenu des positions doctrinales ?Ou alors je suis prêt à laisser Dieu faire des grandes choses parmi nous, même si ça doit susciter des polémiques derrière et autour de nous ? Ai je fait mienne, cette prière que le docteur Sam Storms recommende dans Practicing the power ? : « Priez encore une fois pour que Dieu augmente votre faim spirituelle, qu’il intensifie votre soif de puissance divine, qu’il ne vous permette jamais de vous contenter du statu quo » (p. 240).
Dernièrement le ministère de Chris Ndikumana a suscité tellement de controverse. J’ai déjà fait mon évaluation dans un autre article
Alors que le ministère de Chris se répand à l’internationale, il nous force à observer, et à se poser des questions. Notre réaction positive aux dites manifestations sont-elles nées d’une crédulité facile qui exprime notre soif du surnaturel sans examen sérieux de la source biblique de la puissance qui nous impressionne ? Notre réaction défavorable est-elle le résultat d’une jalousie cachée pour un ministère que nous aurions nous mêmes voulu avoir ou alors nous penchons-nous sur la Bible pour comprendre les voies mystérieuses de Dieu avec un cœur humble et ouvert ?
Mais pour moi la question a été beaucoup plus personnelle : que ce que le ministère de Chris m’apprend sur le besoin d’un ministère qui relie Parole et Puissance en pratique ? Suis-je prêt à endurer les critiques, les calomnies de mes détracteurs ? Suis-je prêt à ignorer les regards désapprobateurs des gens de réputation intellectuelle pourvu que j’accomplisse mon appel ?
Seul dans mes réflexions, je suis un réformé charismatique le cœur en tiraillements. Mais seul dans la prière, je suis juste un enfant dans les bras de Son Père qui l’entend dire « ne crains rien…je suis avec toi et je serai toujours à tes côtés »
NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la musique, le Basketball et un bon sommeil.
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