Le rasfarisme est un mélange d’humanisme et de moralisme qui souvent confondent beaucoup de chrétiens; cet article est une loupe pour l’examiner dans une perspective chrétienne…
Le 11 Mai de chaque année est un jour très célébré par ceux qu’on appelle les rastas. C’est la commémoration de la mort de l’un des icônes du mouvement Rasta ou de la Religion Rasta : Robert Nesta Marley, alias Bob Marley, mort d’un cancer à cette date en 1981 à Miami, aux Etats-Unis. Cette journée est aussi une commémoration du rastafarisme.
Bien que Bob Marley soit connu comme fondateur du Rastafarisme, il s’avère que le pionnier de ce courant soit un autre malgré l’influence que Bob a eue dans ce mouvement-religion. Selon le site ABC10 « Bob Marley est le plus célèbre des Rastafaris. Il a fait connaître le rastafari aux masses américaines à la fin des années 1970 et au début des années 1980 grâce au reggae. Ses paroles sont pleines de doctrine et d’esprit rasta. » Cela explique sa proéminence[i] mais le rastafarisme a été réellement fondé par une autre personne à savoir Leonard P. Howel, inspiré par le noir américain Marcus Garvey.
Un autre aspect qui sème la confusion à propos de ce mouvement, c’est que certaines de ces croyances et convictions – l’amour, les commandements, la justice, l’unité, la paix, « Dieu » – s’apparentent à celles de la Bible. Bien que profondément distinctes, beaucoup ne s’aperçoivent pas de l’étang qui sépare ces deux entités diamétralement opposées. Cet article va profiter de cette journée pour montrer ces différences et suggérer quelques implications théologiques et pratiques. Commençons par un peu d’histoire.
J’ai pris pour acquise la compréhension du Rastafarisme comme une religion. Mais s’il y a quelqu’un qui ne le savait pas, eh bien il s’agit d’une religion. Selon le site Britannica « Rastafari, également orthographié Ras Tafari, » est un « mouvement religieux et politique, né en Jamaïque dans les années 1930 et adopté par de nombreux groupes dans le monde entier »[ii] . Il n’est pas un simple mouvement religieux , mais une religion à part entière.
Dans leur livre Dealing with Death, Jennifer Green et Michael Green écrivent que “les croyants (les rastas) affirment qu’il existe une lignée directe du roi biblique David à Ras Tafari (d’où le nom de rastafari), et que l’empereur Haïlé Sélassié 1er est le seul roi descendant de ce trône jusqu’à l’époque actuelle. Il porte également les titres de Roi des Rois et de Lion de Judée. Les rastafaris considèrent que l’empereur éthiopien est un être divin et le Messie de l’humanité. Ils croient qu’ils sont les véritables juifs qui seront finalement rachetés par rapatriement en Afrique, qui est leur vraie terre et le paradis sur terre »[iii]. Certains parlent même d’une « théologie rasta ».
Une simple déduction de la précédente section montre la différence entre ces deux religions. Le rastafarisme est une religion très complexe et diverse. Mais, certains points communs aux rastas peuvent nous éclairer sur la différence entre celui-ci et le Christianisme. Par exemple, les rastas ne croient pas entièrement en la Bible chrétienne. Ils ont fait diverses éditions comme la « Jah International Version » (Version Internationale de Jah), qui est une mise à jour de la célèbre King James Version. Ils accusent cette dernière d’être une traduction des « suprématistes blancs » et ils y ont ajouté des livres apocryphes comme le Livre d’Enock, celui de Jubilée et le Kebra Nagast (la gloire des Rois). Deux bibles, deux religions.
Deux différents Messies
Sur ce point aussi, la complexité s’invite. Les Rastas ne croient eet n’appréhendent pas de la même façon le concept du Messie. Certains croient que Jésus est le Messie des Blancs, et l’Empereur Haïlé Sélassié 1er – considéré comme divin aussi – celui des Noirs avec l’Éthiopie comme la Terre Promise. Les autres croient qu’Haïlé Sélassié 1er est le seul Messie, d’où l’application des titres Messianiques comme « Lion de la Tribu de Juda » et « Roi des Rois » sur ce dernier.
Une autre frange des rastas croit qu’Haïlé Sélassié 1er est le Messie revenu sur terre pour racheter les noirs. Notons quand même qu’Il y a aussi d’autres gens qui s’identifient comme des Rastas sans y attacher aucune idée religieuse ou spirituelle. Ils y adhèrent comme un moyen de vie et suivent diverses religions en même temps. Deux Messies, deux religions.
On ne peut pas énumérer toutes les différences entre le Christianisme et le Rastafarisme, mais on peut parler brièvement de celles qui ne laissent aucune équivoque. Le premier point de divergence est le concept de Dieu. Mais comme on l’a mentionné haut, il s’agit de deux divinités nettement distinctes. Le Dieu des chrétiens – du coup le Dieu Biblique – est un Dieu trinitaire ; Un en trois personnes. Dieu le père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit.
Mais, la plupart des rastas pratiquants croient que l’Empereur Sélassié 1er est Dieu. En 2009, la British Broadcasting Corporation (BBC), un radiodiffuseur britanique écrivait un article intitulé « Croyances originelles et modernes » sur la religion et la croyance Rasta et cet extrait parle du concept rasta de Dieu en ces termes : « Les rastafaris considèrent Hailé Sélassié 1er comme un Dieu car la prophétie de Marcus Garvey – “Regardez vers l’Afrique où un roi noir sera couronné, il sera le Rédempteur » – a été rapidement suivie par l’ascension d’Hailé Sélassié 1er comme empereur d’Éthiopie. Hailé Sélassié 1er est considéré par les rastafaris comme le Dieu de la race noire. »[iv] Un dieu non biblique et un Dieu biblique; deux religions incompatibles.
Une moralité sans Évangile
Les rastas se disent artisans de la paix, de l’amour et de la justice. Pour faire justice aux rastas, reconnaissons leurs efforts dans la recherche de la paix et la réconciliation. Que cela soit de la part des leaders du mouvement comme son « prophète » Marcus Garvey, son fondateur en Jamaïque Howell en 1935, ou que ce soit de ses ambassadeurs comme Bob Marley, Lucky Philip Dube, Peter Tosh, … tous parlaient de ces concepts.
Là où cela devient différent et éloigné de l’Évangile Biblique, c’est qu’ils n’en parlent jamais en rapport avec l’œuvre de la croix de Jésus-Christ, la puissance transformatrice du Saint-Esprit et la gloire de Dieu.
Une autre remarque importante est que ces concepts ne sont même pas appliqués de la même façon que la Bible le recommande. En effet, même si les rastas prêchent l’amour, ce n’est pas un amour pour tous ; leurs ennemis – les blancs par exemple – n’en bénéficient pas comme nous allons le voir dans les croyances du leader du mouvement. Leur justice n’est pas une justice équitable mais répressive et révolutionnaire contre leurs ennemis. Loin de la Bible, loin du Christianisme.
En 2009, la BBC a publié un article dans lequel elle cite le livre The Rastafarians, The Dreadlocks of Jamaica de l’académicien et chercheur Leonard Barrett. Ce dernier dresse une liste de certaines croyances rasta dont voici la liste :
Hailé Sélassié 1er est le Dieu vivant
Le Noir est la réincarnation de l’ancien Israël, qui, par la main du Blanc, a été exilé en Jamaïque
Le Blanc est inférieur au Noir
La Jamaïque est l’enfer ; l’Éthiopie est le paradis
L’empereur invincible d’Éthiopie prend actuellement des dispositions pour que les personnes d’origine africaine expatriées retournent en Éthiopie
Dans un avenir proche, les Noirs dirigeront le monde.[v]
Leonard P. Howel, prédicateur du Rastafarisme, était dévoué à ces croyances suivantes et les enseignait comme étant fondamentales pour les rastas :
La haine des Blancs
La supériorité des Noirs
Les Noirs sont le peuple élu de Dieu
Les Noirs vont bientôt régner sur le monde
Ils se vengeront de la méchanceté des Blancs.
Les Blancs deviendront les serviteurs des Noirs
La négation, la persécution et l’humiliation du gouvernement et des instances juridiques de la Jamaïque.
Le rapatriement : Hailé Sélassié 1er ramènera les Noirs en Afrique.
La reconnaissance de l’empereur Hailé Sélassié 1er comme Dieu, et le souverain des Noirs[vi]
Le rastafarisme et le christianisme ; un mariage intenable et un divorce inévitable
On pourrait parler d’autres différences, mais je crois que celles évoquées dans cet article sont suffisantes pour un chrétien qui tient beaucoup à la Bible, au salut en Christ et à l’Évangile entre autres. En un mot, il n’y a pas de chrétiens rasta. Non plus de rastas chrétiens. Soit, tu es l’un, soit tu es l’autre, mais pas les deux. Ce sont des religions mutuellement exclusives.
Ce court article n’a pas l’intention de faire une ségrégation quelconque, mais il a le but à la fois d’aviser les chrétiens non informés sur les différences entre ces deux entités et de prévenir les rastas qui désirent le vrai salut que Jésus seul reste et restera le « chemin » vers le Père (Jean 14 :6) et la vraie liberté (Jean 8 :36).
Et le reggae dans tout cela, l’exemple de Lucky Dube ?
Il ne faut jamais détacher le reggae des rasta et la religion rasta. J’ai été choqué par exemple quand j’ai lu que Lucky Dube a été enseveli selon les rites rasta, c’est-à-dire non chrétiens et non bibliques. Dans la plupart de ces chansons, il véhiculait des messages que l’on croirait bibliques et chrétiens, à l’instar de « You stand Alone », « It’s not easy », « Soldiers of righteousness » et « The Hand That Giveth ». Lucky Dube croyait en un syncrétisme religieux difficile à comprendre. Mais, une chose est sûre; il ne croyait pas en la Bible ni en Jésus comme le seul sauveur du monde.
Dans « Shembe is the way » (Shembe est le chemin) par exemple, Lucky Dube chante à propos de Shembe, le leader et fondateur de la Nazareth Baptist Church, très éloignée du christianisme. Dans un essai sur les religions en Afrique du Sud, le Dr Magnus Echtler écrit que Lucky Dube déclarait dans la chanson que « Shembe est la voie, pas Jésus-Christ, et que Shembe a été envoyé par Dieu pour ramener la voie des ancêtres »[vii]. Malgré les bons messages dans la musique Reggae des rasta, cette musique n’est pas biblique.
Peut-on l’écouter et la chanter ? Sûrement pas pour y trouver quelque chose de chrétien ou de biblique. Le chrétien doit toujours examiner ce qu’il consomme à la lumière de la Bible et si c’est contraire à la Bible, l’ignorer est un verdict sans appel. C’est une question d’éthique et de liberté chrétienne, mais un chrétien n’a pas besoin du message reggae-rasta tant qu’il ait le vrai message de la Bible.
Pour conclure, le rastafarisme est une religion très différente, même opposée, à la religion biblique : le christianisme. Comme pour toute autre religion contraire à la bible, le chrétien est tenu de ne prendre qu’une seule partie : la Bible. Aimons et prions pour ceux qui sont aveuglés par ce message vraisemblablement bon mais qui ne sauve pas.
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[i] https://www.abc10.com/article/news/local/10-things-to-know-about-the-rastafari-religion/103-461160875 consulté le 04/05/2022 à 17h45
[iii] Green, J., Green, M. (1991). Rastafarianism. In: Dealing with Death. Springer, Boston, MA. p. 184
[iv] https://www.bbc.co.uk/religion/religions/rastafari/beliefs/beliefs_1.shtml consulté le 04/05/2022 à 19h39
[v] Idem ,consulté le 10/05/2022 a 10h58
[vi] Ibidem , consulté le 10/05 à 11h05
[vii] Redeeming Zululand: Emplacing Cultural Resonances in the Nazareth Baptist Church, South Africa p.237
Schadrack Nizeyimana est un chrétien Burundais. Il est détenteur d'un baccalauréat en Psychologie qu'il a obtenu à l'Université du Burundi. Il est passionné par les langues –l'écriture, la lecture et la poésie. Il vit à Bujumbura et y travaille comme traducteur professionnel.
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