Je pense que l’article ne fait pas justice à cet homme de Dieu dont le ministère a duré un demi-siècle.
J’ai lu avec intérêt l’article du pasteur NIKIZA, intitulé, « Mon adulation modeste pour John MacArthur : Réflexion sur l’effet des failles du ministère de John MacArthur sur l’avenir du mouvement réformé au Burundi », quelques minutes après sa publication poussée par ma curiosité d’être informé. Étant donné que le Pasteur NIKIZA Jean Apôtre est un ami de longue date, j’ai pensé l’appeler immédiatement, mais je ne l’ai finalement pas fait. Mais aujourd’hui, je ressens le devoir de le faire, par écrit.
Je tiens à saluer l’œuvre de mon ami Apôtre. Il aime l’Église du Burundi et donne le meilleur de lui-même pour contribuer à sa croissance. Dans un contexte burundais marqué par la tradition orale, il fait partie des rares personnes qui prennent la plume pour former et informer et faire réfléchir les chrétiens sur l’état du christianisme au Burundi et dans le monde. Que l’on adhère ou non à ses positions, ses articles nous offrent l’occasion de réfléchir, de discuter, et de voir les choses sous un autre angle.
Je dois aussi préciser que mon intention n’est pas d’attaquer Pasteur Apôtre, ni de le juger pour avoir manqué de respect envers un défunt. Vous savez qu’au Burundi, il est culturellement tabou de parler en mal d’une personne décédée, de peur que son esprit ne revienne se venger. En tant que chrétien, je ne pense pas qu’une personne devienne un ange après la mort.
Si je réagis, c’est aussi parce que plusieurs de mes amis me l’ont demandé. Certains, sachant que Pasteur Apôtre est proche de moi, m’ont appelé, estimant que l’article ne fait pas justice à John MacArthur. D’autres me l’ont partagé en soulignant que, selon eux, Apôtre avait osé dire une vérité que peu osent exprimer.
Personnellement, je n’ai jamais été un disciple ni un fan de MacArthur. Mais je pense que l’article ne fait pas justice à cet homme de Dieu dont le ministère a duré un demi-siècle. Alors que l’auteur prétend analyser son « héritage entaché », on ne voit pratiquement rien de son véritable héritage spirituel ou de son œuvre. L’article se concentre exclusivement sur des critiques, des failles, et ignore volontairement tout ce que ce serviteur de Dieu a apporté à l’Église. L’article reconnaît que MacArthur a contribué à la consolidation de l’Évangile, mais il ne présente aucune contribution positive de sa part.
Il affirme que les médias et l’Internet ont favorisé la redécouverte de la théologie calviniste réformée présente au Burundi depuis l’arrivée des missionnaires, et il admet que MacArthur est l’une des figures qui ont influencé les premiers propagateurs de cette théologie. Mais lorsqu’il parle de ceux qui ont été influencés par MacArthur, il les décrit comme « totalement obsédés par ce pasteur californien. » L’article va jusqu’à qualifier les Burundais qui apprécient le ministère de John MacArthur de « fans aveugles » ou de « partisans immatures ». Une telle généralisation est non seulement insultante, mais aussi inutilement provocatrice. Ce genre de langage ne favorise ni le dialogue, ni la réflexion théologique. Il est possible que l’auteur n’ait pas pris le temps de prier, ni de s’examiner lui-même et évaluer ses propres motivations avant d’écrire cet article manifestement rempli d’amertume.
Pasteur Apôtre va même plus loin jusqu’à rabaisser MacArthur au niveau des jeunes pasteurs du mouvement réformé au Burundi : « John MacArthur était un arriviste comme nous tous. » J’imagine que le pronom « nous » désigne les jeunes pasteurs du mouvement réformé burundais. Il consacre tout un paragraphe à souligner que Macarthur ne possède pas de diplôme académique, dans l’intention apparente de discréditer son influence selon moi.
Mais dans l’histoire de l’Église, nous connaissons de grands théologiens et prédicateurs qui ont marqué leur époque sans diplôme académique : Tozer, Spurgeon, John Stott, et d’autres encore. D’ailleurs, Pasteur Apôtre lui-même n’a pas de grade académique, et pourtant il contribue plus que bien des docteurs à l’édification de l’Église au Burundi. Devrait-on le discréditer pour cela ? Ce serait faire preuve d’ingratitude envers Dieu, qui nous l’a donné comme une bénédiction.
Dans cet article, Pasteur Apôtre passe plus de la moitié de son propos à exposer les failles du ministère de MacArthur, sans mentionner une seule de ses contributions positives. Cela me pousse à me demander : pourquoi une telle amertume envers Macarthur ? Je lui ai posé la question avant même la rédaction de cet article : « Mbega MacArthur mupfa iki ? » Il m’a répondu que la réponse se trouvait dans l’article.
Je ne suis pas l’avocat de MacArthur. Mais selon moi, les « failles » que Pasteur Apôtre lui reproche sont en réalité des différences de convictions théologiques.
Le Pasteur affirme que MacArthur « ne comprend pas » que le mot charismatique couvre un large spectre, avec des nuances importantes. Cette critique est non seulement exagérée, mais aussi injustifiée. Dans son livre Strange Fire, MacArthur consacre tout un chapitre à ses amis continuationnistes (Chap.12). Ce chapitre intitulé Lettre ouverte à mes amis continuationnistes montre qu’il reconnaît clairement qu’il existe des Evangeliques continuationnistes qui sont fidèles à l’Évangile. Il a toujours témoigné du respect envers des hommes comme John Piper, qu’il a même invité à ses conférences (par exemple Shepherds' Conference). Ces faits démontrent une compréhension plus nuancée que ne le laisse entendre l’article. Je ne soutiens pas toutes ses positions théologiques, mais je reconnais qu’il s’agit là de points secondaires, qui ne devraient pas être qualifiés de « failles », comme le fait Apôtre.
Je me demande alors pourquoi John Piper dont le pasteur Apôtre, qui selon Apôtre aurait subi des « attaques » de la part de MacArthur, a pu parler de l’héritage de MacArthur de manière aussi positive et s’asseoir avec lui dans un respect mutuel :
« Plus je connaissais John MacArthur, plus je l’aimais. Mon admiration s’est transformée en affection. » John Piper[1]
Pourquoi le Pasteur Apôtre n’aurait-il pas agi comme John Piper, qui, bien qu’ayant été parfois critiqué par MacArthur, a su lui témoigner du respect?
« Plus je connaissais John MacArthur, plus je l'aimais. L'admiration se transformait en affection. » A-t-il récemment dit dans son article d’hommage.
Je n’aime pas le style de prédication de John MacArthur. En tant que disciple de John Stott, son approche me met parfois mal à l’aise. Cependant, je reconnais que son style textuel, souvent d longs sermons, a aidé beaucoup de croyants à apprécier la richesse et la profondeur des Écritures. Comme l’a dit Franklin Graham dans un hommage : « Il pouvait tirer plus d’un verset biblique que quiconque que je n’aie jamais connu. Sa voix manquera énormément ».[2]
Il est aussi important de noter que MacArthur ne se limitait pas à un seul style de prédication. Il a également prêché des séries thématiques. Par exemple, pendant une période de deuil récente, la plateforme Grace to You a rediffusé une série d’enseignements qu’il avait donnés sur le thème du ciel. Cela démontre qu’il savait adapter son approche aux besoins spirituels de l’Église.
Sur l’accusation de silence face au racisme
Il est théologiquement irresponsable de tirer des conclusions à partir du silence d’un texte ou d’une personne. Ce n’est pas parce que Jésus ne s’est pas marié que le mariage devient non biblique. De même, on ne peut accuser quelqu’un de soutenir le racisme simplement parce qu’il ne s’est pas publiquement exprimé à ce sujet. Ce type d’argumentation manque de rigueur et de charité chrétienne.
Par ailleurs, la question de l’engagement social demeure encore débatable au sein du monde évangélique. Si John MacArthur adopte une position réservée sur ce point, le Pasteur Apôtre aurait dû reconnaître qu’il s’agit d’une position qui existe peut-être moins convainquant théologiquement, mais qu’il serait injuste de le qualifier de faille théologique selon mon avis.
Je pense que Pasteur Apôtre n’est pas mieux placé pour critiquer de la vie MacArthur. Il n’a pas vécu avec lui, ni fait partie de son église. Il parle d’un homme qu’il connaît à distance, à travers des livres, des écris en ligne et les réseaux sociaux. Il aurait pu le préciser dans son article que ce qu’il écrit n’est que « humble opinion » d’une personne avec une connaissance limitée.
Quand on écoute les témoignages de ceux qui ont travaillé ou vécu avec MacArthur, ils confirment qu’il était un homme de Dieu, avec ses imperfections comme tout être humain. Ceux qui le connaissent de près, ses collaborateurs, ses collègues, les membres de Grace Community Church témoignent régulièrement de sa sobriété, de sa sagesse et de sa générosité[3]. Il est irresponsable de fonder de telles accusations sur des rumeurs ou des sources non vérifiées. Jusqu’à présent, personne ne connaît avec certitude le pourcentage que John Macarthur donnait de ses revenus. D’ailleurs, certaines personnes peuvent donner jusqu’à 80 % de leurs revenus et continuer à vivre dans l’abondance. Est-ce un péché de s’acheter une villa ? L’apôtre Paul recommande clairement dans 1 Timothée 5 :19 de ne pas accepter d’accusation contre un ancien sans la déposition de plusieurs témoins fiables.
J’écris aussi ici sur la base du témoignage d’une personne que j’ai rencontré ce dimanche, et qui a été membre de son église de MacArthur pendant plus de 20 ans et participant dans ses conférences.
Je profite de cette occasion pour faire un clin d’œil à tous ceux qui croient connaître une figure publique à travers ses livres ou ses vidéos à rester prudents. Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, ce sont ceux qui vivent et servent avec une personne qui la connaissent réellement. Prenons leurs enseignements, et leurs critiques, avec discernement.
Dans son article, Pasteur Apôtre emploie un langage général, affirmatif, sans réserve, comme s’il énonçait une vérité universelle. Il écrit :
« Vient de mourir un homme ayant contribué à la consolidation de l’Évangile, mais dont les imperfections qui s’y ajoutaient le disqualifient pour être mon modèle pour le ministère, des imperfections qui devraient être évitées par la petite communauté naissante des réformés au Burundi. »
Il aurait pu nuancer son propos en disant « selon moi », et non pas l’énoncer comme une vérité absolue.
Un autre point m’a dérangé: il a montré plus de respect envers Jimmy Swaggart, dont les péchés et scandales étaient publics, qu’envers MacArthur. Il aurait dû faire preuve d’équité envers les deux. Malheureusement je remarque que ce manque de proportion dans ses articles qui parlent des individus et de leurs ministères s’est déjà produit plus d’une fois dans d’autres articles. Un jour, il a manqué d’équité envers Israël Mbonyi et le pasteur Chris Ndikumana. À mon avis, ces deux hommes attirent des foules, mais leur contenu théologique est faible. Pourtant, il a été respectueux envers Chris, mais sévère envers Israël.
En conclusion, je veux faire l’effort de comprendre la motivation derrière l’article de Pasteur Apôtre. Je pense qu’il aurait voulu avertir les fans de MacArthur de ne pas le suivre aveuglément, car il n’était pas un ange et avait plus d’expérience qu’eux. Moi aussi, je suis mal à l’aise quand je vois des gens copier MacArthur comme s’il était Christ.
Si telle était son intention, je crois malheureusement qu’il a manqué son objectif, car l’article n’est pas équilibré. À sa lecture, on perçoit plutôt une décharge émotionnelle de quelqu’un qui aurait nourri de l’amertume contre MacArthur depuis longtemps. Il semble que l’article a l’objectif de nuire à sa réputation. Au lieu de procéder à une analyse équilibrée, le Pasteur Apôtre semble avoir sélectionné uniquement des éléments susceptibles de ternir son image. Un vrai travail critique doit savoir reconnaître à la fois les forces et les faiblesses d’un ministère. Il est possible de ne pas être d’accord avec John MacArthur sur certains points, sans pour autant sombrer dans la caricature ou la diffamation.
Prions que la vérité, la grâce et l’amour de Christ guident toutes nos prises de parole, même lorsqu’elles sont critiques. Je peux me tromper – ce ne sont que mes impressions personnelles après lecture.
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[1] Interview ici
[2] Publié par Franklin Graham sur son compte X le 15/7/2025
[3] Article ici
Janvier Ndikubakuru est un mari dévoué au Dr Benigne NIYONGERE et un père fier de trois merveilleux fils.
Avec un arrière plan d'implication active dans IFES Burundi ainsi que Langham preaching, sa passion pour la prédication par exposition n'a fait que grandir. Son passé dans le ministère pastoral au sein de l'Eglise Evangélique ses Amis n'a fait qu'attiser son appel pour le pastorat.
Il est titulaire d’un Master en Études Bibliques (MDiv) obtenu à Negest et poursuit actuellement un Doctorat en Ministère (DMin) dans le même établissement, à Nairobi. Il exerce son ministère pastoral dans une Église Baptiste Réformée à Kericho, au sud du Kenya. Il a un intérêt accentué pour la lecture des livres.
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