J’ai écrit en Amateur d’Histoire, Pasteur et Parent
L’Histoire de l’Eglise du Burundi en cinq périodes
Il existe une grande lacune dans la connaissance de l'Histoire de l'Eglise du Burundi surtout parmi la jeune génération des chrétiens/serviteurs de Dieu. Cela ne va pas sans graves conséquences sur nos approches ministérielles en général mais plus en particulier sur le sens d’appartenir à un peuple de Dieu historique qui dans ses chutes et victoires et bassesses et gloires, faiblesses et forces, demeure le résultat d’une œuvre de grâce de Dieu dans les vies des gens imparfaits. Nous sommes le fruit de cette Eglise que Dieu est venu chercher à travers la première flamme de passion qu’il alluma dans le cœur du premier missionnaire. Nos ministères et églises sont le résultat des efforts infatigables et sacrificiels des hommes et femmes de Dieu que l’Histoire a facilement oublié mais qui comptent pour Dieu. Je regarde le passé de cette Eglise avec discernement mais aussi avec beaucoup d‘humilité. Je contemple son avenir avec réalisme mais aussi avec beaucoup de foi et espérance.
Dans cette série d’articles, en soi sommaires, nous allons parcourir son histoire en 5 périodes importantes :
J’ai rencontré Dr Emmanuel Ndikumana en 2009. Il a vite remarqué que j’étais un revivaliste. Il m’a posé une question sur l’Histoire de East African Revival et j’ai affiché mon ignorance. Il a ensuite laissé échapper un léger sourire puis s’est ressaisi et avec un ton encourageant il m’a dit: quand je suis allé étudier en Angleterre, un de mes professeurs a eu la présomption de croire que je connaissais l’Histoire de East African Revival et fut déçu. N’est-il pas honteux de rencontrer un étranger qui connaît votre histoire mieux que vous ? » Comment savoir si notre version de l’Histoire est objective si nous l’apprenons des gens à qui elle n’appartient pas. Me suis-je demandé. Une étincelle de connaitre l’Histoire de l’Eglise de mon pays était née.
Je pense que j’ai écrit sur cette série pour payer ma dette.
J’ai également écrit en tant que Pasteur qui avant tout réfléchit sur notre patrimoine de la foi biblique, son sillage et ses contours.
J’ai également écrit en Amateur de l’Histoire. Je sais que tant de choses se sont passées entre les grandes lignes que j’ai tracées. J’espère que d’autres personnes plus compétentes que moi viendront, creuseront davantage et rempliront les vides.
J’ai aussi écrit en tant que Parent. Je ne sais pas ce que Dieu réserve pour mes enfants mais j’écris tant de choses pour Thaïs Garden et Deuel Trésor et ceux de leur génération pour qu’en grandissant tout cela puisse façonner leur sens d’identité, leur sens d’appartenance et les préparer à mieux répondre à l’appel de servir leur génération.
J’ai sommairement survolé presque un siècle d’Histoire de l’Eglise du Burundi. Le peu qui a été déjà écrit sur cette Histoire suit une lecture contre laquelle j’émets quelques réserves. Ici je propose une lecture plus ou moins personnelle et j’espère que mes enfants y trouveront une alternative nécessaire.
Après avoir lu tous les articles précédents, j’imagine que mon lecteur se pose désespérément cette question : Y a-t-il de l’espoir pour l’Eglise du Burundi ?
Franchement, il m’arrive de penser que nous vivons la pire période de notre courte Histoire de l’Eglise et que si rien n’est fait nous dépassons le stade déclin vers celui de la disparition d’un christianisme biblique. J’aimerais brièvement mentionner cinq choses qui peuvent contribuer à raviver sa flamme mourante.
PRECHER FIDELEMENT ET CONSTAMMENT L’EVANGILE DE CHRIST
D.A Carson est réputé pour avoir souvent fait remarquer que si l’Evangile est confus pour une génération donnée, la suivante le rejettera : Perdre l’Evangile n’arrive pas tout d’un coup. C’est beaucoup plus comme un processus de 4 générations :
L’Evangile EST accepté—> 2. L’Evangile est présumé—> 3. L’Evangile est confus —> 4. L’Evangile est perdu.” Vous pouvez juger vous-même où nous en sommes sur la trajectoire !
Nous ne devons jamais présumer que l’Evangile est clair pour tout le monde et penser qu’il est temps de commencer à nous concentrer sur d’autres aspects moins primordiaux.
D.A Carson nous offre Sa sagesse :
« Peut-être plus courante encore est la tendance à présumer l’Evangile, quel qu’il soit, tout en consacrant énergie créatrice et passion à d’autres questions…Si l’évangile est simplement présumé, alors que des problèmes relativement périphériques enflamment notre passion, nous formerons une nouvelle génération qui minimise l’Evangile et concentre son zèle sur les choses périphériques[1]
Nous devons décider où nous allons concentrer notre énergie. Dans le contexte comme le nôtre où il reste tellement à faire dans la consolidation de l’Evangile, nous devons répondre honnêtement à cette question de D.A Carson
« Qu’est-ce qui vous excite le plus dans la foi chrétienne ? … Aujourd’hui, il existe d’innombrables sous-groupes de chrétiens confessant qui investissent énormément de temps et d’énergie à une question ou une autre : l’avortement, la pornographie, l’enseignement à domicile, l’ordination des femmes (pour ou contre), la justice sociale, un certain style d’adoration, la défense d’une version particulière de la Bible…Je ne suggère en aucun cas que nous ne devrions pas penser à de telles questions…Mais lorsque de telles questions dévorent la majeure partie de notre temps et de notre passion, chacun de nous doit se demander : De quelle manière est-ce que je confesse la centralité de l’Évangile ? »[2]
Sommes-nous entrain de rendre tellement explicite l’Evangile dans tout ce que nous faisons, de façon que la future génération n’ait pas de trouble dans sa définition et pertinence quand ils grandiront ? J’aime confronter à moi-même ce genre d’exhortations.
« Dans nos discours, nos conversations, et certainement nos prédications, nous devons rendre l’Évangile explicite, au risque de mal communiquer un faux Évangile. Nous devons rendre explicite la vie parfaite de Jésus et sa mort substitutionnelle. Nous devons rendre aussi explicite les conséquences de nos péchés et le prix que Dieu a payé pour eux. Nous devons également rendre explicite l’appel aux pécheurs à se détourner de leurs péchés et à faire confiance à Jésus. Enfin, nous devons rendre explicite que tous les avantages du salut et de l’éternité ne sont donnés que parce que nous avons été adoptés par Dieu et que nous sommes devenus héritiers à cause de Jésus. Rendez explicite l’Évangile. Ne présumez pas que les gens d’église le comprennent. Soyez Clair à tout moment et à chaque fois. »[3]
DEMONTRER LA PUISSANCE DE L’EVANGILE
Si le mot puissance a été longtemps abusé, ce n’est pas pour autant une raison de le rayer de notre vocabulaire, ni le mettre en retraite pour le remplacer par un autre mot moins violent, moins controversé. Nous ne gagnerons pas cette bataille en nous présentant sur cette arène avec seulement de l’élocution théologique. D’un côté la confusion qui règne nous oblige à redéfinir l’Evangile dans ce contexte. Mais plusieurs s’arrêtent juste là. Nous avons aussi besoin de la démonstration de la puissance de cet Evangile. Dans au moins deux domaines :
La sanctification : s’efforcer de présenter l’Evangile fidèlement ne suffit pas. Si nos vies n’affichent pas la beauté de la sainteté de Dieu dans nos vies. Nous avons besoin d’un réel réveil de sainteté. Voilà pourquoi un seul siècle après la réforme, l’Allemagne n’allait pas mieux qu’avant. Les gens confessaient les vérités cardinales de l’Evangile mais leurs vies demeuraient inchangées. Bien que le piétisme tout comme le puritanisme soient des mots traités avec mépris par certains, ils ont été une grande bénédiction pendant un moment de crise spirituelle où la doctrine de l’Église restait vraie, mais la vie de l’Église et de ses membres étant défaillante.
Le ministère. C’est ici que nous divergeons avec certaines personnes avec qui nous avons le même engagement en l’Evangile. Beaucoup croient en la puissance de l’Evangile seulement dans le sens d’une vie transformée. Ils clament haut et fort et avec raison que l'Évangile est intrinsèquement puissant, apportant changement spirituel, et sanctification. A cela je dis AMEN. Ils insistent sur le pouvoir transformateur de l'Évangile apportant du fruit spirituel dans la vie des croyants mais omettent la démonstration surnaturelle de cette puissance dans le ministère.
Certains adhèrent à une théologie qui ne les permet pas de croire en la continuité de tous les dons spirituels, y compris la guérison et la prophétie, comme partie intégrante de la vie et du ministère chrétiens. Ils ne peuvent pas croire que l'Évangile devait être manifesté par la puissance surnaturelle de Dieu, y compris des signes et des prodiges miraculeux.
Leurs enseignements manquent cruellement l'accent sur l'aspect expérientiel de la foi et la démonstration tangible de la puissance de Dieu.
Mais pire encore d’autres adhèrent intellectuellement à une théologie continuationiste des dons spirituels mais en pratique ils ne cherchent pas activement à voir Dieu se manifester dans toute sa puissance. Ils sont trop prudents quant à la demontration manifeste des dons surnaturels, et ne prennent presque jamais des risques pour mettre en pratique ce en quoi ils croient. Dieu ne peut pas faire grand-chose avec de telles personnes.
S’ENGAGER DANS LES MISSIONS
Les missions ne sont pas facultatives. C’est un impératif divin qui ne peut pas attendre. Pour certains, il faut attendre qu’un mouvement soit de réforme doctrinale ou de réveil spirituel batte son plein pour faire les missions. Mais les missions ne sont pas un luxe spirituel mais font partie de notre identité en tant qu’Eglise. William Carey n’est pas devenu le père des missions modernes en flottant sur un puissant réveil britannique, il s’est levé et allé vers les nations alors que l’Eglise s’endormait spirituellement. Au début ils se sont même levés contre lui mais il a persévéré.
Une des belles choses à propos des missions globales est que ça élargit la perspective d'une Église, approfondit sa compréhension de l'œuvre de Dieu et peut revitaliser un ministère local. Cela permet également à la prochaine génération d'adopter une vision mondiale et de répondre aux besoins d'un monde diversifié.
Je remarque un nombrilisme dégoutant dans nos initiatives de church planting et seul un réveil missionnaire peut briser cela.
Nous devons nous associer à des ministères qui touchent les populations non atteintes et accomplissent la Grande Mission. Mais nous devons surtout développer notre façon africaine et burundaise de faire les missions en vue de ne pas tomber dans de vieux paradigmes occidentaux qui nous placent de nouveau sous la dépendance.
Nous devons habituer nos membres à l'immensité du royaume de Dieu et la diversité des besoins du monde. Nous devons élever à notre tour une génération qui veut avoir un impact sur le monde, qui au-delà de l’évangélisation locale rêvent plutôt diffuser activement l’Évangile à ceux qui ne l’ont pas jamais entendu. Sinon ce nombrilisme va nous tuer.
PRIER DANS L’UNITE
L’unité dans la prière commune a toujours joué un rôle crucial dans les réveils passés, précédant et accompagnant souvent les réveils spirituels. Les saints priant ensemble avec ferveur ont vu Dieu agir, apportant renouveau et transformation au sein de l'Église et de la société. Voici quelques des citations de Jonathan Edwards qui fut puissamment utilisé par Dieu dans le SECONG GRAND REVEIL
Voici une liste de quelques réveils historiques bien connus qui ont été précédés et caractérisées par la prière. Et c’est par cette prière unie de Lausanne mouvement qui rassemble des serviteurs évangéliques venus du monde entier, que nous clôturons cette série d’articles sur l’Histoire de l’Eglise du Burundi.
Seigneur, tu nous as dit de demander au Père d'envoyer des ouvriers pour la moisson. Veuille raviver notre passion pour l'Évangile et insuffler un sentiment d'urgence dans nos églises. Puissions-nous prêcher clairement ta voie du salut aujourd'hui, afin que beaucoup puissent te voir, croire et placer leur confiance en toi. Mobilise-nous en tant que mouvement missionnaire renouvelé, là où nous vivons et en allant vers chaque tribu et chaque langue.
Glorifions-toi, Père céleste, en proclamant notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, dans la prière et la dépendance du Saint-Esprit, afin que chacun entende ton appel à la repentance. Puissions-nous te faire confiance et te servir seul, dans l'unité et l'amour, et être établis dans la communion de tes disciples en attendant ton retour.
Assure-nous à nouveau, Seigneur, de ton amour par ta Parole et pousse-nous à une compassion sacrificielle pour les derniers, les plus petits et les perdus du monde entier. Convaincs-nous d'une nouvelle vision d'un leadership humble et christique pour le monde d'aujourd'hui, avec des églises marquées par une culture de formation de disciples, afin que la multiplication et l'implantation d'églises selon Dieu soient mobilisées pour chaque peuple et en tout lieu. Que ton règne vienne sur terre comme au ciel, et qu'il ait un impact sur toutes les sphères de la société.
Saint-Esprit, ravive-nous à nouveau. Reviens à nous comme tu es venu dans cette première salle de prière à Jérusalem, afin que nous puissions quitter nos réunions pour aller dans la rue avec un courage nouveau pour proclamer et afficher la bonne nouvelle de ton amour en Jésus, afin que des milliers de personnes puissent te rencontrer comme leur Sauveur et Seigneur ressuscité, Jésus-Christ. Amen
****
[2] D.A. Carson. Basics for Believers: An Exposition of Philippians. Grand Rapids, MI: Baker Academic, a division of Baker Publishing, 1996. pp. 22-28.
[3] Article ici
NIKIZA Jean-Apôtre est né de nouveau en 1997 et appelé au ministère en 2005. Il est pasteur, enseignant, conférencier et écrivain. Il est fondateur du blog Sa Bannière depuis 2018, du mouvement biblique Green Pastures depuis 2015 et co-fondateur de Little Flock Ministries. Il est passionné par la spiritualité chrétienne et le renouveau de l’Eglise. Marié à Arielle Trésor NIKIZA, ensemble ils sont pionniers du mouvement des Hédonistes chrétiens au Burundi. Ils ont deux enfants : NIKIZA Thaïs Garden et REMESHA Nik-Deuel Trésor. NIKIZA Jean-Apôtre est aussi connu pour être un lecteur assidu des livres. Les grandes influences qui ont façonné sa vie et le ministère sont: Martyn Lloyd Jones, John Piper et A.W Tozer. Ses passe-temps sont : la musique, le basketball, les films et un bon sommeil.
L’adoration dans nos cultes
Si un mouvement ne chante pas, il meurt.
Le plus beau rêve ou le pire cauchemar ?
C’était en 2015, je venais de me réveiller en sursaut à trois heures du matin après un horrible rêve ! Je rêvais qu’un de mes êtres les plus chers était en procès et que la sentence était tombée … Il allait être exécuté.
Qui était David Ndaruhutse ?
Qui était David NDARUHUTSE? Quelles étaient ses origines ? Quelles ont été ses accomplissements durant sa courte durée dans le ministère ? Que sont devenus sa famille et son ministère ? Son Fils Peter NDARUHUTSE nous raconte.
La gloire de Dieu est mon trésor
Les saintes écritures nous exposent du début à la fin un Dieu, qui, dans Sa parfaite intelligence et selon le conseil de Sa parfaite volonté, bénit toute la création à partir de Sa gloire. Il a fait de sorte que toute joie réelle et durable passe par Sa gloire.
Quand lire la Bible devient une dure corvée
Soyons honnêtes, il nous est tous déjà arrivés de trouver la Bible ennuyeuse, au moins certaines de ses parties. Il nous est déjà arrivés de nous demander à quoi certains passages riment vraiment et pourquoi ont-ils été insérés dans un livre saint dont la lecture est sensée nous apporter tant d’excitation et de passion !